CLIVAGE - En estimant que les non-vaccinés sont "irresponsables" et qu'"un irresponsable n'est plus un citoyen", Emmanuel Macron a provoqué la colère de l'opposition. Elle l'accuse de créer une "déchéance de citoyenneté" et de fracturer la société.
Une phrase polémique peut en cacher une autre. Si la phrase la plus commentée de l'interview d'Emmanuel Macron dans Le Parisien a été "les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie", une autre a également retenu l'attention de l'opposition politique. Un peu plus loin, le chef de l'Etat poursuit sa réflexion et déclare : "Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen".
Quelques heures seulement après la publication de ces propos, le groupe LFI à l'Assemblée nationale a dénoncé l'instauration d'une "déchéance de citoyenneté". Réclamant la venue du Premier ministre dans l'hémicycle pour s'expliquer sur cette interview et réclamant une suspension des débats, la présidente du groupe Mathilde Panot a déclaré : "Nous ne continuerons pas à discuter d’un texte que vous avez présenté comme la protection des Français et qui est en fait un texte qui est là pour emmerder une partie des Français, qui invite la déchéance de citoyenneté".
"Le Président Macron considère donc que 5 millions de Français ne sont plus citoyens. Après la déchéance de nationalité, la déchéance de citoyenneté", a également tweeté la députée insoumise Clémentine Autain mardi soir. "Quand Emmanuel Macron dit que les devoirs précèdent les droits, c'est honteux. Je prends un exemple : on ne dit pas à un fumeur qu'on ne va pas traiter son cancer du poumon. Les malades ne sont pas responsables de la maladie", a estimé Jean-Luc Mélenchon lors d'une conférence de presse ce mercredi.
Toujours ce mercredi matin, le député LR Eric Ciotti a comparé cette déclaration à la déchéance de nationalité évoquée sous François Hollande pour punir les coupables de terrorisme. "En 2016, Emmanuel Macron avait refusé la déchéance de nationalité pour les terroristes islamistes en disant que tout le monde était citoyen. Et là, les non-vaccinés seraient peut-être plus dangereux que des terroristes. C'est pour moi un raisonnement extrêmement choquant", a-t-il estimé sur France Inter.
J’aimerais que vous disiez clairement que les non-vaccinés sont toujours des citoyens."
Paul Molac
Ce mercredi en fin de journée, face à Jean Castex finalement décidé à se rendre à l'Assemblée nationale contrairement à mardi soir, plusieurs élus lui ont également demandé des explications et des excuses sur cette partie de l'interview du chef de l'État. "Excusez-vous pour ces propos absolument indignes du président de la République qui ont été tenus. Pendant ce quinquennat vous avez déjà qualifié les Français de rien, de fainéants, de Gaulois réfractaires (...)", a regretté Mathilde Panot. Le chef du groupe LR Damien Abad a jugé les propos d'Emmanuel Macron hors du "champ de la responsabilité" et destinés à "fracturer toujours, fracturer encore, fracturer tout le temps la société française uniquement à des fins de calculs politiciens".
Remarquant que les non-vaccinés avaient le droit de ne pas l'être en raison du caractère non-obligatoire de la vaccination, Paul Molac, du groupe Libertés et territoires, a estimé que ce n'était "pas pour autant qu’à partir du moment où ils font ce choix là ils deviennent des irresponsables et qu’ils ne sont plus des citoyens. Je trouve cela particulièrement choquant. Et j’aimerais, monsieur le Premier ministre, que vous disiez clairement que les non-vaccinés sont toujours des citoyens. Ce sont 5 millions de Français, ce n’est pas rien."