Est-il vrai que le Conseil scientifique n'avait "pas demandé la fermeture" des petits commerces ?

Publié le 10 novembre 2020 à 19h28
Est-il vrai que le Conseil scientifique n'avait "pas demandé la fermeture" des petits commerces ?
Source : ROMAIN LAFABREGUE / AFP

NUANCE - Interrogé sur France Info, Yannick Jadot a demandé la réouverture des petits commerces ce mardi, arguant que le Conseil scientifique n'avait pas demandé leur fermeture. Qu'en est-il réellement ?

Ils sont à l'agonie depuis bien trop longtemps. Après un premier confinement qui a mis à mal leur économie, face à la concurrence d'Amazon, et des grandes surfaces, voilà que les petits commerces ont dû fermer en pleine période d'achats des cadeaux de Noël et à quelques jours du "Black Friday". Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, le gouvernement a en effet décidé que les magasins de proximité dits "non essentiels" ne pouvaient continuent leur activité. Une décision que ne comprend pas Yannick Jadot. Ce mardi 10 novembre, l'élu écologiste a donc demandé la réouverture de ces magasins arguant que le Conseil scientifique n'avait pas demandé leur fermeture. Si cette information est vraie dans le cadre du couvre-feu, l'instance n'évoquait pas ces établissements dans le cadre d'un confinement plus large.

Trois options différentes

Comme d'habitude, cette instance, chargée d'éclairer la décision du gouvernement pour lutter contre le coronavirus avait rendu un avis peu avant la mise en place d'un nouveau confinement. Mis en ligne et publié  le 26 octobre, les experts y développaient trois scénarios différents pour lutter contre ce qui était décrit comme "une deuxième vague entraînant une situation sanitaire critique". Parmi les trois possibilités, la première était tout simplement de continuer les "mesures actuelles sans décisions supplémentaires". Une option que n'avait "pas retenue par le Conseil scientifique". La deuxième était un "couvre-feu sanitaire étendu, pouvant aboutir à un confinement". Dans ce cadre-là, l'instance qui a pour mission de guider les décisions de l'exécutif sur la crise sanitaire préconisait que cette consigne "généralisée" soit accompagnée "de mesures additionnelles". La liste des consignes, très précise et complète, comprenait notamment la "fermeture des bars durant la journée" et "l'ouverture des restaurants uniquement en journée". Mais aussi "l'ouverture des petits commerces, notamment alimentaires" et une "jauge strictement limitée pour les grandes surfaces".  Dans ce cadre-là, où les déplacements seraient "autorisés sans restriction", le Conseil scientifique évoquait bien la question des magasins de proximité.

Sauf que la France n'est pas réellement dans ce cas de figure, mais plutôt dans le troisième proposé. À savoir un confinement "aménagé" qui permettrait de "frapper fort sans attendre", afin d'espérer "avoir un impact plus important sur la dynamique de l’épidémie et au final mieux protéger la population et l’économie". "Plus souple" que celui du printemps, selon les propos de l’instance, il est cependant beaucoup moins précis que celui du scénario numéro 2. Ainsi la seule chose préconisée est une grande ligne de conduite. À savoir de "préserver une part importante de l'activité économique et sociale" avec un confinement appliqué à tous "à l’exception des personnes participant à des activités jugées prioritaires". Parmi celles-ci, l'avis cite "un grand nombre d’activités économiques" afin de "limiter les conséquences délétères de l’épidémie", sans toutefois donner une liste exhaustive. C'était l'option préconisée par le Conseil scientifique qui estimaient qu'elle serait "la plus efficace sur le plan sanitaire". Et celle sélectionnée par le gouvernement. 

Ce Conseil présidé par Jean-François Delfraissy n'avait donc en effet pas demandé la fermeture de ces établissements. Mais il n'avait pas non plus fait d'autres préconisations de ce type. Il avait simplement donné des axes de décision. De cette manière, il s'inscrit totalement dans sa mission, à savoir celle d'éclaircir l'exécutif sans devenir un "pouvoir médical". Comme le rappelait son président le 11 septembre dernier, les décisions sont "aux mains du politique".

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Felicia SIDERIS

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