AVENTURE - Il y a un an, Stéphanie et Jérémie Gicquel, un couple de Français, sont partis traverser l’Antarctique. Ils ont fait de leur expédition un livre, un film et proposent des conférences dans le cadre de la COP 21 qui s'ouvre lundi au Bourget. Leur but : sensibiliser le grand public à ce continent méconnu, menacé par le réchauffement climatique.
Elle est menue, si menue. 50 kg à vue de nez, de grands yeux noirs, l’air décidé. Là, elle est dans un café, tranquillement installée, à papoter. Et pourtant. Il y a un an, Stéphanie Gicquel s’envolait pour traverser l’Antarctique à ski avec son mari, en passant par le Pôle sud. Quelque 2045 km, en 74 jours, pour parcourir ce désert gelé, grand comme 25 fois la France. Seules 26 personnes ont pour l’instant tenté l’épopée. Ils sont les premiers français. Stéphanie détient le record de la plus longue expédition en ski réalisée par une femme. Mais tout cela, c’est accessoire.
"On n’est pas des aventuriers professionnels, On n’est pas comme Jean-Louis Etienne ou Nicolas Vanier à vivre de ça", précise Stéphanie. Pas du tout même. Dans leur vie parisienne, ils sont tous deux avocats. Mais ils ont la bougeotte, et l’envie de découvrir le monde. "Quand on était jeunes, nous ne voyagions pas souvent, car nous étions dans des familles modestes", explique la jeune femme. Ils ont commencé à arpenter le monde pendant leur école, et se sont découvert une passion pour les extrêmes. "Un jour, on est allé au Spitzberg (en Norvège, ndlr) et on a trouvé ces paysages démentiels." Ils se plaisent dans le froid, et commencent à enquiller : Groenland, Pôle nord, avec des allers-retours dans les Alpes pour s’entraîner aux conditions extrêmes.
En 2010, ils partent vers le sud, à Ushuaïa (Argentine), et découvrent en bateau la péninsule antarctique. Coup de foudre. "On a vu les icebergs, les manchots. On a voulu voir ce qu’il y avait derrière", raconte Stéphanie, les yeux qui brillent. Ils veulent repartir, traverser ce continent. L’idée est folle : rares sont ceux qui l’ont fait. "On s’est renseigné, on a lu des récits d’expéditions, rencontré des aventuriers...", raconte Stéphanie. Les petits cailloux se sont posés un par un, et le projet devient, au fur et à mesure, plus envisageable. "Et on s’est lancé : on s’est entraîné, préparé, on a recherché des sponsors, rencontré des aventuriers, des scientifiques, des professionnels, acheté du matériel et on a établi un itinéraire à partir d’images satellites."
Quatre ans plus tard, Stéphanie et Jérémie sont prêts. Elle quitte son job, lui se met en disponibilité. Ils embarquent dans un avion pour le Chili. De là, ils gagnent une base en Antarctique, prennent un bimoteur qui les déposent sur la cote. Ils sont lâchés seuls, avec leurs skis et leurs deux traineaux de plus de 50 kg. Et ils sont déjà très, très fatigués. "La préparation a été difficile, j’avais attrapé la grippe au Chili", explique Stéphanie. "On a commencé lentement, en faisant huit heures par jour, pour s’assurer d’avoir huit heures de sommeil." Les journées s’organisent, toutes sur le même rythme. "On marche une heure, on s’arrête 10 minutes, puis entre 12 et 13 heures, on monte la tente pour manger. Il fallait repartir vite, car on ne peut pas s’arrêter une heure dans le froid", détaille Stéphanie.
Traverser l’Antarctique, ce n’est pas une promenade de santé. C'est plutôt une lutte, sans cesse, contre les éléments. Ne plus sentir ses doigts, mais sentir le vent glacé sur le visage, la fatigue, la faim qui tenaille... Il y a des jours aussi où le brouillard blanc remplace le vaste ciel bleu. Là, l’horizon disparait, le sol aussi, il faut avancer le nez sur sa boussole. Avec, toujours, le vent, en pleine face. "On passe un peu par toutes les phases", raconte Stéphanie. Entre manque de sommeil, nourriture qui se raréfie et températures extrêmes, parfois leur parcours vire au calvaire. "Ce que l'on ressent dans ces moments-là, c’est l'envie de survivre", témoigne Stéphanie.
L’un trace la route devant, dans la neige. L’autre suit. Chaque heure, ils alternent. "Cela nous a aidés, d’être un couple", raconte la trentenaire. "On connaît les points forts et faibles de l’autre, on sait comment il réagit en cas de problème, on se répartit les tâches en fonction de nos capacités."
Pendant 40 jours, Stéphanie et Jérémie naviguent avec leur boussole, au milieu de ce qui ressemble à un grand océan glacé. Ils arrivent au Pôle sud, 916 km très précisément après le départ de leur odyssée. Et doivent aussitôt repartir. Presque une course contre la montre. "Au retour, on marchait 10, 12 heures. Il fallait arriver à temps pour attraper le dernier avion qui quittait l’Antarctique, le 28 janvier", explique Stéphanie. "Après, c’est la nuit polaire : il fait trop froid et il n’y a plus de liaison avec le continent."
Bilan de cette expérience hors du commun ? "L’épanouissement qu’on en retire est à la hauteur des obstacles", explique Stéphanie. "Les paysages sont à couper le souffle, sans aucune construction humaine, sans faune, ni flore. On a l’impression d’être sur une autre planète. On se rend compte de la richesse de notre planète, on se dit qu’il faut y faire attention." La jeune brune parle aussi d'un lien, un attachement presque instinctif : "Il y a une attraction très forte pour ce continent, qui est difficile à expliquer. Comme si je venais de là-bas", dit-elle. "Quand j’en suis partie, le 28 janvier dernier, j’ai ressenti une très forte émotion, la peur de ne jamais remettre les pieds sur ce continent. Tu sais que tu fais partie de ce petit groupe de personnes qui l’ont arpenté. C’est très, très fort."
Surtout, le couple a voulu partager. Témoigner. Pour la première fois, ils sont partis en se donnant pour objectif de faire un film. D’abord pour faire passer le message que n’importe qui peut réaliser ses objectifs. Mais aussi faire connaître au grand public, aux enfants ce pôle méconnu, sensibiliser sur le réchauffement climatique. "Le Pôle sud n’est même pas dans les programmes scolaires", souffle Stéphanie. "Pourtant, les enjeux sont énormes. Là-bas, notamment sur les côtes, les températures augmentent dix fois plus que sur le reste du globe. Des icebergs gros comme des départements français se décrochent, la fonte modifie la salinité des eaux… " Ils ne sont pas scientifiques. Mais pensent que faire connaître l’Antarctique d’une manière différente, à travers un film, des photos, peut toucher autant que les mots des savants.
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