Déchéance de nationalité : Macron change d'avis et joue les frondeurs de gauche

Publié le 10 février 2016 à 13h17
Déchéance de nationalité : Macron change d'avis et joue les frondeurs de gauche

CONTRE-COURANT - Emmanuel Macron, connu pour ses petites phrases aux accents libéraux, tacle cette fois la majorité par la gauche. Le ministre de l'Economie a exprimé publiquement son désaccord avec la déchéance de nationalité, s'attirant un rappel à l'ordre de Manuel Valls.

Trois coups de barre à droite, puis un à gauche : l'essentiel, c'est de se démarquer. Emmanuel Macron, qui a pour habitude de prendre la position du gouvernement à revers - ce qui agace nombre de ses collègues - n'a pas dérogé à la règle. Sauf que cette fois, au lieu de pencher vers la droite libérale, le ministre de l’Economie a pris fait est cause pour les frondeurs de gauche, détracteurs de la déchéance de nationalité, dont le vote solennel est prévu à l'Assemblée mercredi après-midi.

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"J'ai, à titre personnel, un inconfort philosophique avec la place que ce débat a pris. On ne traite pas le mal en l'expulsant de la communauté nationale, il faut prévenir et punir implacablement", a déclaré le jeune ministre pendant une conférence organisée par la fondation France-Israël à laquelle assistaient environ 800 personnes mardi soir. Du Christiane Taubira dans le texte. De quoi enthousiasmer l'ancienne ministre Aurélie Filippetti, qui estime sur France Info qu'il a "rejoint les frondeurs". 

En janvier, il n'était "pas choqué"

Pourtant, la prise de position du ministre est tout sauf limpide. Pas très chaud pour cette mesure, Emmanuel Macron n'avait pourtant jamais exprimé un tel désaccord avec François Hollande. Bien au contraire. En janvier dernier, il ne se disait même "pas choqué" par la déchéance de nationalité , estimant que l'on parle "de cas particuliers, de cas très graves, on n'est pas en train de mettre à terre la République". Il a donc choisi la veille du vote solennel - qui s'annonce serré - pour prendre ses distances.

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Le choix du timing n'a pas particulièrement plu au chef du gouvernement, qui l'a sévèrement rappelé à l'ordre. Pour Manuel Valls, "le texte a été adopté en Conseil des ministres, et chacun, Emmanuel Macron parmi les autres, soutient évidemment cette démarche, il ne peut pas en être autrement". Fâché avec son patron, le ministre de l’Economie a en revanche trouvé des alliés… Parmi ses habituels détracteurs.


Vincent MICHELON

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