EXEMPLARITÉ - Pour rétablir la confiance des Français dans le vaccin AstraZeneca, Jean Castex s'est fait lui-même vacciner vendredi après-midi, sans pour autant faire partie des publics prioritaires. Une stratégie qui contredit l'argumentaire jusqu'ici déployé par l'exécutif.
En matière de vaccination contre le Covid-19, la fin justifie les moyens. Quitte à revenir largement sur la stratégie de communication déployée depuis le début de la campagne, et même avant, en décembre. En annonçant qu'il se ferait lui-même vacciner pour l'exemple, vendredi après-midi à l'hôpital militaire Bégin (Saint-Mandé), Jean Castex a bouleversé l'argumentaire défendu jusqu'ici par l'exécutif, qui invoquait les règles de priorité au profit des publics vulnérables.
Un effet collatéral de la polémique autour du vaccin AstraZeneca, suspendu lundi par la France, comme par d'autres pays européens en raison de suspicions de nouveaux effets secondaires, et de nouveau autorisé ce vendredi pour les personnes de plus de 55 ans après la levée des doutes par l'Agence européenne des médicaments et la Haute autorité de santé.
"Je me ferai vacciner avec le vaccin AstraZeneca pour montrer que nous pouvons avoir confiance", a expliqué jeudi soir le Premier ministre, qui veut aussi faire de ce rendez-vous une occasion pour "dire toute [sa] confiance et [son] soutien aux professionnels de santé de ville", médecins et pharmaciens, particulièrement échaudés par les revirements au sujet du vaccin du groupe suédo-britannique. Le chef du gouvernement, âgé de 55 ans, n'était "pas éligible" à la vaccination à cette date, a précisé Matignon jeudi soir, mais il veut ainsi "montrer l'exemple".
Pour rappel, le plan de vaccination actuel priorise encore à ce jour les publics les plus vulnérables, avec l'objectif d'immuniser 10 millions de ces personnes d'ici à la mi-avril. Les personnes de plus de 65 ans sans comorbidités ne pourront en principe se faire vacciner qu'à partir de la mi-avril. Pour les adultes de plus de 50 ans, dont fait partie Jean Castex, la vaccination sera ouverte à la mi-mai.
"Rétablir la confiance"
Dans la foulée de Jean Castex, d'autres responsables politiques ont manifesté l'intention de se faire vacciner dès que possible, avec l'ambition, là encore, de sauver l'image du vaccin AstraZeneca. Ce dernier "est celui majoritairement utilisé pour les personnes résidant en foyer d'accueil médicalisé et en maison d'accueil spécialisée... Et le personnel soignant, et à ce jour sans problème identifié", a expliqué jeudi Sophie Cluzel, la secrétaire d'État aux personnes handicapées. "Avec Jean Castex, dès le feu vert donné, je me ferai vacciner avec le vaccin AstraZeneca."
En outre, une quarantaine de députés ont demandé jeudi au président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, "lancer une initiative à l'Assemblée afin que tous les députés volontaires puissent se faire vacciner dès que possible". "Cela rassurerait les Français de voir que les élus se font vacciner avec. Nous sommes prêts à apporter notre pierre au rétablissement de la confiance", a ainsi justifié Anne-Christine Lang (LaREM).
L'exécutif rejetait tout "passe-droit"
Le changement de stratégie est radical. En décembre dernier, en amont de la campagne vaccinale, l'exécutif s'en tenait au strict respect des ordres de priorité édictés par les autorités sanitaires. Il se distinguait ainsi d'autres pays, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, où des responsables politique de premier plan se mettaient déjà en scène lors de leur vaccination.
"Moi, je ne vais pas faire l'inverse de ce que je recommande pour la population", martelait ainsi Emmanuel Macron début décembre lors de son entretien chez Brut, invoquant une différence de "stratégie" entre la France et les pays anglo-saxons. "Je respecterai les directives qui me seront données, je tiens à ce que l’ensemble des dirigeants fassent comme le reste de la population, donc je me ferai vacciner quand le moment viendra de ma tranche d’âge", a répété le chef de l'État, le 25 février dernier.
"Je me serais volontiers fait vacciner dès le début de la campagne, au titre de l’exemplarité", avait de son côté expliqué Jean Castex. "Mais je ne voudrais pas que ce soit interprété comme un passe-droit par rapport aux priorités établies par la Haute autorité de santé".
Le 9 décembre, lors de la Grande Confrontation sur LCI, Olivier Véran s'en était également remis aux critères de priorisation, craignant que, s'il se faisait immédiatement vacciner, on le suspecte "d'avoir boulotté la dose d'une personne plus fragile". Le ministre de la Santé est cependant devenu le premier membre du gouvernement à se faire vacciner avec une dose d'AstraZeneca, le 8 février dernier, en vertu de son statut de soignant.
Ce revirement a un motif concret. Les doutes émis et la polémique autour du vaccin AstraZeneca font redouter à l'exécutif que la population cible ne se détourne de la vaccination. Or les livraisons du groupe suédo-britannique, même revues à la baisse par le laboratoire, constituent un élément central de la stratégie qui doit permettre d'immuniser les deux tiers de la population majeure dans le pays d'ici l'été. Remobiliser l'opinion vaut bien, aux yeux de l'exécutif, un gros coup de canif dans le plan initial.
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