Démission de Nicolas Hulot : qui est Thierry Coste, le "lobbyiste" qui "n'avait rien à faire" à l'Elysée ?

Publié le 28 août 2018 à 13h58
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Source : Sujet JT LCI

PORTRAIT - Nicolas Hulot a claqué la porte du gouvernement ce mardi matin. Une décision prise au lendemain d'une réunion à l'Elysée sur la chasse, qui a joué un rôle dans sa décision.Notamment en raison de la présence de Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs (FNC).

"On avait une réunion sur la chasse. J'ai découvert la présence d'un lobbyiste qui n'était pas invité à cette réunion." Invité ce mardi matin sur France Inter, Nicolas Hulot a pointé du doigt Thierry Coste. Le tonitruant patron des chasseurs en France était en effet convié lundi soir à l'Elysée où les contours d'une réforme ont été tracés. Problème : pour le ministre de l'Ecologie, Thierry Coste n'avait rien à faire là. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles l'écologiste a quitté le gouvernement.

"Ça va paraître anecdotique mais pour moi c'était symptomatique et c'est probablement un élément qui a achevé de me convaincre que ça ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner", a expliqué le ministre sur France Inter. "C'est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir. Il faut à un moment ou un autre poser ce problème sur la table parce que c'est un problème de démocratie : qui a le pouvoir, qui gouverne ?", a martelé Nicolas Hulot, au lendemain d'une réunion durant laquelle il a été acté que le permis de chasse allait être divisé par deux. Une réunion durant laquelle la liste des espèces chassables a également été élargie, pour le plus grand bonheur de Thierry Coste. 

"On a senti qu'il était très en colère mais il ne nous a pas dit qu'il voulait démissionner", raconte Thomas LegrandSource : Sujet JT LCI
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"Qui a le pouvoir, qui gouverne ?"

Si Nicolas Hulot a été surpris de la présence à l'Elysée de ce dernier, elle illustre la proximité entre le chasseur et le chef de l'Etat. Ou plutôt, les chefs de l'Etat. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et désormais Emmanuel Macron… Thierry Coste est un habitué des arcanes du pouvoir. Âgé de 62 ans, cet ancien agriculteur a fait ses armes au sein des Paysans travailleurs, l'ancêtre de la Confédération paysanne durant les années 1970. En 1985, il prend la tête de la section jeune de la Fédération Française des sociétés de protection de la nature, devenue France Nature Environnement. De ces premiers pas dans son costume de lobbyiste, il gardera un carnet d'adresses bien fourni. Il fonde alors son cabinet de conseil, Lobbying et Stratégies, spécialisé dans les questions de chasse et de ruralité.

Au début des années 2000, il entre "officiellement" en politique. Il devient alors directeur de la campagne de Jean Saint-Josse, candidat de Chasse, Pêche, Nature et Traditions à la présidentielle de 2002. Jacques Chirac élu, il va conseiller ce dernier. En 2007, il fait campagne pour Philippe de Villiers, mais il sera consulté par Nicolas Sarkozy une fois celui-ci élu. En 2012, c'est de François Hollande qu'il se rapproche. Puis d'Emmanuel Macron. 

De sa carrière politique, Thierry Coste dresse un bilan sans filtre : "Chirac était très intéressé par la chasse et l’a oublié dès qu’il est devenu président. Sarkozy était très à l’écoute mais il fallait qu’il y ait juste après une campagne électorale. Hollande avait un problème avec les Verts mais nous aimait beaucoup."

"Je n'ai pas de morale"

En revanche, le patron du million de chasseurs recensés en France se montre nettement plus flatteur avec l'actuel hôte de l'Elysée : "Je pense que le chef de l’Etat est un provincial qui aime le monde rural. Donc c’est beaucoup plus facile qu’avec ses prédécesseurs", a-t-il estimé en juin dernier sur RMC. Est-ce pour cela qu'Emmanuel Macron s'est dit favorable durant sa campagne à la réouverture des chasses présidentielles, remplacées en 2010 par des "battues de régulation" ? Depuis son arrivée au pouvoir, le président de la République cajole ceux qui représentent "la culture française". 

S'il se vante d'avoir ses entrées à l'Elysée, Thierry Coste l'assure sans ambages : "Ah je n'ai pas de morale. Je respecte la loi c'est clair. Mais au-delà de ça, la ruralité est ma passion donc je suis très machiavélique", a-t-il reconnu en juin sur RMC. Avant d'appuyer : "Il n'y a pas beaucoup de gens qui l'assument, mais moi je l'assume complètement. Je défends des gouvernements étrangers qui sont des alliés de la France mais qui ont parfois des comportements très douteux avec les droits de l'Homme. Mais je les assume."


Thomas GUIEN

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