La polémique grandit après un rapport sénatorial soulignant l'ampleur du recours aux cabinets de conseil.Le gouvernement se défend d'une pratique "habituelle et utile".Voici cinq chiffres à retenir.
C'est une polémique dont Emmanuel Macron se serait sans doute bien passé, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle. Dans un rapport, le Sénat à majorité de droite a mis en lumière les recours du gouvernement depuis cinq ans aux cabinets de conseil pour aider à la prise de décision sur un certain nombre de sujets, de la baisse des APL à la réforme de la formation professionnelle, en passant par la campagne de vaccination contre le Covid-19.
Un recours que l'opposition juge excessif, mais dont le gouvernement se défend. L'exécutif juge en effet que la pratique est "répandue", "habituelle" et "utile" dans la "majorité des cas". Voici cinq chiffres pour comprendre l'ampleur du phénomène dénoncé par les opposants au gouvernement.
893,9 millions d'euros
D'après les sénateurs, "en 2021, les dépenses de conseil de l'État au sens large ont dépassé le milliard d'euros, dont 893,9 millions pour les ministères". La chambre haute précise qu'il s'agit "d'une estimation minimale, car les dépenses des opérateurs sont en réalité plus élevées". Pour le Sénat, ces dépenses représentent "un pognon de dingue", en référence aux propos tenus par Emmanuel Macron au début du quinquennat.
Une multiplication par 2,36
Le rapport des sénateurs montre surtout la forte progression de ces appels à des cabinets extérieurs ces dernières années. Selon la même source, les dépenses de conseil des ministères ont été multipliées par 2,36 entre 2018 et 2021, passant de 379,1 millions d'euros au début de la période à 893 l'an dernier. "Elles ont plus que doublé, avec une forte accélération en 2021 (+45 %)", écrivent les rapporteurs.
La comparaison par rapport au début de la décennie précédente est également frappante. "Le recours aux consultants n'a pas commencé sous ce quinquennat", admet le Sénat. Mais le budget alloué à ces dépenses a effectivement augmenté. Selon un rapport de la Cour des comptes, entre 2011 et 2013, "ces dépenses étaient estimées pour l'ensemble des services de l'État [...] à 469 millions d'euros en autorisations d'engagement et 402 millions d'euros en crédits de paiement, soit respectivement 156 et 134 millions d'euros en moyenne par an sur la période examinée".
2070 cabinets différents
Si McKinsey se trouve dans le viseur de l'opposition, ce groupe est loin d'être le seul à qui le gouvernement a fait appel. "Le nombre total de cabinets est d'environ 2070, dont 20 qui représentent 55 % du marché", estime le Sénat, qui base ses données sur la période 2018-2020.
41 millions d'euros
L'augmentation des recours aux cabinets de conseil coïncide également avec la crise sanitaire. Et ce n'est sans doute pas un hasard, tant ils ont épaulé le gouvernement pour faire face au Covid-19. Selon le rapport sénatorial, 41 millions d'euros ont été investis par l'exécutif. "Trois cabinets concentrent les trois quarts des dépenses : McKinsey (la clé de voûte de la campagne vaccinale), Citwell (le logisticien) et Accenture (l'architecte des systèmes d'information, dont le pass sanitaire). À eux trois, ils mobiliseront 11.128 jours de consultants pendant la crise", assure le Sénat.
657 millions d'euros
Toutefois, la France est loin d'être le seul pays à opter pour cette pratique. Ses dépenses semblent même relativement faibles en comparaison à certains de ses voisins. Ainsi, "par rapport aux autres pays européens, le conseil au secteur public apparaît historiquement limité", confirment les sénateurs. "Le chiffre d'affaires réalisé par les cabinets de conseil s'élevait à 657 millions d'euros en 2018 contre, par exemple, 3143 millions d'euros en Allemagne et 2640 millions au Royaume-Uni."
"En 2018, sur 1000 euros de dépenses de fonctionnement, les administrations publiques avaient engagé 1,56 euro de dépenses de conseil en France contre 6,76 euros au Royaume-Uni et 7,20 euros en Allemagne", écrivent-ils encore. L'écart semble depuis s'être réduit.
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