REFONDATION - Dans la lignée de la consultation organisée ces dernières semaines auprès des militants frontistes pour donner une nouvelle ligne à son parti après l'échec au second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen a clairement affirmé ce dimanche qu'il fallait aussi changer le nom du Front national. Le tout, à la veille de l'ouverture d'un bureau politique ce lundi.
Le nouveau monde. A l'image du chamboule-tout politique provoqué par la victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle et au raz-de-marée de La République en marche dans la foulée lors des législatives, comme tous les autres partis laissés à quai, le FN se cherche lui aussi un nouveau logiciel. Et, à défaut d'avoir changé de présidente - malgré, du propre aveu de Marine Le Pen, une gestion calamiteuse de l'entre-deux tours, et surtout du débat - le Front national veut faire sa révolution. En, notamment, changeant de nom.
C'est en tout cas ce que la dirigeante frontiste a plaidé dimanche dans l’Orne, terre de conquête pour sa formation, estimant qu'un changement de nom du Front national incarnerait sa refondation. Même si quitter l'appellation historique ne fait pas l’unanimité parmi les militants. "Si nous changeons le Front national, alors il faut aussi changer l'appellation" portée par le parti depuis sa création en 1972, a défendu Marine Le Pen lors d'une conférence de presse à Alençon, puis devant quelques centaines de militants réunis à Essay.
Si un nom contient une charge qui puisse susciter des craintes...
Marine Le Pen
"Si un nom contient une charge qui puisse susciter des craintes, ou (a) une charge émotionnelle qui soit trop forte, et il semblerait que ce soit quand même le cas du Front national, alors il ne faut pas hésiter à se donner les moyens de la victoire", a encore plaidé la fille de Jean-Marie Le Pen, qui a œuvré depuis son arrivée à la tête du FN en 2011 pour une dédiabolisation d'un parti à l'image et à l'histoire sulfureuses.
A la huitième étape de sa tournée de 12 rencontres avec les militants, l'ancienne candidate, en quête de rebond depuis son échec face à Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, a plaidé que le FN devait se rebaptiser pour mieux incarner un parti "de gouvernement", citant en exemple les partis d'extrême droite arrivés au pouvoir en Pologne, Hongrie ou Autriche. Une nouvelle appellation donnerait aussi une capacité accrue de nouer des alliances, comme lors de la présidentielle avec Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), a-t-elle défendu.
Une "motion de défiance" contre Marine si les militants n'étaient pas d'accord ?
Le changement de nom fait partie du questionnaire envoyé aux 51.000 adhérents à jour de cotisation et la tendance à ce stade du dépouillement serait favorable au "oui", selon elle. Si les militants s'y opposaient, ce serait "une motion de défiance" pour la présidente du FN, affirme à l'AFP le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite. Si le "oui" se confirme, Mme Le Pen a plusieurs noms à proposer, sur lesquels les militants au Congrès des 10 et 11 mars voteraient.
Mais pour Elizabeth Lalanne, conseillère régionale FN en Normandie et adhérente depuis la création du parti, pas question de changer d'appellation. "Je ne peux pas dire autre chose, ça ne sortirait pas de ma bouche", dit-elle à l'AFP, montrant fièrement le pin's de la flamme tricolore, logo du parti, accroché à sa veste. Jean-Michel Haye, auto-entrepreneur dans les espaces verts et militant dans la Manche, est "contre" car le nom actuel incarne pour lui "des valeurs, des combats pour la France".
Son fils Florent, 17 ans, n'est pas d'accord. "Le Front national, ça fait trop penser à Jean-Marie" Le Pen, co-fondateur du parti exclu par sa fille à la suite de nouveaux propos polémiques sur la Shoah.
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