CLIMAT – Après une nuit de négociations où se sont exprimées les premières tensions entre jeudi à vendredi 11 décembre, l’adoption de l’accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique à 2°C a été reportée à samedi midi par la présidence française.
"Nous préférons nous donner le temps de consulter les délégations". Il est tôt ce vendredi 11 décembre matin au Bourget, lorsque le président de la Cop 21 Laurent Fabius annonce un report de l’adoption du texte d’accord "universel". Le texte vise à limiter le réchauffement des températures planétaires à 2°C d’ici à la fin du siècle par rapport à 1880. A l'origine prévu pour vendredi soir, il "sera présenté samedi matin tôt pour une adoption à la mi-journée", précise ensuite l'entourage du ministre. "Les choses vont dans le bon sens", rassure le chef de la diplomatie à l'issue d'une nuit de négociations pour la première fois "tendue" selon les observateurs.
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Finalement, la proposition d'accord ce sera pour samedi
Pourtant, la veille, lors de la réunion du Comité de Paris, mis en place pour présenter au jour le jour les avancées aux 196 parties qui négocient, Laurent Fabius annonçait pourtant un accord pour vendredi. Une échéance qu'il avait envisagée dès l’ouverture du sommet le 29 novembre dernier mais qui n’a pas résisté à une nuit de négociations pour la première fois "tendue" selon les observateurs.
"Tout est encore possible"
Pour autant, le délai supplémentaire de quelques heures laissé pour retravailler la nouvelle version "clean" du texte n’est pas synonyme d’échec. Dans les couloirs du Bourget vendredi matin, malgré la très courte nuit de certains observateurs, l’optimisme mesuré est de mise. "La nuit a été difficile, mais on y est enfin : une majorité de pays souhaite un texte ambitieux, observe Matthieu Orphelin, le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot lors d'une conférence de presse. Tout n'est pas remis en cause après cette première nuit de tensions". "Pour cette conférence climatique, le travail s’est fait toute l’année, cela ne se fait pas en plénière. Nous avons moins de 24 heures, mais il va y avoir un accord", assure, confiante, Monica Araya, ex-négociatrice du Costa Rica – un bon élève de la lutte contre le changement climatique. Cette observatrice, à la tête du think tank Nivela, tient à souligner l'exemplarité de la diplomatie française dans sa façon de mener des négociations "difficiles quand il y a plus de 190 pays".
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Pour Arnaud Gossement, professeur en droit de l’environnement à l’université Paris-I, il n’y d’ailleurs aucun "suspens". "Tout le monde part du principe qu’il y aura un accord", commente cet ancien de France nature environnement (FNE). Sous pression, Yannick Jadot, eurodéputé EELV, qui erre dans les couloirs du Bourget, sait "qu'on rentre dans le dur dans les négociations". "Tout est encore possible", regrette cet ancien de Greenpeace. "Ce n’est pas gagné, mais à l’heure actuelle, on ne peut pas conclure que l’accord va capoter ou va être minimaliste", rassure pour sa part Jean-Marc Nollet, député écologiste belge, ancien ministre de l’Energie du gouvernement wallon. "Si on exclut l’Arabie Saoudite et le Venezuela, qui ne ratifieront pas l’accord, l’horizon d’un objectif commun de limiter le réchauffement climatique bien en-dessous des 2°C ainsi que d’accentuer les efforts pour tendre vers 1,5°C est partagé", affirme cet habitué des Cop.
Un texte encore "imprécis" et "insuffisant" ?
En revanche, si tout le monde s’accorde dans son optimisme, le contenu du traité, lui, ne convainc pas tout le monde. Dévoilée jeudi soir vers 21 heures, la dernière version étayée du texte d’accord - passée de 29 à 27 pages - a été diversement accueillie par les ONG, qui redoutent le pire. En cause : la mention d’une taxe sur les émissions de carbone a été liquidée à la demande des pays pétroliers, dont l’Arabie Saoudite. Et puis, les mécanismes de révision des contributions des Etats en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’ont pas été fixés. Par ailleurs, tous les financements de l'adaptation au changement climatique des pays vulnérables ne sont pas assurés et le caractère contraignant de l'accord est mis en doute, etc. "C’est un texte insuffisant. Les mécanismes proposés pour lutter contre le réchauffement climatique ne sont pas à la hauteur des enjeux", déplore ainsi Jean-François Julliard de Greenpeace. "Le texte parle de neutralité des émissions de gaz à effet de serre. C'est regrettable", car cela donne "la possibilité pour les Etats de continuer à émettre du CO2 en organisant la capture et le stockage du carbone", fustige Geneviève Azam, économiste toulousaine et militant d’Attac.
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Pour autant, les négociations entre les blocs de pays ne sont pas au point mort. Loin de là. Et des compromis peuvent encore être trouvés. "Il faut sécuriser les avancées obtenues hier", plaide Célia Gautier, du Réseau action climat- France (RAC). "Il faut comprendre que c’est un accord-cadre qui ne peut pas rentrer dans les détails, nuance de son côté le juriste Arnaud Gossement. C’est surtout un accord qui sera ce qu’on en fera". L’ancienne navigatrice Isabelle Autissier, présidente du WWF-France conclut : "La présidence française a fait le job. Grâce à cette Cop 21, on a une véritable prise de conscience planétaire du changement climatique". Il reste désormais moins de 24 heures aux 195 pays participants pour la traduire en actes.
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