Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée, accusé d'agressions sexuelles par des élues

Publié le 9 mai 2016 à 7h57
Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée, accusé d'agressions sexuelles par des élues

ACCUSÉ - Mediapart et France Inter publient des témoignages de femmes élues qui dénoncent des agressions et des harcèlements sexuels de la part du vice-président de l'Assemblée nationale et député de Paris Denis Baupin, qui a récemment quitté Europe écologie-Les Verts.

"Il m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m’embrasser. Je l’ai repoussé violemment " ; "J’ai reçu une centaine de messages. Du type :"Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissardes" ; "J’étais seule avec Denis. Il s’est mis à me courir après autour du bureau." Les exemples abondent, et tous visent la même personne : Denis Baupin, député de Paris.

Quatre élues, Sandrine Rousseau, actuelle porte-parole d'EELV, Isabelle Attard députée du Calvados , Elen Debost, adjointe à la jeunesse EELV et Annie Lahmer est conseillère régionale d’Île-de-France EELV dénoncent, ce lundi matin sur Mediapart et France Inter des agissements qu'elles ont eu subis de la part de Denis Baupin, dirigeant historique des Verts, actuel député de Paris et vice-président de l'Assemblée nationale. Au total, les deux médias ont recensés huit cas pouvant relever du harcèlement sexuel ou de l'agression sexuelle.

"Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissardes"

Les faits racontés ont lieu entre 2011, 2012, souvent entre des collaboratrices de Denis Baupin, et le député, ayant donc des relations hiérarchiques. "C’était du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces", raconte une élue, qui sait que "plusieurs députées recevaient les mêmes SMS. "C’était par exemple : j’aime bien quand tu croises tes jambes comme ça. C’était même crûment, dans des réunions ou des déjeuners de travail, le fait de me proposer d’être mon amant". Une autre raconte avoir reçu "une centaine de messages. Du type "Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissardes". "J’adore les situations de domination. Tu dois être une dominatrice formidable", "J’ai envie de voir ton cul."

D'autres collaboratrices racontent aussi, mais sous couvert d'anonymat, ces afflux de textos. Mais si au regard de la loi, ces faits peuvent être considérés comme du harcèlement sexuel, certaines le prennent avec fatalisme. "C’est le cas typique de la collaboratrice qui se fait draguer par un gros lourd. C’est le lot quotidien de toutes les jeunes femmes qui bossent en politique… C’est partout pareil".

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Des députées racontent ainsi avoir réglé le problème , en mettant les choses au point, parfois à coup de gifle, en menaçant de tout raconter à sa compagne, ou en signalant les faits aux coprésidents. Et, à chaque fois, Denis Baupin "s'est immédiatement arrêté", et les relations de travail ont continué. Le coprésident de l'époque, François de Rugy, reconnaît avoir été "saisi par une collaboratrice qui nous a parlé de propos équivoques envoyés par SMS par Denis Baupin". Selon lui, "nous ne qualifions rien de délictueux. Mais la collaboratrice ne voulait pas que cela brouille les relations de travail."

Contacté par Mediapart et France Inter, le député Denis Baupin n’a pas répondu aux deux médias et a renvoyé vers ses avocats.

"Une sorte de DSK des Verts"

Reste que les agissements du député semblaient connus dans le parti. Des témoignages remontent en interne, mais rien n'est fait. En 2013, un article universitaire évoque même une "sorte de "DSK des Verts"", qui "semble bénéficier d’une forme de bienveillance, qui n’est pas sans rappeler celle dont bénéficie Dominique Strauss-Kahn".

Cependant, en 2015, une tribune de journaliste femmes publiée dans Libération dénonçant le sexisme en politique, a été "un élément déclencheur dans la prise de parole, rapporte David Cormand, secrétaire national d’EELV. Mais aucune plainte n'a jamais été déposée. "En interne, c’est très difficile pour une femme de se plaindre", reconnaît un porte-parole du parti. "Et nous, on ne pouvait rien faire… C’est comme cela que se construit l’omerta." Même Cécile Duflot secrétaire nationale d’EELV de 2006 à 2012 reconnaît avoir été alertée. Pourtant, son parti est resté sans réaction, et avait accepté de confier une investiture aux législatives en 2012 à Denis Baupin.
 


La rédaction de TF1info

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