POINT GODWIN - Lors de son discours, samedi 23 septembre sur la place de la République, Jean-Luc Mélenchon a offert à Emmanuel Macron une petite leçon d'histoire en accéléré. Le leader des Insoumis a expliqué, en guise d'avertissement, que "c'est la rue qui a abattu les rois", mais aussi "les nazis" ou encore le plan Juppé de 1995 ou le CPE de 2006. Une provocation qui n'a pas plu à tout le monde.
On le sait, Jean-Luc Mélenchon adore ponctuer ses grands discours avec quelques digressions historiques. Le leader de La France insoumise en a même fait une marque de fabrique, quitte à en profiter pour provoquer ses adversaires à la faveur d'un petit raccourci rhétorique.
C'est précisément ce qu'il a fait samedi, lors de son meeting sur la place de la République, qui clôturait la journée de mobilisation à son appel contre la réforme du Code du travail.
Rois, nazis et CPE
S'adressant à Emmanuel Macron, qui avait estimé il y a quelques jours dans une interview que "la démocratie ne se fait pas dans la rue", Jean-Luc Mélenchon a adressé ce bref et surprenant rappel :
"Monsieur le Président, il vous reste à consulter l'histoire de France pour apprendre que c'est la rue qui a abattu les rois, qui a abattu les nazis, qui a protégé la République contre les généraux fêlons en 1962 [...]". Et d'y ajouter le plan Juppé de 1995, puis le "contrat première embauche" du gouvernement Villepin en 2006...
"Indigne"
Le rapprochement entre rois, nazis et réformes d'Alain Juppé, de Dominique de Villepin et d'Emmanuel Macron n'a pas été du goût de tout le monde. Ni d'ailleurs l'approximation historique laissant croire que la victoire sur les nazis tiendrait d'une révolte populaire et non de l'offensive alliée. L'un des premiers à s'en être ému est le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, suivi par d'autres, dont l'ex-secrétaire d'Etat socialiste Thierry Mandon et l'ancien Premier ministre Manuel Valls :
Indigne de porter ces couleurs quand on mêle démocrates et républicains à la fange nazie. Ses ennemis sont ... tous les autres! https://t.co/qUXeZrTXJW — Christophe Castaner (@CCastaner) 23 septembre 2017
Placer Alain Juppé et les Nazis dans la même phrase, les mettre sur le même plan. Au delà de l'indécence. https://t.co/RS2SqpMO1T — Aurore Bergé (@auroreberge) 23 septembre 2017
Ça alors, je ne le savais pas mais , heureusement , Mélenchon me l' a appris " C' est la rue qui a abattu les nazis" ..ah Bon ? — Serge Moati (@SergeMoati) 23 septembre 2017
#manif21septembre .La rue n a jamais battu les nazis. En revanche, elle les a fait. — Thierry Mandon (@mandonthierry) 23 septembre 2017
Pas de complaisance à l'égard de Mélenchon,de sa violence,de ses références historiques hasardeuses.Il faut être ferme,expliquer,réformer. — Manuel Valls (@manuelvalls) 23 septembre 2017
. @murielpenicaud répond à @JLMelenchon : "Ces propos sont indignes et honteux" #LeGrandRDV — Europe 1 (@Europe1) 24 septembre 2017
Dimanche, la polémique n'a pas faibli. Le même Christophe Castaner a encore musclé ses critiques de la veille évoquant même une "faute politique" et "morale" : "C'est une faute politique de mettre sur le même niveau ceux qui ont fait tomber les nazis - et la rue y a contribué évidemment - mais aussi Alain Juppé et Emmanuel Macron, c'est une faute grave", a déclaré M. Castaner lors de l'émission "Questions politiques" France Inter-franceinfo-Le Monde, évoquant aussi une "faute morale".