Déchéance de nationalité : les 92 députés PS qui bravent Hollande et Valls

Publié le 10 février 2016 à 14h10

RÉBELLION – Le débat sur l'extension de la déchéance de nationalité divise tous les camps, et en particulier le Parti socialiste. Pas moins de 92 députés du groupe sur 287 ont rejeté la mesure de François Hollande. Un mouvement qui va au-delà des frondeurs de "l'aile gauche" du PS.

Si François Hollande voulait tester les divisions de la gauche grandeur nature, c'est plutôt réussi. Le vote, ce mardi soir, de l'article 2 du projet de loi constitutionnel consacré à l'extension de la déchéance de nationalité, en fait la démonstration éclatante.

La défiance des écolos, les frondeurs au rendez-vous

Au sein de la gauche d'abord : sur 340 députés issus des divers courants de gauche, seuls 123 ont voté pour la mesure défendue par le gouvernement. Chez les 18 écologistes, un seul parlementaire, le pro-gouvernemental François de Rugy, a voté pour la déchéance de nationalité pour les terroristes condamnés. Et au sein même du groupe socialiste, 92 députés sur 287 ont dit "non" à François Hollande et à Manuel Valls.

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Ce vaste camp du "non" va au-delà des "frondeurs" de l'aile gauche du PS, qui s'étaient illustrés par le passé lors des votes de confiance au gouvernement Valls. Bien sûr, il y a essentiellement les grandes figures de la gauche du PS : les anciens ministres Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, Pascal Cherki, Jean-Marc Germain, Mathieu Hanotin ou Pouria Amirshahi, "frondeurs" de la première heure et grands détracteurs de la déchéance de nationalité.

D'anciens soutiens de Valls

Mais dans la liste des "non" , on trouve aussi des personnalités dont les relations avec le gouvernement sont moins conflictuelles. Parmi elles, Sébastien Pietrasanta, député des Hauts-de-Seine, auquel Manuel Valls avait confié la rédaction d'un rapport sur la déradicalisation. Ou encore Alexis Bachelay, Bernard Roman et Patrick Vignal, des députés qui avaient cosigné en avril 2014 un appel à soutenir le plan d'économies de Manuel Valls  ; Kader Arif, l'ancien secrétaire d'Etat aux Anciens combattants de François Hollande, et Annick Lepetit, porte-parole du groupe socialiste. Le vote sur la déchéance de nationalité a également fait apparaître des abstentionnistes notables, comme Carole Delga, qui a quitté le gouvernement en juin 2015, ou encore Pascal Terrasse, qui avait cosigné l'appel des "20" pour soutenir Manuel Valls en 2014.

Mais les socialistes n'ont pas l'apanage de la division. Malgré les appels pressants de Nicolas Sarkozy en faveur de la mesure, 30 députés ont dit "non", contre 32 favorables à la déchéance de nationalité. Toutes tendances confondues, les "frondeurs" de la révision constitutionnelle représentent aujourd'hui… quasiment la moitié de l'Assemblée nationale.


Vincent MICHELON

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