Au lendemain de la réélection d'Olivier Faure au poste de Premier secrétaire, le parti est en crise.Candidat à la direction du PS, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol conteste les résultats, dénonçant des "irrégularités".Portrait de ce proche d'Anne Hidalgo qui se pose en rassembleur des socialistes.
Il est celui qui veut renverser Olivier Faure. Méconnu du grand public, Nicolas Mayer-Rossignol s'est érigé en grand rival du Premier secrétaire sortant pour prendre la tête du PS. Vendredi 20 janvier, au lendemain d'un scrutin très serré pour désigner le prochain patron des socialistes, qui a vu le député de Seine-et-Marne être réélu, avec 50,83% des suffrages exprimés, le maire de Rouen a déclaré ne pas accepter le résultat. "Je demande que la commission de récolement soit réunie, afin de valider le scrutin. (...) Sans elle, aucun résultat ne peut évidemment être proclamé", a réagi l'élu normand sur Twitter.
Bien que le PS n'en fasse pas mention dans son communiqué, proclamant la victoire d'Olivier Faure, une commission de récolement va, selon les deux camps, se réunir dans la journée, en présence de représentants des candidats, afin d'examiner l'ensemble des procès-verbaux de résultats adressés par les Fédérations départementales puis, de valider le résultat. En attendant la photo finish, Nicolas Mayer-Rossignol garde espoir, persuadé de pouvoir défendre "une gauche crédible".
Dans les pas de Laurent Fabius
Né le 8 avril 1977, à Bordeaux, Nicolas Mayer-Rossignol grandit au Mali, où sa mère est enseignante. Après des études supérieures en France et aux États-Unis, où il valide un Master en génomique et une agrégation en sciences de la vie et de la Terre, cet ingénieur des Mines obtient, en 2003, un poste administratif à la Commission européenne. Il est charge de la gestion secteur des produits pharmaceutiques jusqu'à 2008, date à laquelle il se rapproche de Laurent Fabius.
Militant pour Attac, une organisation altermondialiste, cet adhérant au PS est embauché par l'ancien Premier ministre à l'agglomération de Rouen. Élu conseiller régional de Haute-Normandie en 2010, il le suit au Quai d'Orsay, en qualité de conseiller chargé du Développement, des Affaires économiques, du G20 et des Entreprises, lorsque l'ancien président de l'Assemblée nationale est nommé aux Affaires étrangères. Sa collaboration cesse en 2013, après son élection à la présidence du conseil régional de Haute-Normandie, après le départ inattendu du socialiste Alain Le Vern. À 36 ans, il est alors le plus jeune président de région. En 2015, battu aux élections régionales, il prend la tête du groupe socialiste du conseil régional de Normandie. Cinq ans plus tard, en 2020, il devient élu maire de Rouen, puis président de la Métropole Rouen Normandie.
Soutenu par Hidalgo, Delga... et Hollande
Soutien de la candidature de la maire de Paris Anne Hidalgo à l'élection présidentielle de 2022, qui se déclare dans sa ville de Rouen, "NMR" intègre son équipe de campagne comme porte-parole chargé des questions économiques. Une proximité qu'il entretient aussi avec Carole Delga, figure du PS et présidente socialiste de la région Occitanie. Candidat déclaré au poste de Premier secrétaire du PS, en novembre 2022, il se défend d'être "un apparatchik", se targuant d'une "vraie expérience de terrain", d'"une grande expérience professionnelle dans le privé et le public" ainsi que dans "les institutions européennes".
Son projet pour le parti à la rose, opposé à celui d'Olivier Faure, partisan de l'accord de gauche Nupes, conclu en mai 2022 entre le PS, LFI, EELV et le PCF, lui vaut de nouveaux soutiens publics. Parmi lesquels la vice-présidente socialiste de l'Assemblée nationale, Valérie Rabault, et l'ancien président de la République, François Hollande. "Je vais voter Mayer-Rossignol", annonce, le 16 janvier, sur France Inter, l'ancien chef de l'État. "Il me paraît être celui qui peut rassembler les socialistes et, tout en étant attaché à l’union de la gauche, faire en sorte que le Parti socialiste existe."
Opposé à la Nupes... sous sa forme actuelle
Ni pro-Nupes, ni anti. Ce père de deux filles de 14 et 17 ans assure "faire le rassemblement de la gauche, dans les actes." "Dans ma majorité métropolitaine, il y a toute la gauche, y compris LFI", insiste-t-il. Toutefois, pour Nicolas Mayer-Rossignol, cela ne peut pas se faire avec la Nupes, telle qu'elle existe aujourd'hui, qu'il qualifié comme "un accord électoral passé perdant". Porteur d'une "troisième voie", entre celle portée par Olivier Faure, partisan de cette alliance, et celle d'Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, hostile, le maire de Rouen souhaite faire évoluer la Nupes pour que le PS soit "allié mais pas aligné".
Un "manque de clarté" qui exaspère Olivier Faure. "La vie politique, c'est des choix", dit-il, s'interrogeant des "circonvolutions" de l'élu normand. Au sein du PS, les proches du député de Seine-et-Marne ne mâchent pas leurs mots le concernant, évoquant ses discours aux allures de "prêches". "On l'appelle 'le curé'", souffle l'un d'eux, qui le trouve "d'une suffisance totale". Ses détracteurs le voient comme "un aigri" déçu de l'accord Nupes aux législatives, où il a d'ailleurs soutenu plusieurs dissidents. Malgré ces oppositions franches, Nicolas Mayer-Rossignol croit être "le seul qui peut rassembler" les socialistes. Vraiment ?