Pour dénoncer les violentes menaces reçues par leurs élues, les députées écologistes ont lancé il y a quelques jours un compte Instagram baptisé "Balance ton intimidation".Auprès de TF1info, Sandrine Rousseau rappelle l'importance de donner à voir ces messages pour les combattre.Elle estime aussi que l'exemple doit être donné dans l'hémicycle, mais constate avec regret que "personne ne rappelle à l'ordre une Assemblée qui part en vrille quand une collègue ou moi-même prenons la parole".
Le sexisme est partout, la politique ne fait pas exception. Il y a trois jours, il avait été dénoncé à l'Assemblée nationale en plein débat sur les retraites, des députées de la Nupes faisant remarquer que leurs prises de paroles étaient plus chahutées que celles de leurs collègues masculins. Parce qu'elles ne souhaitent plus se taire ou rester seules face aux messages violents et insultants qu'elles reçoivent, les députés écologistes ont également lancé un compte Instagram baptisé "Balance ton intimidation". Il donne à voir les menaces anonymes reçues par les élues, parmi lesquelles Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris.
TF1 info : Pourquoi ce compte Instagram, qui prend le parti de ne pas anonymiser les auteurs des messages, est important ?
Sandrine Rousseau : Les gens doivent se rendre compte de la violence que c'est d'être une femme politique, et ce compte le démontre. Je dis depuis longtemps que je suis harcelée, mais le voir, lire ces messages et leur teneur, c'est autre chose. Et encore, je ne rends pas publics tous ceux que je reçois, je transmets seulement ceux sur lesquels je tombe. Mon équipe m'en protège beaucoup, et, moi-même, j'ai installé des filtres qui m'empêchent de lire tous les commentaires sur les réseaux sociaux.
Il est facile de constater que la majorité des messages que vous recevez sont à caractère sexuel, des appels au viol...
Oui, c'est fascinant de voir à quel point ces messages font référence au fait que je vais être violée, qu'on veut m'enculer… Ça dit beaucoup, et ça confirme que le viol est bien une arme contre les femmes. Un message sur deux consiste à me soumettre par le sexe.
En 15 jours, l'hémicycle s'est levé pour trois hommes attaqués par des femmes pour violences sexistes et sexuelles.
Sandrine Rousseau
Comment expliquer qu'absolument rien n'est fait pour protéger les femmes politiques de ces messages, les aider à y faire face ?
Ça va même au-delà : les hommes se battent comme des malades pour conserver leur pouvoir. Je le vois à l'Assemblée nationale. Dès que je parle, regardez les comptes rendus et les remarques sexistes qui fusent de partout, des bancs de LR et Renaissance. Ils ont fait bonne figure en acceptant les quotas, mais ils n'ont pas encore accepté les femmes en politique. Je rappelle qu'en 15 jours, l'hémicycle s'est levé pour trois hommes attaqués par des femmes pour violences sexistes et sexuelles : Adrien Quatennens, Damien Abad et Julien Bayou. Or quand les députés se permettent des choses dans l'hémicycle, c'est un blanc-seing donné aux tweetos anonymes.
Il faut donner l'exemple publiquement pour que la violence ne se perpétue pas dans les messageries privées ?
Bien sûr. Ce qui manque dans l'hémicycle, c'est une prise de parole de la présidente de l'Assemblée nationale disant que les propos sexistes et les broncas quand une femme prend la parole, ce n'est pas acceptable. Et pour l'instant aucune des présidentes ou président de séance ne l'a fait, or ce sont eux qui y incarnent l'autorité. Personne n'a rappelé à l'ordre une Assemblée qui part en vrille quand je prends la parole, ou quand une de mes collègues prend la parole.
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