Reconfiner ? Macron promet "de nouvelles décisions dans les jours qui viennent"

Vincent Michelon, avec le service politique TF1/LCI
Publié le 16 mars 2021 à 9h43

Source : JT 20h Semaine

RESTRICTIONS SANITAIRES - Emmanuel Macron avait écarté, fin janvier, l'hypothèse d'un reconfinement du pays, contre l'avis de certains scientifiques et médecins. La situation très tendue en Île-de-France le place cette semaine face à un nouveau choix crucial. "Nous aurons à prendre de nouvelles décisions", a-t-il prévenu lundi.

Il y a un an presque jour pour jour, Emmanuel Macron annonçait dans une allocution que la France, "en guerre" contre le Covid-19, allait se confiner pour tenter de contenir la vague épidémique. Ce scénario cauchemardesque, ni l'exécutif ni les Français ne veulent le revivre, un an après le début de la crise sanitaire. 

Après un reconfinement allégé à l'automne sous l'effet d'une nouvelle flambée épidémique, Emmanuel Macron avait pris une autre option, fin janvier. Face à l'émergence des nouveaux variants, dont le variant britannique qui avait mis le Royaume-Uni à terre, le chef de l'État avait écarté, contre l'avis de nombreux scientifiques, le scénario d'un troisième confinement total du pays. 

Depuis lors, outre le couvre-feu avancé partout à 18 heures, des mesures de restrictions locales - dont le confinement, le week-end, dans les Alpes-Maritimes et les Hauts-de-France, ont primé. Une stratégie territoriale au fil de l'eau qui pourrait être fortement perturbée par la situation épidémique de l'ïle-de-France - près de 20% de la population française à elle seule - où la flambée du taux d'incidence et la pression sur les services de réanimation risquent d'aboutir dans les prochains jours à des mesures beaucoup plus radicales. 

"Nous aurons à prendre dans les jours qui viennent, sans doute, de nouvelles décisions", a indiqué lundi Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse à Montauban en présence du chef de gouvernement espagnol. Sans en dire davantage, le chef de l'Etat a ajouté que l'exécutif travaillerait également à donner "de la visibilité aux citoyens" pour les semaines à venir.

De possibles décisions dans la semaine

En ce début de semaine, les autorités sanitaires de la région parisienne jouent un va-tout, avec le transfert de patients en réanimation vers d'autres régions afin de réduire la pression hospitalière. Jusqu'ici, l'exécutif s'était contenté de rappeler, comme il le fait depuis janvier, que "tout est sur la table". Mais ces derniers jours, comme cela avait été le cas fin janvier, l'hypothèse du confinement refait surface. "Nous faisons tout pour ne pas avoir à prendre des mesures difficiles qui pèsent sur le moral des Français, mais nous prendrons toujours les décisions nécessaires", assurait dimanche le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. 

"La situation ne s'améliore pas en Île-de-France", actait dimanche soir, sur la plateforme Twitch, Jean Castex. "On a effectivement une situation qui pèse beaucoup sur le personnel soignant et qui est tout à fait inquiétante. Et on ne s'en cache pas." Pour le Premier ministre, "recourir au confinement n'est pas exclu", même si l'objectif des mesures actuelles reste d'utiliser "toutes les armes à notre disposition pour l'éviter". Au-delà du taux d'incidence qui flambe (391 pour 100.000 habitants actuellement dans la région), Matignon précisait dimanche à LCI que d'autres facteurs étaient pris en compte, comme les hospitalisations et les entrées en réanimation.

La situation de la région capitale sera au cœur des échanges au sein de l'exécutif cette semaine, en particulier lors du nouveau conseil de défense prévu mercredi. Avec, toujours, le regard rivé sur ces données. "On est dans une période d'attente avant, peut-être, des décisions importantes dans les prochains jours", expliquait dès jeudi dernier à LCI un conseiller de l'exécutif. "Le taux d'occupation en réanimation est très important [...] On verra comment ça tient, si les transferts de patients et la mobilisation des cliniques privées suffisent." 

Encore "un peu de marge de manœuvre en réanimation"

Jusqu'ici, l'exécutif n'a donné aucun signe d'un confinement acté, en semaine ou seulement le week-end, pour la région parisienne. "Pour l'instant, il nous reste encore un peu de marge de manœuvre en réanimation", avançait ce lundi une source gouvernementale auprès de LCI, espérant que les chiffres en réanimation allaient diminuer à nouveau. "Mais si cela continue à progresser, à un moment donné, cela ne tiendra pas très longtemps."

Quelle échéance l'exécutif se donne-t-il ? Aucun calendrier sur ce point. Le gouvernement garde les yeux rivés sur l'évolution quotidienne des contaminations comme sur celle des capacités hospitalières. Un attentisme qui tranche avec les mises en garde du milieu hospitalier. Comme en janvier dernier, une partie du monde scientifique et médical multiplie les alertes sur ce point et accroît la pression sur l'exécutif. "La situation n'est pas encore hors de contrôle, mais elle va l'être", martelait lundi matin, sur France Inter, Bruno Riou, le directeur médical de crise de l'AP-HP. "J'entends beaucoup dire qu'une semaine sans confinement est une semaine de gagnée. Pour moi, c'est une semaine de perdue." Ce dernier ajoutait même : "en l'absence de décision importante, les 15 jours qui viennent sont déjà écrits". 

La communauté médicale pas unanime

Le choix s'avère plus que jamais compliqué. Le Conseil scientifique, dont le dernier avis public remontait au 12 février dernier, a rendu jeudi dernier un rapport au gouvernement sur sa stratégie territorialisée. Selon nos informations, il devrait être publié dans les prochaines heures. De quoi donner, peut-être, un éclairage complémentaire à l'exécutif, qui peine tout particulièrement à interpréter les causes de la flambée actuelle des admissions en réanimation en  Île-de-France. Une flambée au sujet de laquelle la communauté médicale ne semble d'ailleurs pas unanime. "Pour l'instant, la situation n'est pas hors de contrôle", affirmait lundi sur LCI la docteure Olfa Hamzaoui, médecin en réanimation à l'hôpital Antoine-Béclère. "On n'est pas du tout comme en mars 2020. La situation est très dynamique. Le fait de ne pas reconfiner tout de suite ne me choque pas."

Autre complication : quelle que soit sa décision, l'exécutif devra en convaincre les élus locaux. Il y a quelques jours, la maire de Paris Anne Hidalgo se positionnait contre un confinement le week-end dans la capitale, jugeant que cette décision serait "inhumaine". A contrario, la présidente du conseil régional, Valérie Pécresse, estimait lundi matin que la région était "en sursis". S'ajoute à cela le retour de la polémique sur le manque de lits de réanimation... Autant dire que, sur le plan politique également, la semaine qui vient sera celle de toutes les turbulences. 

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Vincent Michelon, avec le service politique TF1/LCI

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