Avec quel bilan écologique Elisabeth Borne arrive-t-elle à Matignon ?

Publié le 17 mai 2022 à 13h53

Source : JT 20h Semaine

En tant que Première ministre, elle sera chargée de la "planification écologique" du quinquennat.
Mais en la matière, avec quel bilan Elisabeth Borne, qui fut un an ministre de la Transition écologique, arrive-t-elle à Matignon ?

Le 16 avril 2022 lors d’un meeting à Marseille tenu entre les deux tours de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait indiqué que son Premier ministre serait "directement chargé de la planification écologique" afin d’aller "deux fois plus vite" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En nommant Elisabeth Borne Première ministre, le chef de l'État espère bénéficier de son expérience au sein du cabinet de la ministre de l'Écologie Ségolène Royal, en 2014 et 2015, et de son passage à la Transition écologique, entre juillet 2019 et juillet 2020. Mais avec quel bilan et crédibilité dans ce domaine Elisabeth Borne arrive-t-elle à Matignon ?

À sa nomination au ministère de la Transition écologique, Elisabeth Borne poursuit la défense, au Parlement, du projet de loi énergie-climat lancé par son prédécesseur François de Rugy. Le texte actualise les objectifs de la politique énergétique de la France, notamment en prévoyant d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2030, contre 30% précédemment, et la fermeture des dernières centrales à charbon en 2022. Il décale de 2025 à 2035 la réduction à 50% de la part du nucléaire dans la production électrique.

Fin juin 2020, Elisabeth Borne mène à terme la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, tout en réfléchissant depuis plusieurs mois à la construction de nouveaux EPR. En septembre 2019, elle écrit au PDG d'EDF pour lui demander d'analyser les forces et faiblesses de la filière nucléaire, évoquant en hypothèse de travail la construction de six nouveaux EPR. "L'enjeu, c'est de proposer une électricité décarbonée, à un prix abordable pour tous les Français. Il y a différents scénarios, avec des nouveaux réacteurs, c'est celui qu'étudie EDF (...) Je vous confirme que c'est un scénario parmi d'autres, on a également à l'étude des scénarios 100% énergies renouvelables", explique-t-elle.

Favorable au crime d'"écocide"

Pendant la Convention citoyenne pour le climat, Elisabeth Borne a réservé un accueil favorable à la proposition d'introduire dans le droit français un crime d'"écocide". "Ça ne sert à rien de voter des lois, de prendre des décrets si ces textes ne sont pas respectés. Je suis favorable très clairement à renforcer les sanctions contre les atteintes à l'environnement et à avoir des juges spécialisés", avait-elle affirmé. Elle s'était également prononcé en faveur d'un référendum pour valider les propositions de la Convention, et avait assuré à la clôture de l'événement que toutes seraient mises en place par l'exécutif.

En parallèle, celle qui est ministre des Transports en même temps que ministre de la Transition écologique, fait adopter la Loi d'orientation des mobilités (LOM), destinée à lutter contre les fractures sociales et territoriales du pays, mais qui contient quelques mesures environnementales. La loi indique notamment la fin de la vente d'ici à 2040 des véhicules "à carburants fossiles" (essence ou diesel) et la mise en place d'un "forfait mobilités", qui doit permettre aux employeurs de verser jusqu'à 400 euros par an à leurs salariés se rendant au travail en covoiturage ou à vélo. 

Plusieurs de ses déclarations prononcées en tant que ministre des Transports lui avaient été reprochées à son arrivée à la Transition écologique. Elisabeth Borne s'était notamment montrée hostile à l’instauration d’une taxe sur les carburants maritimes et en faveur d'une taxation du kérosène seulement si elle était appliquée au niveau européen. Elle avait également refusé de voir dans la construction de lignes de train à grande vitesse la solution pour stopper les lignes aériennes intérieures. "Je préfère une petite ligne aérienne qui désenclave rapidement et efficacement, à la construction de très grandes infrastructures de lignes à grande vitesse", avait-elle assuré, estimant qu'"on ne peut pas remplacer chaque ligne aérienne par un TGV" sans que cela se fasse "au détriment des trains du quotidien".  

Sa nomination à Matignon pour accélérer la transition écologique n'est pas vue d'un bon œil par les écologistes et le directeur général de Greenpeace France. "Elisabeth Borne n’a pas brillé par des positions fortes et ambitieuses sur l’écologie. Sa nomination n’augure donc guère d’espoir de voir la France opérer sa transition écologique, comme l’urgence climatique l’y oblige pourtant", a déclaré le directeur général de l'ONG, Jean-François Julliard. "On n’attend absolument rien, évidemment, de cette Première ministre", "ce n’est pas le début du mandat, c’est la continuité d’un quinquennat d’inaction climatique", a estimé le secrétaire général d'EELV, Julien Bayou, ce mardi sur France Inter. Dans un communiqué publié lundi soir, le parti écrivait qu'Elisabeth Borne partageait "avec d’autres, la responsabilité de ces cinq ans perdus pour le climat".


Justine FAURE

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