INFO OU INFOX ? - Invité de France Info, samedi 12 septembre, le député LR des Alpes-Maritimes a fustigé l'absence de contrôles aux frontières dans la stratégie française de lutte contre la propagation du Covid-19.
Alors que la propagation du coronavirus ne se dément pas en cette fin d'été, plusieurs responsables politiques, notamment à droite, réclament une accentuation des contrôles aux frontières, voire leur fermeture. C'est le cas de Marine Le Pen, qui s'en étonnait cette semaine sur France Inter, et plus récemment encore du député LR Eric Ciotti, qui soutenait, ce samedi sur France Info, "qu'il n'y a toujours aucun contrôle aux frontières". Et d'affirmer : "Je pense que si on avait fermé plus tôt les frontières, on aurait éliminé sans doute beaucoup de cas qui sont arrivés, notamment cet été".
Il n’y a toujours pas de contrôle aux frontières et de mesures fortes vis à vis de ressortissants de pays à risque comme l’a déjà fait le Royaume-Uni Le tabou des frontières a mis en danger les Français, de nombreux voyageurs à risque n’auraient pas dû rentrer en France cet été pic.twitter.com/8rUcb1wXZs — Eric Ciotti (@ECiotti) September 12, 2020
Une déclaration qui invite à poser deux questions : est-il vrai que la France ne procède à aucun contrôle aux frontières ? Et sont-ce les cas importés qui constituent le "gros" des nouvelles contaminations constatées ces dernières semaines ?
Des contrôles pour les pays non-européens
S'agissant des contrôles aux frontières, Eric Ciotti est partiellement dans le vrai. Pour les pays européens, les restrictions ont été levées depuis le 15 juin et les ressortissants de ces pays peuvent donc entrer librement sur le territoire. La France avait bien annoncé une mesure de quatorzaine aux personnes revenant du Royaume-Uni, après que nos voisins d'outre-Manche l'aient imposé de leur côté au mois d'août, mais elle se fait toujours attendre. Même si le site du quai d'Orsay précise que "les personnes en provenance de l'espace européen sont dispensées de quatorzaine, sauf éventuel cas particulier, notamment en application de mesures de réciprocité".
Mais ce qui est vrai pour l'UE et l'espace européen (Norvège, Andorre, Liechtenstein, Royaume-Uni, Saint-Marin, Vatican, Suisse, Monaco, Islande) est faux pour le reste du monde. Il suffit d’aller sur le site du ministère des Affaires étrangères pour le vérifier. La libre entrée en France est conditionnée à "des situations dérogatoires spécifiques", qui concernent par exemple les étrangers qui vivent en France. Et, même dans ces cas-là, un décret en date du 10 juillet impose des restrictions. Les voyageurs en provenance des Etats-Unis, du Panama, de Bahreïn ou des Emirats arabes unis, pays où la circulation du virus reste très active, doivent ainsi présenter un test négatif de moins de 72 heures avant l'embarquement.
Un impact incertain sur les contaminations
Pour une trentaine d'autres pays (Brésil, Algérie, Turquie, Liban..), ce test est fortement recommandé. S'ils n'ont pu le faire dans les délais impartis, il leur restera la possibilité de le faire sur le territoire français, à l'aéroport. Au cas où le passager présenterait des symptômes à son arrivée, le préfet doit décider d'une mise en quarantaine en attendant les résultats du test.
Faut-il voir dans cette relative ouverture des frontières l'origine des nombreux nouveaux cas observés ces dernières semaines, comme l'affirme Eric Ciotti ? La réponse à cette question est inconnue : en effet, le seul chiffre public concerne les tests dans les aéroports parisiens, et ne concerne qu'une seule semaine. Ainsi, selon Santé Publique France, pour la semaine du 17 août, sur 16 171 tests réalisés dans les aéroports parisiens, 570 étaient positifs. Un chiffre à relativiser, comparé aux 26 890 détectés dans tout le pays, sur la même semaine. Difficile, donc, d'apprécier correctement l'affirmation d'Eric Ciotti à ce sujet, même si la seule statistique exploitable tend à le contredire.
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