SAUVETAGE - Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a confirmé jeudi la "préemption" temporaire des chantiers navals STX de Saint-Nazaire. Cette intervention de l'Etat doit permettre de gagner du temps mais a déclenché une crise entre Paris et Rome. Le groupe italien Fincantieri est en effet le seul candidat à la reprise du site.
Emmanuel Macron tranche pour la nationalisation. Alors que l'arbitrage du chef de l'Etat était attendu dans le dossier des chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), menacés après la faillite de l'actionnaire sud-coréen STW, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a confirmé jeudi l'information : l'Etat va procéder à une nationalisation temporaire du site.
"Les chantiers navals de Saint-Nazaire n'ont pas vocation à rester sous le contrôle de l'Etat", a immédiatement précisé Bruno Le Maire en préférant le mot "Préemption" et non "nationalisation." "La décision de préemption est temporaire. Elle doit nous donner le temps de discuter pour bâtir un chantier industriel européen solide et ambitieux."
Gagner du temps
La décision doit permettre de gagner du temps, alors que le groupe italien Fincantieri, numéro un de la construction navale en Europe, devait prendre le contrôle du site dès samedi. Un actionnaire qui faisait craindre aux autorités françaises des conséquences pour les 7.000 emplois des chantiers navals, mais aussi pour les liens entre le groupe italien et la Chine. Ces liens laissent en effet craindre une fuite éventuelle du savoir-faire tricolore hors de nos frontières.
"Nous avons fait une proposition aux Italiens de prendre 50% des chantiers navals", a indiqué Bruno Le Maire. "Cette proposition a été refusée par le gouvernement italien, mais le sujet reste sur la table. Nous continuerons de négocier sur cette base. Je me rendrai mardi prochain à Rome pour en discuter."
Crise entre Paris et Rome : "Macron ne relance pas l'Europe, il la divise"
Les tensions entre Paris et Rome, déjà vives sur les questions des réfugiés et du règlement de la crise en Libye, sont encore montées d'un cran avec cette nationalisation temporaire. Une décision "grave et incompréhensible", ont réagi les ministres italiens de l'Economie et de l'Industrie, Pier Carlo Padoan et Carlo Calenda, dans un communiqué.
"Le nationalisme et le protectionnisme ne constituent pas une base acceptable pour établir des relations entre deux grands pays européens", ont-ils ajouté. Au coeur des critiques transalpines, la série d'acquisitions visant plusieurs fleurons italiens à l'initiative de groupes français, parfois de manière amicale (fusion Luxottica-Essilor), parfois hostiles comme la montée au capital de Mediaset du groupe Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia.
"Ces dernières années, nos cousins transalpins ont acheté la moitié de l'Italie sans avoir soulevé la moindre objection de notre gouvernement", a souligné l'ancien président du Conseil italien Romano Prodi dans une tribune publiée dans les colonnes d'Il Messaggero. La presse italienne ne mâche pas non plus ses mots à l'égard d'Emmanuel Macron dont l'arrivée au pouvoir en mai, après une campagne tournée vers l'Europe, a suscité une vague d'espoir. "Macron ne relance pas mais divise l'Europe", estime Il Sole 24 Ore, bible des milieux d'affaires italiens. "Plus les semaines passent et plus Macron montre un visage vieilli, celui d'une France, de la France de toujours avec ses instincts dirigistes, étatiques, protectionnistes et souverainistes", ajoute le quotidien.
Satisfaction dans l'opposition
Dans les rangs de l'opposition, l'annonce d'une nationalisation des chantiers navals a été accueilli favorablement. "C'est la solution, plutôt que d'improbables alliances industrielles avec d'autres pays", a réagi le député de la France insoumise Eric Coquerel. "Il nous reste un chantier naval digne de ce nom, il faut qu'il tienne." Réaction également favorable du socialiste Boris Vallaud, qui a toutefois assuré que cette annonce n'était "pas une surprise" car elle était dans les tuyaux du précédent gouvernement.
L'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, chantre du patriotisme économique, s'est quant à lui félicité sur Twitter de l'intervention de l'Etat :
Une intervention "heureuse mais fort tardive", a également estimé le numéro 2 du FN Florian Philippot tandis qu'à droite, le sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau, impliqué directement dans ce dossier, a soutenu le principe de la "préemption", le nom qui est donc employé par Bruno Le Maire pour qualifier cette nationalisation temporaire.
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