Covid-19 : "Plus on confine tôt, plus ce sera court", affirme Philippe Juvin

par Léa LUCAS
Publié le 26 janvier 2021 à 10h17, mis à jour le 26 janvier 2021 à 10h29

Source : TF1 Info

CORONAVIRUS - Invité sur LCI ce mardi matin au micro de Jean-Michel Apathie, le maire LR de La Garenne-Colombes et chef de service aux urgences de l'Hôpital Georges Pompidou appelle à un troisième confinement au plus vite, à condition d'avoir une véritable "stratégie d'éradication de l'épidémie."

Au lendemain de la dégradation de la situation sanitaire en France, avec la barre des 3.000 personnes en réanimation franchie, et presque 27.000 hospitalisations liées au Covid-19, plusieurs voix s'élèvent pour reconfiner la population française rapidement. Alors que la circulation du variant anglais contribue à dégrader ces indicateurs sanitaires depuis plusieurs semaines, plusieurs pays européens se sont reconfinés début janvier. Bon nombre de professionnels de la santé se demandent pourquoi cette même mesure n'a pas été prise au sein de l'Hexagone. Une question que le président Emmanuel Macron ne tranchera pas avant ce samedi. Il voulait laisser une chance au couvre-feu avancé à 18h de fonctionner.

Philippe Juvin fait partie de ces spécialistes qui tirent la sonnette d'alarme. "Plus on confine tôt, plus ce sera court", affirme-t-il ce matin sur LCI. Mais le médecin et maire LR recommande de ne pas confiner de manière "aveugle". Il suggère au gouvernement de mettre en place une véritable "stratégie d'éradication de l'épidémie"

"Il faut donner de l'espoir aux gens" explique-t-il, en leur disant "c'est la der des der (dernière fois, ndlr)." Et "plus on tarde, plus ce sera long et difficile", insiste-t-il encore. Selon lui, si aucune mesure n'est prise par le gouvernement dans les jours à venir, la France sera confrontée à une situation similaire au Royaume-Uni, avec des hôpitaux saturés, d'ici "mi ou fin mars"

Une campagne de vaccination "trop lente"

Le maire de la Garenne-Colombes estime néanmoins qu'une voie de sortie est possible avec "une vaccination massive de la population, on peut s'en sortir". Même si l'objectif du million de vaccinés d'ici fin janvier est atteint, cela reste "trop lent" selon lui. Ce qu'il rappelle sur son compte Twitter en pointant du doigt le mauvais positionnement de la France à l'échelle européenne. 

Produire les vaccins en France

"Il faut aller plus vite", s'obstine-t-il. Pour ce faire, il encourage le gouvernement à collaborer plus étroitement avec les communes et à ouvrir davantage de centres de vaccination sur l'ensemble du territoire. Mais encore faut-il que ces centres soient approvisionnés en doses de vaccins. Ce qui n'est pas le cas dans beaucoup de villes françaises, au même titre que dans sa propre commune. Ce dernier regrette en effet de ne recevoir que 420 doses par jour au lieu de 1.400 comme prévu. 

Afin de pallier cette pénurie, le médecin suggère d'acheter les licences aux laboratoires pharmaceutiques afin de monter des chaînes de fabrication au sein de l'Hexagone et de privilégier une production locale des vaccins. Autre proposition ? Gagner du temps en instaurant une autorisation automatique de l'Agence européenne des médicaments (AEM) à s'approvisionner auprès du même fabricant de vaccins qu'un voisin européen. D'après lui, lorsque des vaccins, comme Oxford/AstraZeneca ou Moderna, sont autorisés en Royaume-Uni, ils devraient l'être dans les pays aux "standing sanitaires" identiques. 

Par ailleurs, l'auteur du livre Je ne tromperai jamais leur confiance (Gallimard), titre inspiré du serment d'Hippocrate, s'est fait une fois de plus épingler pour ses propos contradictoires tenus au printemps dernier. "Ce n'est pas une grippette. La situation est préoccupante", avait-il évoqué le 2 mars dernier. Avant de commenter, quatre jours plus tard, au sujet des personnes ne souhaitant plus aller au travail de peur d'être infectées : "Tout ça est irrationnel, pas de panique"

Ce à quoi il n'a pas manqué de rétorquer ce matin : "C'est le journal de quelqu’un qui découvrait une réalité différente tous les jours de celle qu'on nous donnait d'en haut (le gouvernement, ndlr)." "Quand on panique, on fait n'importe quoi", réitère-t-il ce mardi. C'est pour ça qu'aujourd’hui, "il faut tirer des leçons de nos erreurs"


Léa LUCAS

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