ECONOMIE - Alors que le gouvernement tente d'aider les entreprises à surmonter la crise du coronavirus, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé ce vendredi que ces dernières ne devaient pas verser de dividendes. "Et nous veillerons à ce que ce soit respecté", a-t-il insisté.
"Si les entreprises ont besoin de trésorerie et qu'elles demandent l'aide de l'Etat, elles ne peuvent pas, elles ne doivent pas verser de dividendes, et nous veillerons à ce que ce soit respecté". Le message a été martelé ce vendredi soir par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire sur BFM TV, qui a appelé les entreprises au "sens civique".
"L'interdiction de versement de dividendes lorsque vous bénéficiez d'une aide de trésorerie de l'Etat, que ce soit un report de charges (sic) sociales ou fiscales, ou d'un prêt garanti par l'Etat (...) c'est une façon de dire : 'Nous sommes tous solidaires'", a-t-il expliqué. Les entreprises ayant payé des dividendes ne pourront pas bénéficier de la garantie de l'Etat pour contracter de nouveaux emprunts, et si elles ont bénéficié d'un report de charges, elles "se verront obligées de rembourser cette avance de trésorerie (...) avec une pénalité d'intérêts", a-t-il détaillé.
Bercy a cependant précisé que ces mesures ne prendraient pas la forme d'un projet de loi comme l'avait initialement évoqué quelques heures plus tôt auprès de l'AFP Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. "J'invite avec beaucoup de gravité et de fermeté toutes les grandes entreprises qui ont recours au dispositif exceptionnel de chômage partiel à faire preuve de la plus grande modération dans le versement des dividendes", a également indiqué Bruno Le Maire.
Un encadrement réclamé par les syndicats
Ces annonces ont été jugées toutefois "insuffisantes" pour l'ONG Oxfam, engagée dans la lutte contre l'inégale répartition des richesses à travers le monde. Pour Quentin Parrinello, son porte-parole, "la mesure annoncée est clairement insuffisante. En cette période de crise, l’Etat doit jouer son rôle. On ne peut pas juste se reposer sur le 'sens civique' des entreprises, l’Etat ne doit pas juste 'inviter', même avec 'gravité' ou 'fermeté', il faut imposer ! Le simple 'report' de dividendes au mois de septembre est tout simplement irresponsable", a-t-il réagi, appelant le gouvernement à adopter une ordonnance en ce sens.
De son côté, la CFDT parle "d'un signal fort appelant les entreprises à la cohérence" et "se réjouit que le gouvernement réponde aussi clairement à l’une de ses revendications". "Alors que l’esprit de solidarité doit dicter chacune de nos actions, que des salariés font d’immenses efforts pour garantir la continuité des services indispensables à la population, il était inconcevable que certaines entreprises fassent le choix de récompenser en premier lieu leurs actionnaires", a indiqué l'organisation dans un communiqué.
Plusieurs entreprises ont déjà renoncé
Plusieurs grandes entreprises françaises ont déjà renoncé à verser un dividende. Parmi ces sociétés on trouve le spécialiste des affichages publicitaires JCDecaux, l'avionneur Airbus, le spécialiste des revêtements de sols Tarkett, la société de restauration d'autoroute Autogrill et le géant de la distribution Auchan Holdings. Le motoriste et équipementier aéronautique Safran a annulé ce vendredi le versement de son dividende 2019, qui devait atteindre au total un milliard d'euros.
A contrario, l'opérateur de transports Transdev, contrôlé publiquement via la Caisse des dépôts, avait indiqué mardi 24 mars qu'il verserait un dividende de 23 millions d'euros, soit la moitié de son bénéfice 2019, mais a précisé qu'il ne le ferait qu'après la crise du coronavirus terminée.
Le patronat a lui accueilli favorablement la perspective d'un gel des dividendes : "Notre position, c'est qu'une entreprise qui demande un report (de charges), c'est qu'elle a un sérieux problème immédiat de trésorerie, donc il est logique de ne pas verser de dividendes", a déclaré à l'AFP le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
La Banque centrale européenne (BCE) a, elle, demandé ce vendredi aux banques de la zone euro de ne pas verser de dividendes ni de racheter d'actions propres tant que dure la pandémie - ce que la Fédération bancaire européenne a également recommandé à ses membres, afin de leur permettre de disposer du maximum de capital pour soutenir l'économie.
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