Interrogé à l’Assemblée nationale sur l'indisponibilité de Beyfortus en pharmacie, le ministre de la Santé a déclaré "assumer" la décision de réserver le traitement préventif contre la bronchiolite aux maternités.Sa livraison a été interrompue vendredi dans les officines de l'Hexagone en raison d'un engouement mal anticipé.La prochaine distribution est prévue pour début novembre.
"Encore une fois, vous n'avez rien anticipé." Interpellé ce mardi à l’Assemblée nationale par la députée insoumise Martine Etienne, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a répondu aux critiques concernant la pénurie de Beyfortus, le traitement préventif contre la bronchiolite, quinze jours à peine après sa mise sur le marché. "En mars dernier, un laboratoire a proposé à mon prédécesseur un traitement qui n'avait reçu aucune autorisation. François Braun a eu le courage et a pris le risque de commander des doses. Aujourd'hui, si ce médicament n'avait pas obtenu les autorisations, qu'est-ce que vous diriez sur le fait qu'on détruise des doses", a-t-il lancé.
"Les sociétés savantes parlaient à l'époque de 10% d'adhésion, le ministère de la Santé a commandé 30%, 200.000 doses. Je trouve que c'est une formidable nouvelle que dans les maternités, on ait un taux d'adhésion entre 60 et 80%, jamais vu en matière de vaccination ou d'immunisation", a-t-il poursuivi, alors que les autorités sanitaires ont annoncé vendredi interrompre la livraison dans les pharmacies de ville du Beyfortus. Et de poursuivre : "Ma responsabilité, je l'assume, c'est de protéger les nourrissons les plus à risques, ceux qui ont quelques jours ou quelques semaines. Donc oui, nous privilégions les doses de 50 mg de Beyfortus dans les maternités."
"Pour que la France soit le pays avec la plus grande couverture dans le monde"
Pour rappel, face à l'engouement des parents pour cette injection qui protège toute la saison, le ministère a dû revoir cette semaine l'organisation de la campagne, en réservant le plus faible dosage (50 mg) aux nouveaux nés en maternité avant leur sortie et aux nourrissons de moins d’un mois hospitalisés. "Nous travaillons au progrès pour que la France soit le pays avec la plus grande couverture dans le monde", a-t-il conclu après avoir rappelé que "quatre pays au monde ont commandé du Beyfortus", à avoir la France, l'Espagne, les États-Unis et l'Allemagne.
"Le 15 septembre, vous lanciez une grande campagne contre la bronchiolite, quinze jours plus tard, c'est déjà la pénurie", avait dénoncé la députée (Nupes) de la troisième circonscription de Meurthe-et-Moselle, Martine Etienne, lors des questions au gouvernement de l’Assemblée nationale, ce mardi. Et de poursuivre : "Faute de doses de Beyfortus, vous êtes obligés de stopper la livraison en pharmacie et de ne prioriser que les maternités. Alors qu'il y a eu plus de 720.000 naissances en 2022, vous n'avez commandé que 200.000 doses. Vous souhaitiez créer un effet d'annonce en prétendant anticiper l'épidémie. Mais voilà, aujourd'hui, les doses manquent et les parents s'alertent. Vous n'apprenez rien de vos erreurs (...) Vous continuez de fonctionner en flux tendu, de commander trop peu de doses."