"Emmerder les non-vaccinés" : l'opposition se ligue contre les propos d'Emmanuel Macron

Y.R
Publié le 5 janvier 2022 à 10h34

Source : TF1 Info

RÉACTIONS - Dans un entretien avec les lecteurs du "Parisien" Emmanuel Macron a affirmé avoir "très envie" "d'emmerder les non-vaccinés". Des propos vigoureusement condamnés par toutes les oppositions.

"Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder." Dans un entretien au Parisien, mis en ligne mardi 4 janvier au soir, Emmanuel Macron a rejoué la carte de la provocation. À une question d'une lectrice soulignant que les non-vaccinés "occupent à 85% les réanimations", ce qui entraîne un report des opérations, le président de la République s'en est pris à la "toute petite minorité qui est réfractaire" à la vaccination. "Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l'emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. (...) Eh bien là, les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder", a-t-il déclaré. "Et donc on va continuer de le faire, jusqu'au bout. C'est ça, la stratégie."

Des mots crus qui ont valu au locataire de l'Élysée, toujours pas déclaré candidat à sa réélection malgré son "envie", de voir ses adversaires politiques se liguer contre lui. "Il fait de la vaccination un référendum pour ou contre Macron. Il en fait un plébiscite, ça c'est une faute politique", a dénoncé le candidat EELV à la présidentielle Yannick Jadot, invité de Ruth Elkrief sur LCI. "Vous pensez qu'en les insultant il va les convaincre de se faire vacciner ? Il aime bien faire des petites formules, ça fait buzzer. Ça montre une fois de plus son mépris pour les Françaises et les Français. (...) Les Français, on en marre d'être divisés."

"Un Président ne devrait pas dire ça"

"Le Président maîtrise-t-il ce qu'il dit ? L'OMS dit 'convaincre plutôt que contraindre'. Et lui? 'Emmerder davantage'. Consternant", a déploré sur Twitter le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Le candidat PCF Fabien Roussel, lui, a fustigé un "propos indigne et irresponsable du président de la République." "Sept millions de Français vivent dans des déserts médicaux et sont éloignés des soins, comme du vaccin. Il les 'emmerde' aussi ?", s'est-il interrogé dans un tweet

"Un Président ne devrait pas dire ça", a écrit Marine Le Pen, en référence au titre du livre des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans lequel François Hollande se livrait à des confidences explosives. "Le garant de l'unité de la Nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction", a poursuivi la candidate RN, pointant plus tard "une faute politique, mais aussi une faute morale lourde." 

"Président, j'arrêterai d'emmerder les Français", a de son côté tweeté Éric Zemmour. "Le président sortant, lui, parle ouvertement d'emmerder une catégorie de Français." Pour le candidat du parti d'extrême droite Reconquête, "Emmanuel Macron dit bel et bien : 'J'ai envie d'emmerder'. Ce n'est pas seulement la déclaration cynique d'un politicien qui veut exister dans la campagne présidentielle. C'est la cruauté avouée, assumée, qui parade devant des Français méprisés."

Avis de tempête à l'Assemblée nationale

Dans le camp des Républicains, la candidate Valérie Pécresse s'est montrée toute aussi offensive. "J'ai été indignée par les propos du président de la République. (...) L'insulte n'est jamais la bonne solution. Il faudra mettre fin à ce quinquennat du mépris et je veux y mettre fin", a-t-elle réagi publiquement sur Cnews, mercredi 5 janvier. La veille, l'entourage de la présidente de la région Île-de-France avait déjà commencé à lui préparer le terrain. "Aucune urgence sanitaire ne justifie de tels mots", a estimé sur Twitter le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau. "Emmanuel Macron dit avoir appris à aimer les Français, il aime surtout les mépriser. On peut encourager à la vaccination sans insulter personne ni pousser à la radicalisation." 

Il n'y a d'ailleurs pas que sur les réseaux sociaux que les déclarations de l'ancienne ministre de l'Économie ont fait réagir. Il a provoqué un tollé à l'Assemblée nationale, alors que les députés examinent actuellement le projet de loi sur le pass vaccinal. Jusque tard dans la nuit, les élus d'opposition ont multiplié les suspensions de séance et demandes de rappel au règlement, avant d'exiger, en vain, la venue du Premier ministre Jean Castex, dans un hémicycle survolté. "Un président ne peut pas tenir les propos qui ont été tenus", a lancé le président des Républicains Christian Jacob, tandis que le chef de file des députés LR Damien Abad a condamné des propos "indignes, irresponsables et prémédités" qui relèvent d'un "cynisme puéril"


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