DÉMOCRATIE - L'ensemble de l'opposition a refusé de prendre part au vote approuvant les nouvelles restrictions sanitaires annoncées par Emmanuel Macron. Très remontés, les députés critiquent la méthode du gouvernement et l'exercice solitaire du pouvoir du chef de l'Etat.
Au lendemain des nouvelles restrictions annoncées par Emmanuel Macron, l'opposition est en colère. Plus que des critiques sur le fond, elle a exprimé ce jeudi 1er avril des critiques sur la forme et la méthode du gouvernement. La droite et la gauche apprécient peu que le Premier ministre soit venu présenter devant la représentation nationale des mesures décidées sans concertation par l'exécutif et le président de la République, et leur demande de les approuver par un vote qui n'engage pas la responsabilité du gouvernement.
"Bérézina sanitaire"
"Quel conseil municipal, quel conseil départemental, quel conseil régional se permettrait de voter sur des décisions qui ont déjà été adoptées, qui ont déjà été édictées ? Voilà la réalité. La démocratie c'est la décision ici, et pas à côté", a déclaré Damien Abad, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, qui n'a pas pris part au vote. "Ici nous sommes le Parlement, et ce n’est pas une chambre d’enregistrement, ni une assemblée de commentateurs, spectatrice de ce qui se dit et se décide à l’Elysée. Ici on est là pour voter la loi, pas pour adouber la parole jupitérienne", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il aurait été plus courageux d'avoir recours à l’article 49 de la Constitution pour engager la confiance du gouvernement. "L’article 50-1 c’est l’arme des faibles", a-t-il estimé.
"Nous ne prendrons pas part au vote, en vous renvoyant avec l’ensemble des oppositions à votre propre isolement et en vous laissant assumer seuls cette bérézina sanitaire de votre politique, dont vous portez l’entière et l’unique responsabilité", a-t-il conclu.
Un "pilotage solitaire" du "monarque"
Le communiste André Chassaigne a également estimé que la réponse sanitaire aurait pu être construite avec les oppositions. "Vous voulez continuer à décider seuls, alors nous vous laisserons seuls pour plébisciter les décisions déjà prises", a-t-il déclaré, refusant lui aussi de prendre part au vote. "Le Président ose nous dire que ses décisions et ses échecs sont le fruit de choix collectifs, alors qu’ils sont celui d’un pilotage solitaire, d’erreurs d’appréciation, et d’un entêtement coupable. (...) Cette convocation au lendemain des annonces du président de la République est la marque du mépris le plus absolu du monarque pour le Parlement et à l’endroit du peuple."
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a lui aussi comparé le chef de l'Etat à un roi et à un monarque. "Le monarque présidentiel (…) est apparu hier soir et il a décidé au nom d’un 'nous' qui pose problème. Est-ce un 'nous' de majesté pour lui qui regrette le roi, est-ce un 'nous' pour désigner le Conseil de défense dans lequel il ourdit en secret les plans et où tout se décide ? Peu importe, le résultat sera le même : le Président a tout décidé, tout seul." "Nous refusons de voter, nous ne sommes pas votre public voué à vous acclamer. Nous en avons assez de voir l’Assemblée exclue de la discussion sur la stratégie à mettre en œuvre contre la pandémie, du mauvais suspens de ces déclarations du Président qui parle souvent pour ne rien dire et se montrer", a-t-il ajouté.
Le discours de la présidente du groupe socialiste Valérie Rabault n'était pas très différent. "Avec le débat de ce jour, vous voudriez nous faire avaliser cette situation, nous vous disons très nettement, nous ne participerons pas à cette mascarade. (…) Si vous aviez choisi de mettre votre responsabilité en jeu, nous l'aurions fait, nous aurions voté. Ne pas prendre part au vote c’est aussi vous dire que nous ne pouvons pas cautionner la manière avec laquelle vous gérez cette crise. Bien sûr, la situation est d’une incroyable complexité et aucune réponse évidente n’existe. Mais c’est justement parce qu’elle est complexe qu’elle devrait vous inciter à une réflexion partagée", a-t-elle déclaré.
Vers un boycott au Sénat
Malgré l'abstention de ces groupes d'opposition, ainsi que des groupes Libertés et Territoires, UDI et indépendants et des députés RN, l'Assemblée nationale a approuvé par 348 voix contre 9 les nouvelles restrictions annoncées par Emmanuel Macron. Le Sénat à majorité de droite devait se prononcer à son tour dans l'après-midi et le même scénario d'un boycott massif se profilait.
Ce jeudi dans Le Parisien, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a en effet critiqué la méthode d'Emmanuel Macron. "On a l’impression d’un président seul. On vit dans la République de l’oracle et dans la cacophonie des prises de parole incessantes et contradictoires des membres du gouvernement. Je le dis solennellement, on ne peut pas continuer comme ça. Jamais on n’a atteint ce niveau de verticalité sous la Ve République. J’appelle à un changement de méthode. (...) Le Parlement n'est pas une chambre d'enregistrement."
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a répondu à ces critiques sur BFMTV et RMC en faisant valoir l'existence d'un comité de liaison parlementaire et le fait qu'il y a eu "une réunion il y a une dizaine de jours" avec les représentants de l'opposition avant l'annonce des décisions mercredi soir.
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