Par le biais de son ministre de l'Intérieur, Emmanuel Macron s'est dit prêt "à aller jusqu'à l'autonomie" de la Corse.Une déclaration opportuniste et électoraliste, selon ses adversaires à l'élection présidentielle, qui affichent de profondes divergences sur le niveau d'autonomie à accorder, ou non, à l'île.
Accorder plus d'autonomie ou l'autonomie totale à la Corse. Le gouvernement a rouvert le débat, le 16 mars, après que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est dit prêt, la veille, "à aller jusqu'à l'autonomie", alors que la collectivité connaissait depuis plusieurs jours de violentes manifestations consécutives à l'agression en prison, le 2 mars, d'Yvan Colonna, décédé à peine trois semaines plus tard, lundi 21 mars.
Une prise de position jugée électoraliste qui a fait réagir les adversaires d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle. Tous affichent de profondes divergences sur le niveau d'autonomie qu'il faut accorder à l'île sous pression des nationalistes.
"Ça fait des mois que nous défendons l'idée d'une autonomie de plein droit, de plein exercice en Corse", a réagi l'écologiste Yannick Jadot. "Ce qui est terrible, c'est qu'il faut un drame, comme d'habitude avec ce quinquennat, pour commencer à entrevoir des solutions", a-t-il estimé sur France 2. "Vous savez, les écologistes sont des régionalistes, et particulièrement pour la Corse, il y a besoin aujourd'hui de construire une relation forte, une relation apaisée (avec) l'État français, (...) et ça passe par un statut d'autonomie de plein droit, de plein exercice", avait-il expliqué en janvier dernier, en marge d'un déplacement en Corse.
Mélenchon pour appliquer l'article 74 de la Constitution
Jean-Luc Mélenchon a, lui, rappelé dans un tweet qu'il était pour appliquer l'article 74 de la Constitution, qui est déjà le statut de la Polynésie française. Il est d'accord pour appliquer cet article consacrant le principe de spécialité législative et d'autonomie des collectivités d'outre-mer aux territoires "insulaires et éloignés".
"Nous sommes pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", a, pour sa part, expliqué le candidat du NPA, Philippe Poutou, plaidant pour la "reconnaissance d'un statut, d'une langue, d'une culture et du droit pour ces populations de pratiquer leur culture au quotidien et de s'organiser comme elles le souhaitent".
Toujours à gauche, la socialiste Anne Hidalgo s'est prononcée pour une "autonomie législative" de l'île. "Cette crise, comme les autres, n'est pas gérée. On attend plus de dix jours pour qu'un ministre du gouvernement se rende en Corse pour essayer de rétablir le dialogue et de stopper ces violences qui ne sont pas acceptables", a-t-elle estimé sur Europe 1.
Le communiste Fabien Roussel, de son côté, s'est dit "contre l'autonomie de la Corse", estimant que ce n'était pas cela qui allait "remplir le frigo des Corses". "Ce dont souffre la Corse, c'est d'une vie chère, encore plus chère qu'en métropole", a-t-il lancé sur RMC.
L'extrême droite rejette toute idée d'autonomie
À droite, la candidate LR, Valérie Pécresse, a une position moins tranchée. Celle qui a accusé Emmanuel Macron de "céder à la violence" et estimé qu'il fallait "ramener l'ordre en Corse avant d'entamer les négociations", avait affirmé, début février, ne pas avoir de "tabou" concernant un statut d'autonomie dans le cadre d'"une République des territoires" en fixant des "lignes rouges" (co-officialité de la langue et statut de résident, pourtant défendus par les nationalistes).
À l'extrême droite, on rejette toute idée d'autonomie. La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, a tweeté que "passer de l'assassinat d'un préfet à la promesse d'autonomie, peut-il exister un message plus catastrophique ? Je refuse que le clientélisme cynique d'Emmanuel Macron brise l'intégrité du territoire français : la Corse doit rester française".
Éric Zemmour, lui, a dénoncé, dans un communiqué titré "la Corse est grande quand elle est Corse au sein d'une France forte", une "basse manœuvre électoraliste". "Avec moi, la France redeviendra grande, la Corse redeviendra fière de son identité corse : la Corse restera corse au sein d’une France forte", a écrit l'ancien polémiste.