Décision du Conseil constitutionnel : opposants et syndicats toujours vent debout contre la réforme des retraites

Publié le 15 avril 2023 à 0h02, mis à jour le 15 avril 2023 à 9h12

Source : JT 20h WE

Syndicats et opposants politiques à la réforme des retraites ont réagi à la suite de la décision du Conseil constitutionnel.
Tous ont assuré respecter cette décision qui valide l'essentiel du texte.
Pour autant, ils ont souligné que la lutte contre cette réforme se poursuivrait.

La décision était guettée et les réactions ne se sont pas faites attendre. Comme annoncé, le Conseil constitutionnel a rendu à 18 heures son avis concernant la réforme des retraites, validant l'essentiel du texte, dont la mesure phare reculant l'âge de départ à 64 ans. Peu après, l'intersyndicale a diffusé un communiqué, intitulé "retraites : ce n'est pas fini", dans lequel elle a pris acte de cette décision et s'est par conséquent tournée vers le Président, l'appelant "solennellement" à ne pas promulguer le texte.

L'intersyndicale donne rendez-vous au 1er mai

"L'intersyndicale prend acte de ces décisions. Il revient donc aujourd'hui au Président de la République de prendre ses responsabilités. Devant le rejet massif de cette réforme, l'intersyndicale lui demande solennellement de ne pas promulguer la loi, seul moyen de calmer la colère qui s'exprime dans le pays", estiment les huit principaux syndicats français et cinq organisations dans ce texte.

"Monsieur le président de la République, ne promulguez pas cette loi ce week-end", a insisté le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger au 20 heures de TF1. Plus tôt dans la soirée, depuis un rassemblement déclaré devant l'Hôtel de ville de Paris, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet appelait à "un raz-de-marée populaire et historique" le 1er mai. "On ne peut pas diriger un pays contre son peuple", a-t-elle lancé.

Avant la décision du Conseil constitutionnel, l'Élysée avait fait savoir que le Président proposait aux syndicats une rencontre ce mardi 18 avril, dans une tentative de renouer le dialogue. Celle-ci est restée lettre morte. "Nous n'irons pas, nous n'entrerons pas dans un agenda politique. La vie des gens, la vie des travailleurs qui vont devoir travailler plus longtemps, elle n'est pas une séquence", a affirmé Laurent Berger, au nom de l'intersyndicale.

La mobilisation se poursuit à gauche

Alors que la loi pourrait être promulguée d'ici la fin du week-end, la gauche a affirmé de son côté poursuivre le combat et continuer à soutenir l'intersyndicale dans son opposition à la réforme des retraites. Du côté de la Nupes, Mathilde Panot, cheffe de groupe LFI à l'Assemblée nationale, a pris la parole depuis le Parlement, aux côtés notamment du secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure et de la députée Europe Écologie-Les Verts Sandrine Rousseau. 

"Nous continuerons à aller soutenir l'ensemble des mobilisations (…) Nous nous tiendrons aux côtés de l'intersyndicale pour dire que plus que jamais, nous continuons le combat", a-t-elle lancé. Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a, de même, certifié sur Twitter que "la lutte continue et doit rassembler ses forces", jugeant que la décision du Conseil constitutionnel "montre qu'il est plus attentif aux besoins de la monarchie présidentielle qu'à ceux du peuple souverain."

La mobilisation sociale et politique ne s’arrêtera pas
Marine Tondelier, secrétaire nationale EELV

"Le Conseil constitutionnel n'a jugé qu'en droit. Cela ne veut pas dire que cette loi est juste et elle sera encore combattue", a de son côté déclaré Olivier Faure, qui a ajouté que la gauche déposerait une proposition de loi pour abroger l'article 7 qui prévoit le report de l'âge de départ à la retraite. 

Même esprit pour la secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier, qui a jugé que "cette réforme bien que légale reste profondément illégitime. Seul le Président a le pouvoir de nous en sortir. Parce que la mobilisation sociale et politique ne s’arrêtera pas". "J'en appelle au peuple : le 1er mai, tous dans la rue", a encore appelé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, jugeant sur LCI que "cette réforme, ça devient la pire des réformes" avec la censure de six dispositions par le Conseil constitutionnel.

Marine Le Pen en appelle au peuple

Du côté de l'extrême droite, la cheffe du groupe du Rassemblement national, Marine Le Pen, a estimé que "si la décision du Conseil constitutionnel clôt la séquence institutionnelle, le sort politique de la réforme des retraites n'est pas scellé." Par conséquent, l'élue du Pas-de-Calais a déclaré que c'était désormais au peuple de décider. "Le peuple ayant toujours le dernier mot, il lui appartiendra de préparer l’alternance qui reviendra sur cette réforme inutile et injuste", a-t-elle souligné. 

Au sein des Républicains, dont une partie a voté le projet de réforme au Parlement aux côtés de la majorité présidentielle, on s'est félicité pour la validation du texte tout en mettant en garde Emmanuel Macron. "Le Conseil constitutionnel a rendu sa décision. Toutes les forces politiques doivent l’accepter et se retrouver dans le respect dû à nos institutions", a mis en avant le chef des LR, Eric Ciotti, dans un communiqué, tout en appelant à "répondre aux inquiétudes de nos compatriotes, à la colère légitime qu’ils ressentent face aux injustices de l’assistanat et anticiper le défi des révolutions technologiques qui s’annoncent."

"Le Conseil Constitutionnel a apporté sa réponse constitutionnelle. Elle s’impose à tous. La crise politique et démocratique, elle, demeure. Il faut être aveugle ou irresponsable pour ignorer la réalité. Les plaies sont béantes dans le pays. L’urgence est au sursaut politique", a indiqué le député LR du Lot, Aurélien Pradié, qui s'était opposé à la réforme, malgré la position de son groupe.


Aurélie LOEK

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