Camille Etienne, l'hyperactive chasseuse de mythes climatiques

Publié le 30 mai 2023 à 18h52
JT Perso
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Source : Impact Positif

À 25 ans, l'activiste Camille Etienne est sur tous les plateaux télé pour sensibiliser à l'action contre le dérèglement climatique et dénoncer l'activité de grands groupes comme Total.
Dans son premier ouvrage sorti il y a quelques jours, elle s'attache à démonter l'idée que nous serions impuissants face au phénomène et qu'il serait déjà trop tard pour agir.
Zoom sur cette militante savoyarde qui préfère rassembler plutôt que diviser autour de sa cause.

Sur ses réseaux sociaux, Camille Etienne se présente comme "activiste pour la justice sociale et climatique". Elle aurait pu ajouter "démythificatrice". C'est l'un de ses principaux combats : déconstruire les mythes climatiques qui empêchent l'action, faire comprendre à tous que rien n'est irrémédiable et que oui, il est encore temps d'agir. Elle l'explique dans son essai Pour un soulèvement écologique. Dépasser notre impuissance collective, sorti le 19 mai dernier.

Aujourd'hui âgée de 25 ans, Camille Etienne a pris conscience du dérèglement climatique à l'âge de 10 ans. Depuis le petit village de Savoie où elle a grandi, sans route goudronnée et à 45 minutes du supermarché le plus proche, elle voit les glaciers disparaitre. Son entourage la sensibilise également, malgré elle : elle est la fille d'un guide de montagne et d'une sportive de haut niveau, ses grands-parents sont agriculteurs. Mais, assure-t-elle, cela n'est en rien un présupposé à l'action. "À partir du moment où on est vivant sur une planète qui se délite, on est légitime à se battre pour qu'elle reste debout", déclarait-elle la semaine dernière sur LCI

Elle refuse également l'idée qu'il faille un "déclic" pour s'intéresser à la question et être légitime à combattre en faveur du climat. Comme l'idée qu'il serait déjà trop tard pour agir, "le déclic est un mythe et je pense qu'il est important de le déconstruire", clame l'ancienne membre de l'Union nationale lycéenne (UNL). 

Je trouvais alarmant que des personnes qui exerceront plus tard des postes de dirigeants n’aient aucune connaissance de la terre."

Camille Etienne

Camille Etienne comprend qu'il est urgent de médiatiser ce combat au cours de ses études et de son passage à Sciences Po Paris. "Les étudiants ont beau être extrêmement doués, ils ne savent pas trop comment la nature fonctionne, comment ça pousse. Ils sont peut-être un peu trop déconnectés de la terre", "je trouvais alarmant que des personnes capables de parler de géopolitique pendant des heures et qui exerceront plus tard des postes de dirigeants n’aient aucune connaissance de la terre" : ce constat marque le début de son engagement. 

La médiatisation, elle la rencontre lorsqu'une vidéo tournée dans son village savoyard pendant le confinement connaît un succès inattendu. "Réveillons-nous", dans laquelle la passionnée de littérature s'exprime face caméra en débardeur blanc, est visionnée 15 millions de fois et traduites dans de nombreuses langues. "Je suis désolée. Drôle de destin que celui de cette génération Y. Je suis désolée, on n’y est pour rien. On n’était pas là quand ils ont décidé de couper les arbres pour en faire des billets. (…) On n’était pas là quand ils ont décidé de trouer la couche d’ozone pour sentir bon des dessous-de-bras", récite-t-elle.

Une hypersensible qui encaisse tant bien que mal les critiques

L'été qui suit, l'ancienne porte-parole du mouvement "On est prêt" est invitée à l'université d'été du Medef. Sa capacité à défendre ses idées face aux critiques et aux ricanements des grands patrons pas vraiment sensibles à la décroissance ou au fait de travailler moins impressionne. Mais laisse des traces chez cette hypersensible. "Cela m'affecte beaucoup. Mais j'essaie toujours de prendre un peu de recul, et de me dire que les conséquences de cet activisme-là, c'est-à-dire quelques insultes ou menaces sur Twitter, ce n'est pas agréable, mais c’est OK. À côté de cela, il y a des gens aujourd'hui qui meurent du réchauffement climatique, donc, proportionnellement, je crois que je peux faire ce petit effort", expliquait-elle à Sylvia Amicone en février 2021. 

Elle continue pourtant de faire passer ses messages sur les réseaux sociaux, son compte Instagram "graine de possible" compte 290.000 abonnés. L'ex-étudiante en philosophie et titulaire d'un master en économie base une partie de son militantisme sur l'art, réalisant clips vidéos, documentaires ou courts métrages avec son meilleur ami réalisateur Solal Moisan. Le dernier en date "Pourquoi on se bat", sensibilise à la fonte des glaces. 

Pas assez radicale ?

Camille Etienne porte son combat jusqu'aux institutions européennes, où elle prend notamment la parole aux côtés de Greta Thunberg. En France, elle manifeste près de l'Elysée en février 2021 pour dénoncer le "manque de courage" d'Emmanuel Macron qui a "détricoté" les propositions de la Convention citoyenne pour le climat lors de leur retranscription dans la loi Climat. En juin de la même année, aux côtés du réalisateur Cyril Dion et de l'eurodéputé Pierre Larrouturou, elle porte plainte contre le Premier ministre Jean Castex et quatre membres de son gouvernement pour leur inaction face au dérèglement climatique. Plainte qui sera jugée irrecevable. 

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Aujourd'hui, celle qui assume de "faire peur" aux gens pour faire avancer les choses concentre ses actions contre le géant pétrolier Total, et son projet d'oléoduc d'Afrique de l'Est (EACOP) en Ouganda. Dans le milieu des militants et activistes écologistes, la jeune femme est parfois critiquée pour ne pas être assez radicale dans ses messages et ses actions, mais elle assume. Dans un portrait disponible sur le site Welcome to the jungle elle explique : "Quoi que je fasse, ça ne sera jamais assez bien. J’ai choisi de m’adresser à des personnes qui sont au début de leur transition pour rassembler autour de la cause écologique plutôt que diviser."


Justine FAURE

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