MANIFESTATION - À quelques pas du ministère de l'Intérieur, au moment de la passation de pouvoir entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, une vingtaine de féministes ont tenté de manifester contre la nomination de l'ancien ministre du Budget, visé par une enquête pour viol.
Ce mardi matin, lors de la passation de pouvoirs au ministère de l'Intérieur entre Christophe Castaner et Gérald Darmanin, une vingtaine de féministes ont tenté de manifester à proximité de la place Beauvau contre la nomination du maire de Tourcoing. Celui-ci est en effet visé par une enquête pour viol. Les manifestantes ont réclamé sa démission.
Scandant notamment "Darmanin démission", elles ont brandi des pancartes pour exprimer leur colère. "Darmanin à l'Intérieur, vous vous torchez avec nos plaintes", pouvait-on lire sur une d'entre elles. Le nouveau Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti était également visé. Voulant manifester devant le ministère, elles ont été stoppées par les forces de l'ordre.
Ensuite devant l'Elysée, à l'heure du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, trois militantes Femen ont réussi à approcher du palais présidentiel avant d'en être éloignées. Un peu plus tard, devant l'église de la Madeleine, une cinquantaine de militantes du collectif #NousToutes, vêtues de noir, ont procédé à l'enterrement symbolique de l'égalité hommes-femmes.
Lundi soir, l'entourage du président Emmanuel Macron avait fait savoir que cette plainte ne constituait "pas un obstacle" à sa nomination, ce qui a déclenché la "colère" des féministes. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a dénoncé de son côté "la formidable claque qu'Emmanuel Macron (a) lancé au visage de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés contre les violences sexuelles" avec les nominations de Gérald Darmanin et d'Éric Dupond-Moretti, très critique envers le mouvement #MeToo.
"C'est du jamais vu en France"
Gérald Darmanin est accusé d'avoir violé une femme en 2009. Après deux ans de bataille procédurale, la cour d'appel de Paris avait ordonné début juin la reprise des investigations sur les accusations de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance portées contre le ministre par Sophie Patterson-Spatz. Entendu en audition libre le 12 février 2018, l'ancien ministre du Budget a confirmé avoir eu une relation sexuelle avec Sophie Patterson-Spatz, mais selon lui librement consentie et à l'initiative de la plaignante.
"Cette nomination, c’est un choc, je ne vais pas le cacher", a réagi de son côté Me Elodie Tuaillon-Hibon, l’avocate de Sophie Patterson-Spatz, sur les ondes d'Europe 1. "À ma connaissance, c’est du jamais vu en France", a-t-elle déploré. "Nous nous demandons comment ça va se passer lorsque le premier flic de France [sera] interrogé dans le bureau d’un magistrat instructeur alors qu’il est en exercice."
À la sortie du conseil des ministres ce mardi, Gabriel Attal a tenté de répondre aux critiques visant le tout nouveau locataire de la place Beauvau (voir vidéo en tête de cet article). "On ne peut pas d'un côté sacraliser la présomption d'innocence en toutes circonstances, considérer que c'est un socle essentiel de notre pays, et considérer qu'il y aurait des personnes qui, par la fonction qu'elles occupent, ne pourraient pas bénéficier de cette présomption d'innocence", a indiqué le nouveau porte-parole du gouvernement. "Il y a des investigations, elles se tiennent et c'est normal", a précisé Gabriel Attal, qui estime qu'elles ne suffisent pas à proclamer "l'impossibilité d'exercer dans un gouvernement."