POLÉMIQUE - Reconfiner Paris ou l'Île-de-France pour trois semaines afin de tout rouvrir ensuite, comme suggéré jeudi par Emmanuel Grégoire, est loin de faire l'unanimité. Le premier adjoint à la mairie de Paris s'est exposé à un feu de critiques, et ce jusqu'au sommet de l'État, Jean Castex parlant de "fadaises".
Pour Jean Castex, l'idée d'instaurer des confinements locaux de trois semaines, comme formulée jeudi soir par le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire, n'est que "fadaises". "Vous avez entendu la mairie de Paris dire qu'il faut qu'on confine trois semaines et puis c'est fini. Mais vous savez très bien qu'avec les variants etc, ce n'est pas possible", a déclaré le Premier ministre, lors d'un déplacement au centre hospitalier de Nantes. "Il ne faut pas raconter des fadaises. Il ne faut jamais raconter des fadaises", a-t-il ajouté, devant le personnel du service de réanimation.
Jeudi soir, Emmanuel Grégoire avait affirmé que la mairie allait "faire des propositions de mesures complémentaires" à l'État. Parmi celles-ci, un confinement de trois semaines afin "d'avoir la perspective de tout rouvrir" à son issue, y compris bars, restaurants et lieux culturels, plutôt qu'un confinement le week-end comme à Nice ou Dunkerque. L'élu socialiste avait ensuite précisé vendredi son hypothèse avec un périmètre géographique "à l'échelle de l'Île-de-France, probablement au moins à l'échelle de la zone dense", et le "maintien de l'ouverture des écoles" avec vaccination du personnel enseignant. "Ce n'est pas une demande de notre part, mais simplement une hypothèse que nous souhaitons mettre sur la table" dans un contexte d'augmentation du taux d'incidence du Covid-19 en Ile-de-France, a-t-il ensuite relativisé lors d'une conférence de presse.
"Politicaille", "déconnexion", demande faite "sans concertation"... Les critiques fusent
Si Jean Castex s'est montré très direct, Gabriel Attal a de son côté appelé à "ne pas jouer avec les nerfs des Français" mis à rude épreuve depuis la survenue de l'épidémie, il y a un an. Certains, comme le député ex-LREM Matthieu Orphelin, y ont vu de la "politicaille". Selon lui, "si la mairie de Paris a fait une boulette, ce n'est pas la peine que le Premier ministre s'engouffre dans la brèche".
L'opposition de droite parisienne a dénoncé de son côté une "demande faite sans aucune concertation" des maires d'arrondissement, de l'opposition au Conseil de Paris, de la région et des communes limitrophes. "De passage à Paris, Anne Hidalgo exige un confinement strict de Paris ! Toujours en déconnexion avec ce que vivent les Parisiens", a ironisé sur Twitter la maire (LR) du 7e arrondissement Rachida Dati. La région Ile-de-France, gouvernée par la droite, a apporté une réponse plus mesurée. "Si on peut éviter un reconfinement total, il faut essayer de trouver un chemin qui permette de le faire", a indiqué à l'AFP l'entourage de la présidente (Libres!) Valérie Pécresse. Pour lequel "il faudra sans doute des mesures de restriction supplémentaires au niveau régional, qu'il faudra doser pour préserver l'activité économique".
Les 8 départements franciliens sous "surveillance renforcée"
Après ce déferlement de critiques, Anne Hidalgo est finalement venue au secours de son premier adjoint en fin de journée en soulignant sur Twitter l'urgence de "faire des choix clairs et efficaces qui assurent une efficacité sanitaire maximale et donnent des horizons tangibles à nos concitoyens". "Je réunirai lundi les maires d'arrondissement, pour échanger sur des propositions de mesures qui seront soumises au préfet de police et à l'ARS d'Ile-de-France et concertées avec les communes et départements de petite et grande couronne", a-t-elle ajouté.
Les 8 départements franciliens sont tous sous "surveillance renforcée", susceptibles de faire l'objet de mesures de confinements locaux à partir du week-end du 6 mars si la situation continuait à se dégrader, après "concertations avec les élus", avait affirmé jeudi le Premier ministre Jean Castex. Or, "les prévisions de l'AP-HP, de l'Inserm d'Ile-de-France, de l'Institut Pasteur et de l'Agence nationale de santé publique laissent craindre un impact lourd sur les hospitalisations en mars", insiste Anne Hidalgo.
"La question n’est pas d’être pour ou contre le confinement, mais de tout faire pour l’éviter", a expliqué Jean Castex samedi sur son compte Twitter. "Les préfets réunis en visioconférence ce matin travaillent main dans la main avec les élus locaux pour renforcer territoire par territoire notre stratégie de lutte contre le Covid-19."
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