Colère des avocats : "Je respecte le droit de grève, pas la paralysie des institutions", réagit Nicole Belloubet

Publié le 6 février 2020 à 10h08, mis à jour le 6 février 2020 à 10h18

Source : TF1 Info

L’INTERVIEW POLITIQUE - La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, était l’invitée d’Elizabeth Martichoux dans la matinale de LCI du jeudi 6 février. L’occasion de revenir sur les propositions faites aux avocats concernant la réforme des retraites, ses propos maladroits sur l'affaire Mila et la protection des mineurs dans le milieu sportif.

Sur l'antenne de LCI, la garde des Sceaux est revenue jeudi matin sur les propositions faites la veille au soir aux avocats. La profession est traversée depuis quatre semaines par un large mouvement social contre l'instauration de la réforme des retraites. "Je respecte le droit de grève, pas la paralysie des institutions. Des gestes ne sont pas admissibles, comme les blocages."  

Les propositions pour calmer la colère des avocats

Point de blocage principal des barreaux : le nouveau régime entraînera une hausse des cotisations, alors qu'aujourd'hui la caisse autonome des avocats n'est pas déficitaire et ne pèse pas sur la collectivité. Mais pour la ministre, il est hors de question que les avocats soient exclus du nouveau système. "Nous ne pouvons pas construire ce système universel sans les avocats." 

Elle s'engage à ce qu'il n'y ait aucune augmentation des cotisations jusqu'en 2029. A partir de cette date, elles augmenteront progressivement jusqu'en 2040 avec l'instauration d'un régime de transition. La ministre assure également qu'un amendement sera déposé à l'Assemblée nationale pour que les avocats conservent leur Caisse nationale des barreaux français qui restera ainsi "l'interlocuteur" et le "gestionnaire de la réserve" des retraites. 

"Je demande aux avocats de réfléchir et de regarder l’ensemble des propositions." D'après les calculs du ministère, les pensions seront plus élevées grâce au système universel. Par exemple, un avocat qui gagnerait 32.000 euros par an verrait sa pension de retraite augmenter en moyenne de 13% par rapport au régime actuel. 

Droit de critiquer les religions : "Je regrette cette phrase."

Elizabeth Martichoux est revenue sur les propos de Nicole Belloubet tenus au micro d'Europe 1 le 29 janvier. La ministre avait affirmé que "l'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave". Elle s'exprimait sur l'affaire Mila - jeune adolescente menacée de mort suite à ses vives critiques envers l'islam dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. La position de la garde des Sceaux mit vent debout les défenseurs de la laïcité. 

Sur LCI, Nicole Belloubet se défend d'avoir rétabli "un délit de blasphème" et reconnaît que son expression était "maladroite et inexacte." 

"Je n’ignore pas le droit. La liberté d’expression dans une démocratie est totale et c'est le fondement même de la démocratie. On ne peut pas menacer de mort une personne qui s’exprime librement. D'ailleurs, le droit de critiquer une religion existe au nom de cette liberté d’expression." 

La protection des mineurs dans le milieu du sport

Nicole Belloubet encourage les victimes à porter plainte pour protéger les victimes. "Je crois qu’aujourd’hui, les gens ont compris qu’une des voies d’aboutissement des sanctions pour les crimes et les infractions de cette nature est d’aller en justice. Il faut porter plainte." 

La ministre rappelle qu'il existe depuis 2004 un fichier national qui recense les condamnations des auteurs d’infractions sexuelles. "La loi prévoit un accès pour un certain nombre d’administrations ou d’employeurs comme les maires, les fédérations sportives, les agences régionales de santé. Nous incitons à utiliser ce droit d’accès."  


La rédaction de TF1info

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