Selon un sondage Harris Interactive pour LCI, le RN se classe haut dans le classement de la confiance accordée par les Français, selon qui il ressortirait renforcé des législatives.Le parti présidentiel, Renaissance, figurerait au contraire parmi les plus affaiblis.Emmanuel Macron et ses ministres conservent toutefois leurs cotes, voire progressent pour certains.
À l'issue des élections législatives, le Rassemblement national espérait retrouver un groupe parlementaire, en dépassant la barre des 15 députés. Un niveau qu'il n'avait pas obtenu depuis près d'une quarantaine d'années. Le résultat des urnes, rendu le 19 juin dernier, a finalement dépassé ses espérances, le hissant en premier parti d'opposition à l'Assemblée nationale avec 89 élus.
Selon le dernier baromètre de confiance de l’institut Harris Interactive et Euros Agency pour LCI, l'extrême droite s'impose parmi les personnalités les plus plébiscitées par les Français. Pour autant, le camp présidentiel parvient tout de même à limiter la casse.
Le Pen toujours juste derrière Philippe
L'étude relève ainsi "qu’en termes de personnalités les plus 'en vue', le pays penche clairement à droite" : derrière Edouard Philippe (42%), qui reste la personnalité politique qui s'attire le plus la confiance des Français (président exclu), se hissent notamment les cadres du RN Marine Le Pen (39%) et Jordan Bardella (29%), ainsi que la vice-présidente exécutive de Reconquête! Marion Maréchal (29%), bien que son parti ressorte le plus affaibli des élections, selon 61% des Français.
Soit trois personnalités d'extrême droite sur les six premières, un pas de plus dans la normalisation du RN. Les Républicains François Baroin et Xavier Bertand complètent ce top, crédités tous deux de la confiance de 30% des sondés, tandis que le parti de droite s'est retrouvé quatrième force dans l'hémicycle.
La députée RN du Pas-de-Calais et finaliste de la présidentielle Marine Le Pen se maintient donc à la deuxième place pour le cinquième mois consécutif. Autre indicateur de ce coup de barre politique à droite : près de deux Français sur trois (65%) estiment que le RN est sorti renforcé des législatives. L'ensemble de ces résultats "illustre bien les évolutions d’opinion dont les élections ont été la traduction", selon Jean-Daniel Lévy, directeur délégué d'Harris Interactive. À noter toutefois, aucun autre membre du RN ne figure parmi la quarantaine de personnalités à qui les sondés font le plus confiance.
À l'exception de la France Insoumise qui a également réussi à tirer son épingle du jeu pour près de la moitié des sondés (42%), tous les autres partis ont été affaiblis par le scrutin aux yeux d'une majorité de Français. En particulier la formation macroniste Renaissance, ex-LaREM, qui aurait particulièrement pâti des résultats pour près de six personnes sur dix (58%). De fait, le groupe présidentiel Ensemble! a essuyé un violent revers, perdant sa majorité absolue obtenue en 2017.
Stabilité pour Macron et Borne
Pour autant, le gouvernement ne voit pas son socle entamé en tout point. La confiance des Français envers Emmanuel Macron reste stable : près de la moitié des sondés (48%) la lui accordent, soit un point de moins seulement par rapport au mois dernier. Un résultat certes bien en deçà du record de 59% décrochés par le chef de l'État lors de sa première élection au printemps 2017, mais qui reste en réalité à des niveaux similaires depuis un an et demi environ.
Les sondés qui lui donnent leur confiance le créditent d'une bonne gestion de la crise du Covid et de celle des Gilets Jaunes, et estiment qu'il avait "fait ses preuves durant son premier quinquennat". À l'inverse, ses détracteurs lui reprochent d'être "arrogant" et pas assez à l'écoute, d'être "trop proche de la droite" et manquer parfois à ses promesses.
Quant à sa Première ministre Élisabeth Borne, maintenue à la tête du gouvernement en dépit de la déconvenue du scrutin, elle s'attire la confiance de 45% des Français, un niveau stable depuis le mois dernier (plus un point) et qui dépasse largement la cote de 34% obtenue sous le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, lorsqu'elle était ministre du Travail. Valorisée pour son profil de "femme d'expérience", "sérieuse" et "technicienne", elle est aussi accusée par certains sondés d'être une "technocrate complètement déconnectée de la réalité du terrain", et inféodée au président.
Malgré ses déboires, Abad gagne des points
De leur côté, Bruno Le Maire, Gabriel Attal et Olivier Véran, ministres les mieux côtés et tous victorieux aux législatives, conservent un score aux alentours de 40%, malgré une légère baisse d'un à deux points. Le ministre des Solidarités Damien Abad, également élu, compte pour sa part parmi ceux qui remportent le plus de points ce mois-ci, bien qu'il soit désormais attaqué en justice pour tentative de viol. Il gagne trois points supplémentaires, grâce au soutien des hommes sondés plus que celui des femmes (27% contre 21%), même si sa cote de confiance reste relativement basse (23%).
En revanche, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dont la campagne avait été percutée par le fiasco survenu au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions de football le 28 mai, est le membre du gouvernement qui perd le plus de points de confiance : cinq en un mois, portant son score à 33%. À l'inverse, le patron du parti Horizons Edouard Philippe conserve pour sa part son titre de personnalité politique à qui les Français font le plus confiance. L'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron, dont le rôle sort renforcé à l'issue du scrutin, conserve 42% de confiance (un point perdu seulement).
Mélenchon se maintient, ses opposants de gauche aussi
À gauche enfin, le leader insoumis de la Nupes Jean-Luc Mélenchon, qui ne s'est pas représenté lors du scrutin, conserve sa cote de 27% de confiance (un point de moins), mais perd des points auprès des sympathisants de gauche, y compris dans sa propre famille : 11 points auprès de ceux de LFI (80%), neuf auprès de ceux du PS (33%), quatre points auprès d'EELV (38%).
À l'inverse, le communiste Fabien Roussel, qui a dernièrement pris quelques distances avec l'alliance de gauche, gagne cinq points. Tout comme l'ancien président socialiste François Hollande, quant à lui farouchement opposé à cet accord, qui progresse de quatre points. Pour tous deux, ce sont 28% des Français qui leur font confiance. Autre dissident de la Nupes, son ancien ministre Bernard Cazeneuve figure toujours en neuvième position du classement des personnalités politiques.
Enquête menée en ligne du 28 au 30 juin 2022 auprès d'un échantillon de 1008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La méthode des quotas et redressement a été utilisée. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points.