DIVISIONS - Audrey Pulvar estime que si une personne blanche souhaite assister à un groupe de parole entre personnes touchées par le racisme, il est possible de lui demander de "se taire". Des propos qui font polémiques et fortement réagir la classe politique, divisée sur cette question.
Que pense-t-elle des réunions "non mixtes racisées" organisées par le syndicat étudiant Unef, qui divisent la classe politique ? La question a été posée ce samedi 27 mars par BFMTV à la candidate socialiste aux élections régionales en Ile-de-France Audrey Pulvar. Et sa réponse lui vaut depuis d'être la cible des attaques de la droite et d'une partie de la majorité.
"Que des personnes discriminées pour les mêmes raisons et de la même façon sentent la nécessité de devoir se réunir entre elles pour pouvoir en discuter, ça ne me choque pas profondément, selon la façon dont les choses sont formulées", a répondu l'ancienne journaliste. "Quelque chose me dit que 95 ou 99% des participants spontanément à cet atelier seront les personnes dont il est question dans l'intitulé, mais s'il se trouve que vient à cet atelier une femme blanche, un homme blanc, etc., j'aurais tendance à dire qu'il n'est pas question de le ou la jeter dehors, en revanche on peut lui demander de se taire, on peut lui demander d'être spectatrice ou spectateur silencieux", a-t-elle ajouté. "Je ne dis pas qu'il faut qu'il soit interdit d'entrée, mais qu'il ou elle se taise et laisse parler les personnes les plus concernées."
Marine Le Pen réclame des poursuites
Des propos qui ont suscité de très fortes réactions dans la classe politique. "Le parquet doit engager des poursuites pour provocation à la discrimination raciale contre Mme Pulvar. Il faut mettre fin à cette escalade raciste de la part d'une partie de l'extrême gauche qui s'affranchit de toutes les règles légales, morales et républicaines.", a estimé la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen sur Twitter. "C'est cette gauche qui patauge dans l'islamo-gauchisme et la haine des Blancs qui aspire à présider la première région de France ?", a également réagi Jordan Bardella (RN), adversaire d'Audrey Pulvar aux élections régionales.
Christian Jacob, président des Républicains a tweeté : "En France, il y a une seule communauté : la communauté nationale. On ne peut pas être enjoint de parler ou de se taire en fonction de sa couleur de peau ou de son origine. Les propos d'Audrey Pulvar sont irresponsables et dangereux." Le vice-président délégué du parti Guillaume Peltier a dénoncé le "racisme anti-blanc (...) de la gauche racialiste, obsédée par la couleur de la peau. Nous, Français, nous combattons tous les racismes car nous croyons en la communauté nationale et en notre patrie universelle." Dans cette même interview, Audrey Pulvar avait indiqué qu'elle récusait le mot "race", considérant "qu'il y a une race humaine".
"Je crois à l’indivisibilité de la République et à l’unité de la nation. Dans ma région, aucun habitant ne doit être discriminé pour la couleur de sa peau. Il n'y a pas de racisme 'acceptable'! Je serai toujours un rempart face à ceux qui tentent de fracturer notre pays", a déclaré la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.
Hidalgo invitée à réagir aux propos de son adjointe
D'autres ont appelé à une réaction d'Anne Hidalgo, Audrey Pulvar étant adjointe à la mairie de Paris. "Que dit Anne Hidalgo de son adjointe ségrégationniste ?", a demandé la maire du 7e arrondissement de la capitale Rachida Dati. "Ce que déclare Audrey Pulvar est à vomir. Anne Hidalgo, cautionnez-vous que 'les blancs doivent se taire' ? Votre silence serait insupportable", a tweeté l'eurodéputé LR Geoffroy Didier.
La majorité a également pris position contre les propos de la socialiste. "La lutte contre le racisme ne passe pas par l’exclusion et la discrimination, mais par le dialogue, lequel est la meilleure arme contre les préjugés", a tweeté la députée Laetitia Avia. "La République est une et indivisible. Elle est universelle. Elle n'est ni 'interdite à', ni 'réservée à', ni 'autorisée à'. La République ne regarde pas la couleur de peau. Elle ne demande à personne de se taire. La région Ile-de-France sera républicaine ou ne sera pas", a estimé Aurore Bergé.
L'ex-journaliste a toutefois trouvé du soutien à gauche. "Audrey Pulvar n'est pas raciste ! Elle a juste compris ce qu'est un groupe de parole", a estimé Jean-Luc Mélenchon, ajoutant : "Ceux qui se jettent sur elle, par contre, n'arrivent pas à cacher leur pente sexiste et discriminante." "Ceux qui alimentent chaque jour le racisme, instrumentalisent la cause des femmes et organisent la ségrégation sociale mènent ce soir une campagne misérable contre Audrey Pulvar. Au fond, droite et extrême droite dénient aux opprimés le droit de se parler et de ne pas se soumettre", a tweeté la députée insoumise et féministe Clémentine Autain.
L'ancienne ministre et sénatrice socialiste Laurence Rossignol a pour sa part indiqué : "L’obstination à nier que racisme et sexisme sont des constructions sociales et systémiques, à refuser aux victimes de tâtonner pour en comprendre les mécanismes et expérimenter des formes militantes diverses et transitoires, est épuisante. Soutien à Audrey Pulvar."
Ce dimanche matin sur Twitter, la tête de liste aux élections régionales en Ile-de-France a tenu à apporter une précision à ses propos. Attaquée sur le côté prétendument raciste de ses déclarations, Audrey Pulvar a indiqué qu'elle appliquerait la même logique pour des réunions non-mixtes sur l'orientation sexuelle, par exemple. "Les réunions 'non-mixtes' ne portent pas que sur des questions de couleur de peau. Oui, dans une réunion non-mixte LGBTQI +, en tant qu’hétéro, je me tairais, j’écouterais."
Les propos d'Audrey Pulvar risquent de créer l'embarras au sein du Parti socialiste. Il y a quelques jours, interrogé sur les réunions non-mixtes organisées par l'Unef, le Premier secrétaire du parti Olivier Faure avait déclaré : "Ces réunions non mixtes, elles sont problématiques parce que dans le cadre syndical. Or, un syndicat, il a une vocation universelle". Le "danger derrière ces réunions non mixtes, c'est l'idée que sont légitimes à parler du racisme les seules personnes qui en sont victimes. Or il faut au contraire faire partager ce message parce que c'est notre commune humanité qui est en jeu", avait-il ajouté.
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