Pouvoir d'achat, retraites, Stade de France... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron à la presse régionale

V. Fauroux
Publié le 3 juin 2022 à 22h59, mis à jour le 4 juin 2022 à 7h42

Source : TF1 Info

Depuis l'Élysée, Emmanuel Macron a accordé un long entretien, ce vendredi, à la presse quotidienne régionale.
L'occasion de balayer tous les grands sujets d'actualité et de faire quelques annonces.

À une semaine du premier tour des législatives, Emmanuel Macron sort du silence. Le chef de l'État a accordé ce vendredi à la presse régionale sa première interview depuis la présidentielle. Pendant près de deux heures, il a répondu aux questions de dix journalistes, précisant ses intentions pour ce second quinquennat. 

Dans un premier temps, le président de la République a réfuté tout temps mort ou atonie en ce début de quinquennat. "Il faut distinguer agir vite et fort et la précipitation", a-t-il lancé, tout en concédant ne bénéficier d'aucun état de grâce. Le gouvernement Borne a été très vite rattrapé par des accusations de viol contre le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad et par le chaos au Stade de France le soir de la finale de la Ligue des Champions qui l'a "indigné". "La protection de la présomption d’innocence est importante (..) Damien Abad y a droit comme tout citoyen. Je souhaite qu’il puisse mener à bien son travail", a répliqué le chef de l'État.

"Désordre et soumission" pour Mélenchon et Le Pen

Sur le plan politique, Emmanuel Macron s'en est pris à ses rivaux, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui portent selon lui des projets "de désordre et de soumission". Alors que le leader insoumis souhaite devenir "Premier ministre" si la Nupes obtient aux législatives la majorité, il affirme : "Il est rare de gagner une élection à laquelle on ne se présente pas. Aucun parti politique ne peut imposer un nom au Président." 

Sur les institutions, Emmanuel Macron précise qu'il mettra en place la commission transpartisane "dès cet automne", et qu'il souhaite "lancer (la) réforme" de la proportionnelle "à l'automne" pour "avoir les conclusions dès 2023". "Il faut redonner de la vitalité à notre débat démocratique", souligne le président, qui voit un "paradoxe dans nos sociétés, où la volonté de s'exprimer est très forte, mais avec une désaffection pour les élections", alors que l'abstention a progressé aux derniers scrutins.

Une nouvelle méthode ?

Emmanuel Macron veut réunir dès après les législatives les forces politiques, économiques, sociales, associatives du pays, mais aussi des citoyens tirés au sort pour lancer ses réformes touchant au pouvoir d'achat, à l'écologie, aux institutions et aux retraites. "J’ai porté cinq objectifs pendant la campagne : l’indépendance (industrielle, militaire, alimentaire…), le plein-emploi, la neutralité carbone, les services publics pour l’égalité des chances et la renaissance démocratique avec la réforme institutionnelle. Pour les atteindre, je veux réunir un Conseil national de la refondation", a-t-il annoncé. 

"Nous allons apporter des réponses aux fonctionnaires avec le point d’indice, aux retraités… Dès cet été sera voté la loi pouvoir d’achat et un texte de simplification et d’urgence pour les projets d’énergie. Ensuite, nous entamerons les grands chantiers : production, écologie, services publics. Quant au travail sur la réforme des retraites, qui est indispensable au financement de nos transformations, il commencera après ce conseil et la réforme entrera en vigueur dès l’été 2023", a ajouté le chef de l'État. 

Pouvoir d'achat

Concernant le chèque alimentaire, "l'idée est plutôt qu'il soit versé en une fois", a-t-il dit, écartant donc a priori des paiements réguliers, sur lesquels il est plus difficile ensuite de revenir. Des mesures ciblées seront par ailleurs mises en place, notamment sur l'essence avec un "dispositif pour les gros rouleurs dès cet automne". La ristourne de 18 centimes sur les carburants sera prolongée en août, a-t-il aussi confirmé.

Santé et Éducation

Sur l'école et la santé, une fois les "objectifs et les moyens" définis, des discussions commenceront "dès septembre" sur le terrain, "dans les 1200 bassins de vie", associant "toutes les parties prenantes". Quant au choix de Pap Ndiaye, "il incarne l’égalité des chances et le parcours républicain. Avec des sensibilités certes différentes de Jean-Michel Blanquer, mais dans une continuité, parce que la politique qui sera appliquée est celle dans laquelle je m’engage devant les Françaises et les Français", a affirmé Emmanuel Macron, soulignant qu'"il faudra déployer l’évaluation des savoirs fondamentaux en CM2 et mener des transformations inédites au collège, notamment au niveau de la 6e, qui est une classe bascule, comme l’est le CP".

Et sur l'hôpital, il a promis pour "dès juillet des décisions d'urgence indépendamment du conseil de refondation pour permettre une réponse adaptée à la centaine de situations identifiées". "Les personnels hospitaliers ont le sentiment d’un tunnel dont ils ne sortent jamais. Il faut regarder service d’urgence par service d’urgence et Samu par Samu, territoire par territoire où il y a des besoins", a-t-il précisé.

Environnement

"J’ai fait le choix de mettre l’écologie au cœur du gouvernement. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, la Première ministre est chargée de la planification écologique. C’est dans son titre, et ça va tout irriguer", a avancé le chef de l'État, soulignant que "c’était une demande des écologistes et des scientifiques, qui préfèrent avoir une bonne organisation à la tête de l’État plutôt qu’une personnalité qui ne prend pas les bonnes décisions et n’a pas les moyens d’agir". "Nous allons commencer dès cet été avec la loi pour faciliter les projets d’énergie et dès la rentrée en engageant le déploiement de capteurs de qualité de l’air dans les écoles", a-t-il annoncé.

Ukraine

Sur le plan international, Emmanuel Macron n'exclut pas de retourner à Kiev et souhaite accroître le soutien financier et militaire à l’Ukraine. "Les Ukrainiennes et les Ukrainiens se battent avec courage, ils méritent notre soutien et notre respect", a-t-il dit, ajoutant que "les livraisons d’armes à l’Ukraine se poursuivent". "J’ai demandé à nos industriels d’accélérer la production d’armements, il ne s’agit pas seulement de reconstituer nos stocks, mais aussi de renforcer notre indépendance", a-t-il ajouté.

Concernant Vladimir Poutine, le chef de l'État pense qu'il a fait "une erreur historique et fondamentale pour son peuple, pour lui-même et pour l’Histoire". "La Russie n’en demeure pas moins un grand peuple. Je pense qu’il s’est isolé. S’enfermer dans l’isolement est une chose, savoir en sortir est un chemin difficile", a-t-il souligné.


V. Fauroux

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