Le Rassemblement national défendra, le 12 octobre, une proposition de loi visant à reconnaître l'endométriose comme une affection longue durée.L'opposition l'accuse de lui tendre un piège, le parti l'appelle à ne pas faire preuve de "sectarisme".
L'information avait déjà fuité, elle a été confirmée ce mardi 19 septembre. À l'occasion de sa niche parlementaire du 12 octobre prochain, le groupe Rassemblement national présentera à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à soutenir les femmes atteintes d'endométriose. Les députés RN décident de remettre sur la table un texte déposé par Jean-Philippe Tanguy en mai dernier pour créer "un statut d’Affection Longue Durée (ALD) pour une prise en charge totale du coût du diagnostic et des soins liés à cette maladie ainsi que, pour les femmes qui en expriment le besoin, la création d’un statut de travailleuse handicapée, quel que soit le stade de cette pathologie". Cette proposition de loi reprend une proposition de résolution identique déposée par LFI et adoptée à l'unanimité en janvier 2022 à l'Assemblée nationale.
Ce mardi, au cours d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale, son rapporteur Emmanuel Taché de la Pagerie a "invité le Parlement à se saisir de cette question de santé publique et à donner du sens au mot féminisme". Jean-Philippe Tanguy a appelé les groupes d'opposition à ne pas faire preuve de "sectarisme" et à voter en faveur de ce texte. Car cette proposition de loi est vue par la gauche et la majorité comme un piège, difficile à déjouer. L'endométriose est une maladie chronique qui toucherait une femme sur dix en France et est aujourd'hui encore peu détectée et peu reconnue. Alors comment justifier le fait de ne pas voter en faveur de ce qui pourrait représenter une avancée pour les 1,5 à 2,5 millions de malades ?
LFI demande au gouvernement d'intervenir
Dans un entretien à L'Obs, Clémentine Autain - autrice de la proposition de résolution votée à l'unanimité en janvier 2022 - a accusé le RN de mener une "opération grossière", "un écran de fumée pour tenter de brouiller la position idéologique du RN" et "corriger son image". Elle a écrit au ministre de la Santé Aurélien Rousseau "pour lui demander d'agir en urgence. Il a le pouvoir de couper l'herbe sous le pied du RN et peut émettre un décret conformément à la résolution adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale en janvier 2022".
"C'est une loi d'opportunisme pur", réagit ce mardi la députée EELV Sandrine Rousseau auprès de TF1info, accusant le RN de se vêtir d'un "faux nez" pour endosser le costume féministe. Elle prévient qu'elle ne votera pas cette loi, et l'assumera "sans aucun problème". Elle presse, elle aussi, le gouvernement de publier un décret reconnaissant l'endométriose comme affection longue durée. "Je dis aux femmes que tout est en place pour, c'est le gouvernement qui bloque."
Le RN se défend de tendre un piège
Les députés RN se sont défendus de toute mauvaise intention. "Il n'y a pas de piège, seulement un objectif d'intérêt général", a assuré Jean-Philippe Tanguy. "Si un décret est publié par le gouvernement tant mieux, si les Françaises peuvent voir leur maladie prise en charge tant mieux, l'objectif sera rempli." Questionné sur la stratégie du parti de mettre en première position de sa niche un texte sur la santé des femmes, et non l'immigration ou la sécurité, ses thèmes de prédilection, Emmanuel Taché de la Pagerie a répondu que "personne n'est propriétaire d'aucun sujet" et se défend de toute "récupération".
Les deux hommes ont à plusieurs reprises rappelé que cette proposition de loi reprenait une promesse de campagne de Marine Le Pen. C'est vrai. Mais lors du vote de la proposition de résolution déposée par La France insoumise en janvier dernier, parmi les 111 votants à l'avoir adoptée à l'unanimité ne figurait pas la cheffe des députés RN, ni l'immense majorité de ses collègues. Seul le député Nicolas Meizonnet était présent pour prendre part au vote.
Mercredi à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a confié que l'exécutif n'interviendrait pas sur ce sujet avant que le RN défende son texte le 12 octobre. Selon lui, la reconnaissance en affection longue durée (ALD) de l'endométriose n'a pas à devenir "systématique". Il a rappelé que "le comité d'experts que j'avais chargé de réfléchir sur la question (en tant que ministre de la Santé, ndlr) s'était prononcé contre la reconnaissance systématique (...) en ALD, parce qu'il y a des formes qui sont plus ou moins sévères".
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