Pass vaccinal : menaces et agressions d'élus se multiplient et inquiètent le gouvernement

Publié le 30 décembre 2021 à 12h29, mis à jour le 30 décembre 2021 à 19h18

Source : TF1 Info

DÉMOCRATIE - Avant le vote du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal, de nombreux élus sont victimes d'intimidations, menaces de mort et agressions. Le ministère de l'Intérieur souhaite accroître leur protection.

Réveillé en pleine nuit par les pompiers après l'incendie de son véhicule à son domicile. C'est ce qui est arrivé au député LaREM de l'Oise Pascal Bois ce mercredi 29 janvier. Les inscriptions hostiles taguées sur le mur entourant son pavillon laissent penser que les auteurs sont des opposants au pass vaccinal. Alors que le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal a été adopté en commission et sera voté ces prochains jours par le Parlement, les agressions et intimidations envers les élus se multiplient. 

"Ce sont des groupes qui n’ont pas le respect de la représentation démocratique, du suffrage universel, du résultat des urnes, du fonctionnement de notre démocratie", a constaté Pascal Bois ce jeudi sur LCI. "C’est une intimidation pour que je sois dans le renoncement mais il n’est pas question de céder à ce type d’intimidations et de gestes irresponsables", a ajouté celui qui a porté plainte. Outre la "pluie de mails décriant des attaques aux libertés" qu'il reçoit, le 19 novembre après le vote sur le pass sanitaire, avec six autres parlementaires de son département, il avait été l'objet de menaces de mort dans un courrier contenant une balle. 

Pascal Bois n'est pas le seul élu visé. Le 28 décembre sur Twitter, le député LaREM d'Eure-et-Loir Guillaume Kasbarian a indiqué avoir reçu des menaces de mort et porter plainte. "Aucune menace ne viendra entraver mon travail quotidien au service des Français. Notre démocratie est plus forte que les semeurs de haine qui tentent vainement de l'abîmer", avait-il écrit dans un tweet.

Mercredi, la députée des Yvelines Aurore Bergé a indiqué qu'elle porterait plainte contre le professeur de philosophie René Chiche qui a comparé le pass vaccinal au statut de Juifs de 1940. "J'en ai marre, matin, midi et soir, de me faire traiter de nazi ou de collabo, uniquement parce qu'on a un vaccin qui est mis à disposition de l'ensemble des Français et qu'on demande aux Français d'abord de se protéger eux-mêmes et aussi de faire preuve de solidarité, de fraternité vis-à-vis de celles et ceux qui sont fragiles et qui pourraient avoir besoin de cette immunité collective", a expliqué la députée. Sur Twitter, elle a également été l'objet d'un photomontage appelant à la tondre, sort réservé aux femmes soupçonnées d'avoir collaboré lors de la Seconde Guerre mondiale - un message depuis retiré par Twitter.

Une autre députée de la majorité, Yaël Braun-Pivet, a été destinataire d'un courriel extrêmement menaçant où l'on peut lire : "Si vous ne votez pas non au texte, toute la France se souviendra de l'Assemblée nationale comme un gigantesque bain de sang".

Jacques Marilossian (LaREM) a également reçu un message particulièrement violent via son site. "Tu seras décapité sur la voie publique, ton sang viendra tâcher le goudron, ta tête finira dans la bouche d'égouts, je te le promets, ça va très mal se terminer, la dictature sanitaire, les politiques au pouvoir, n'auront pas le dernier mot, la tyrannie COVID-19, c'était les gouttes de trop", est-il écrit dans ce message signé par "un résistant anonyme". 

Le gouvernement promet plus de protection et plus de sanctions

Ce jeudi matin, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a annoncé qu'il ferait un "point précis" en janvier avec les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et de la Justice Éric Dupond-Moretti sur ces menaces et agressions contre des élus. Il s'agira "à la fois de recenser l'état de la situation, de vérifier que les plaintes ont bien été suivies de recherches et voir où on en est en termes de justice derrière, parce que les auteurs des méfaits doivent évidemment être sanctionnés", a-t-il précisé sur RTL. 

Le ministre de l'Intérieur a adressé mercredi un télégramme aux préfets leur demandant de renforcer la protection des élus "dans le contexte de l'examen du projet de loi du pass vaccinal"

Dans ce document, que nous avons pu consulter, Gérald Darmanin réclame notamment la systématisation des patrouilles de police et de gendarmerie aux abords des domiciles et des permanences des élus et l'accompagnement des élus lors du dépôt de plainte. Il demande également aux préfets d'assurer "une veille des réseaux sociaux pour détecter les messages de haine et les signaler au plus vite à la plateforme Pharos". 

Aussi, face à la recrudescence des menaces de mort à l'encontre des députés, une référente avait été désignée fin novembre au sein des services de l'Assemblée nationale pour "recueillir les signalements" et "conseiller" les élus dans leurs démarches éventuelles. 

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, du 1er janvier au 24 octobre 2021, 1.127 fait d’atteintes aux élus ont été recensés, en augmentation de 3% par rapport à la même période de 2020. Une très forte augmentation avait également été constatée en juillet 2021 autour de l'adoption des nouvelles mesures sanitaires.

Selon la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), sur 163 victimes signalées entre le 7 septembre et le 30 décembre, 48% étaient des maires et 37% des députés. Parmi les affaires, 22% concernaient des faits de violences, 57% des outrages et menaces et 10% des dégradations.


Justine FAURE

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