Attentat de Nice : pourquoi la droite fait voler en éclats l'unité nationale

Publié le 18 juillet 2016 à 17h30
Attentat de Nice : pourquoi la droite fait voler en éclats l'unité nationale

POLEMIQUE POST-ATTENTAT - Depuis l'attentat de Nice, le 14 juillet au soir, l'opposition ne retient plus ses coups contre un gouvernement accusé de n'en avoir pas fait assez contre le terrorisme. Si les critiques perlaient depuis le 13 novembre, voire depuis l'attaque de Charlie Hebdo, la droite a passé un cap contre l'exécutif. Dans quel but ?

Pour une fois, ce n'est pas Nicolas Sarkozy, mais Alain Juppé qui a tiré le premier. Dès vendredi, soit quelques heures à peine après le drame de Nice qui a fait 84 morts, l'ancien Premier ministre créait la polémique en s'en prenant sans filtre à la responsabilité du gouvernement. "Si tous les moyens avaient été pris, le drame n'aurait pas eu lieu", a-t-il lancé sur RTL.

Nicolas Sarkozy, lui, a préféré prendre le temps du recueillement. Avant, toutefois, de dégainer à son tour  dimanche soir sur TF1 . "Il y a des choses qu'on aurait dû faire", a martelé l'ex-Président, venu en plateau avec ses propres propositions. Autour de lui, chez Les Républicains, l'esprit de "concorde" ou "d'unité national" vanté lors de l'attentat de janvier 2015 contre Charlie Hebdo n'est plus qu'un lointain souvenir. Pendant que le porte-parole LR Guillaume Larrivé dénonçait un "état d'urgence virtuel", le député Eric Ciotti polémiquait sur l'ouverture d'une "mosquée salafiste" avec l'accord du préfet du département. Et l'ex-maire de Nice, Christian Estrosi, dénonçait le manque de moyens sécuritaires alloués à sa ville pour le 14 juillet.

Chez Les Républicains, Frédéric Lefebvre apparaît finalement comme le seul candidat à la primaire de droite à rejeter la polémique.

Sur la défensive, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ont riposté lundi, affirmant "qu'aucun gouvernement n’a fait autant jusqu’à présent pour lutter contre le terrorisme". Ils ont également appelé la classe politique à retrouver l'esprit de "l'unité nationale". Trop tard ?

Le terrorisme, premier enjeu électoral pour 2017

L'attentat meurtrier de Nice intervient dans un calendrier politique désormais tourné, à gauche comme à droite, vers l'échéance de 2017. En premier lieu pour les candidats à la primaire de la droite, qui seront départagés en novembre 2016. Dans cette campagne, le thème prioritaire est clairement assumé. "L'unité nationale n'est indispensable que si elle est efficace", a ainsi exposé au  Monde  Eric Ciotti, proche de Nicolas Sarkozy. "La prochaine élection présidentielle se jouera sur la façon de protéger les Français, et sur la capacité à être un chef de guerre. Cette question sera essentielle, bien avant celle du chômage."

Le débat sur la sécurité du pays "va se durcir au fur et à mesure que l'on se rapprochera de l'élection présidentielle", pronostique aussi Thierry Saussez, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, sollicité par metronews. "Sur ce plan, Alain Juppé a peut-être un rattrapage à effectuer. Le gouvernement, lui, a tout intérêt à jouer la carte de l'unité nationale au moment où il perd la confiance des Français."

Le "débat démocratique" a repris le dessus

L'appel à l'unité politique, marqué en janvier 2015 par la grande manifestation transpartisane à Paris, puis en novembre 2015 lors du Congrès de Versailles, ne semble plus d'actualité. Les longs débats sur la déchéance de nationalité ont habitué les parlementaires à se saisir du thème de la sécurité intérieure. Pour le politologue Thomas Guénolé, c'est surtout la création de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 (que Nicolas Sarkozy a réclamée en premier) qui a "brisé un tabou". "Le rapport de Georges Fenech (LR) a libéré la parole politique sur les défaillances et les problèmes d'organisation dans les services de police et de renseignement", explique-t-il à metronews. "Donc les ténors de la droite ont à la fois la légitimité et les arguments pour attaquer le gouvernement sur son bilan antiterroriste."

Un point de vue partagé par Thierry Saussez, pour qui cette "polémique" relève finalement du débat réclamé par les Français. Reste à déterminer le bon "équilibre", entre le moment du recueillement et celui de l'offensive. Conclusion de l'ex-conseil présidentiel : "Cela rend la parole politique très compliquée en ce moment…"

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Vincent MICHELON

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