La crise ukrainienne empêche le président de la République de se déclarer candidat à un second mandat et repousse encore son entrée en campagne.Alors qu'elle expose Emmanuel Macron aux critiques de l'opposition pour sa gestion du conflit, pourrait-elle également lui faire perdre des points politiquement ?
La crise ukrainienne a des répercussions jusque sur la scène politique nationale. Lundi soir, le président russe Vladimir Poutine a ordonné à ses troupes d'entrer dans les territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine, faisant craindre un conflit armé aux portes de l'Europe. La situation internationale réclame l'attention de tous les présidents et chefs de gouvernements européens et occidentaux, à commencer par Emmanuel Macron. Ce qui repousse encore son imminente annonce de candidature à un second mandat.
Le président de la République l'a toujours assuré : il gouvernera jusqu'au "dernier quart d'heure". Il avait également conditionné son lancement dans la campagne à une accalmie de "la crise géopolitique" entre l'Ukraine et la Russie. "Je ne peux pas raisonnablement expliquer aux Français que je vais m'adonner à ce temps démocratique important, alors que je leur ai dit que je serai président jusqu'au bout et que nous avons une crise à la frontière ukrainienne qui menace notre sécurité collective", déclarait-il le 1er janvier dans La Voix du Nord. Si un apaisement a été entrevu la semaine dernière, les déclarations de Vladimir Poutine lundi ont aggravé la situation, repoussant encore une déclaration de candidature un temps annoncée en fin de semaine à l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture.
"Cette semaine aurait été parfaite, tout était prêt pour que cela se fasse cette semaine, mais l'international s'est imposé", a d'ailleurs indiqué un cadre de la majorité lundi à TF1 et LCI, confirmant que le chef de l'Etat consacrait la majorité de son temps à la crise ukrainienne et n'avait pas la tête à sa déclaration de candidature. Ce mardi, son entourage évoque une date comprise entre dimanche 27 février et vendredi 4 mars, date limite pour se déclarer.
Une crise qui expose politiquement le chef de l'Etat
Au-delà de la date, la crise peut-elle faire perdre des points à Emmanuel Macron politiquement ? Ces dernières heures, le président a d'abord semblé accumuler les succès, notamment avec l'annonce d'un accord de principe pour un sommet Poutine-Biden à son initiative, avant qu'il "condamne" la reconnaissance par Moscou de l'indépendance des territoires séparatistes de l'Est ukrainien et estime que Vladimir Poutine n'a pas respecté la "parole donnée".
Publiquement, Emmanuel Macron s'est montré prudent, affirmant à plusieurs reprises n'être pas sûr de réussir mais que son devoir était d'essayer. Toutefois, il s'expose aux critiques de ses adversaires. Pour la candidate LR Valérie Pécresse, qui a jugée "inacceptable" cette violation de la souveraineté de l'Ukraine, "on ne peut pas reprocher au président de la République d'avoir tenté de dialoguer avec Poutine mais ce dialogue a été trop tardif et solitaire". Pour elle, le président russe a "manipulé l'Europe" et "instrumentalisé son dialogue avec Macron".
Une démarche "vouée à l'échec"
Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a lui insisté sur "le bilan navrant de Macron dans cet épisode", tout en considérant la Russie "responsable" de la crise actuelle. Quant à l'écologiste Yannick Jadot, il a demandé à ce qu'Emmanuel Macron "reçoive toutes les candidates et les candidats et les partis représentés pour discuter de la situation en Ukraine".
La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, elle, a jugé que "Emmanuel Macron a cherché à se servir de cette séquence diplomatie pour appuyer une entrée en campagne" et "faire de la communication", tout en estimant que "tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d'assurer la paix en Europe". Pour Éric Zemmour, Emmanuel Macron a certes "raison" de tenter d'éviter la guerre. Mais "sa démarche est vouée à l'échec", car "nous sommes vus par les Russes comme les petits télégraphistes de Washington".
Toutefois, auprès de l'AFP le spécialiste de communication politique Philippe Moreau-Chevrolet estime que le risque politique est faible pour le chef de l'Etat. "Toute situation de crise aiguë à ce stade le place au centre de l'attention médiatique et des débats en faisant disparaître l'opposition, quelle qu'elle soit." Quoiqu'il arrive, Emmanuel Macron "sera crédité" d'avoir essayé. "Même s'il échoue sur le front russe, il aura dirigé l'effort européen, sans la présence tutélaire d'Angela Merkel", juge-t-il.
Un impact dans les sondages ?
Cela a-t-il un impact dans les enquêtes d'opinion ? Si ces derniers jours le chef de l'Etat perd quelques points dans le baromètre quotidien Ifop-Fiducial pour LCI, il reste toujours largement en tête. Ce lundi 21 février, il est crédité de 24,5% d'intentions de vote au premier tour, 1,5 points de moins qu'en fin de semaine dernière ; mais 8 points devant le second Eric Zemmour (16,5%).
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