ENJEU 2017 - Alors qu’une petite majorité de Français souhaite désormais que la question de la législation du cannabis soit abordée dans le cadre de la prochaine campagne présidentielle, la classe politique restent majoritairement hostile à sa légalisation. LCI passe les effectifs en revue.
Ils sont pour la dépénalisation ou la légalisation du cannabis
Cécile Duflot, député écologiste (Dans son projet 2017). "La légalisation des drogues dites douces et la dépénalisation des autres permettra de faire cesser les trafics, les violences et de lancer un travail de prévention et de soins ambitieux".
Benoit Hamon, député PS (3 septembre 2016). "Je pense qu’il faut sortir de cette hypocrisie absolue où l’on sait que cela ne marche pas. Mais comme ça ne va pas rapporter de voix que de dire qu’il faut dépénaliser le cannabis, on ne touche pas à ces débats. Pourtant, à la fin, il y a des morts, il y a de l’économie parallèle, il y a des jeunes qui fument du cannabis alors que c’est illégal et qui continuent à le faire. Donc je préfère, sur la consommation et l’encadrement de la distribution, qu’on entre dans le débat de la légalisation et qu’on arrête ce numéro d’hypocrite".
Nathalie-Kosciusko-Morizet, députée LR (3 octobre 2016). "Notre système actuel n'est pas efficace, il y a deux voies pour le faire évoluer (...) la légalisation et la dépénalisation. Je suis plutôt pour la dépénalisation, ça permet de continuer à envoyer un signal à la jeunesse, de continuer à dire c'est interdit parce qu'on pense que c'est problématique en terme de santé".
Jean-Christophe Lagarde, député et président de l'UDI (octobre 2012). "Poser le problème de façon morale ne règle rien, ne sert qu'à se donner bonne conscience. Il s'agit simplement d'être réaliste. Après cinquante ans de pénalisation du cannabis, il n'y a jamais eu autant de consommateurs".
Pierre Laurent, sénateur et secrétaire national du PCF (16 octobre 2012). "La question de l'usage des drogues est un problème de santé publique, ce n’est pas un problème de sécurité. La loi en vigueur de 1970, si elle vise à limiter la consommation de cannabis, est totalement en échec puisque la France est un des pays où les adolescents consomment le plus. […] Il faut s’orienter vers une politique qui dépénalise progressivement cet usage et une politique d’éducation et de santé publique contre des usages qui peuvent devenir problématiques pour la santé des jeunes".
Jean-Luc Mélenchon, député européen (avril 2016). "Je sais bien que la question de la dépénalisation et, encore plus, de la légalisation du cannabis pose d’autres questions. Parfois des questions morales qui doivent être respectées à condition qu’elles n’empêchent pas le débat rationnel. Parfois, les questions posées sont très lourdes, notamment en ce qui concerne la crainte d’un report vers d’autres drogues plus dures, tant du côté des consommateurs que des dealers et réseaux mafieux. Pour ma part, je n’y crois pas. Le prix et les conditions sociales de l’usage jouent un très grand rôle dans la consommation. Évidemment, il faut aussi tenir compte aussi de l’impact en matière de sécurité routière. Une question à vrai dire déjà posée. Au final, l’expérience de l’alcool, dont les effets d’addiction et de morbidité ne doivent jamais être oubliés, montre que la prohibition n’est pas la solution pour contrôler les risques avec le plus d’efficacité".
Ils hésitent ou veulent en débattre
Emmanuel Macron, ancien ministre (4 septembre 2016). "Aujourd’hui, le cannabis pose un problème de sécurité, de lien avec la délinquance dans les quartiers difficiles, de financement de réseaux occultes. Et donc on voit bien que la légalisation du cannabis a des intérêts de ce point de vue et a une forme d’efficacité. […] De l’autre côté, j’entends, et je ne suis aujourd’hui pas en situation c’est un sujet que je veux travailler. Je ne suis pas contre, si cette réponse provisoire peut être la mienne aujourd’hui. En même temps, j’entends les préoccupations de santé publique qui sont émises par ailleurs".
Christiane Taubira, ancienne ministre (juillet 2015). "A partir du moment où il y a autant de gamins qui goûtent au cannabis, une société qui n’ose pas affronter le sujet est une société complice de dégâts".
Ils sont contre
Marisol Touraine, ministre de la Santé, 10 octobre 2016. Dans une interview à Libération, la responsable socialiste réitère son opposition à la dépénalisation du cannabis, estimant "qu'on ne peut pas dénoncer les effets du tabac ou de l’alcool et ouvrir le marché du cannabis". Malgré tout, et c'est une nouveauté, la ministre de la Santé estime "qu'un débat débat de santé publique s'impose sur cette question". "La question de la nature de la sanction doit être posée, en lien avec le renforcement des politiques de prévention."
François Bayrou, maire de Pau et président du Modem (avril 2016). "On nous dit si on le légalise, on va faire baisser le trafic et nous aurons des cités assainies. Je n’en crois rien. Parce que les ressources tirées de ces trafics, elles seront recherchées ailleurs et dans des drogues par exemple le crack on sait bien cela aux États-Unis donc des drogues plus violentes encore. C’est donc un débat très difficile mais je ne crois pas que l’on puisse le résumer sur la forme qui est faite par les promoteurs de cette mesure. Moi, je ne suis pas favorable à la légalisation du cannabis".
Jean-François Copé, député LR (avril 2016). "A titre personnel, je suis opposé à la dépénalisation de toute consommation de produit stupéfiant".
François Fillon, député LR (janvier 2016). "La politique suivie en France n'est pas forcément la meilleure, mais celle conduite dans d'autres pays qui ont dépénalisé le cannabis n'a pas les résultats qu'on veut bien lui donner. Aux Pays-Bas, la question fait débat. On ne peut pas dire que là où c'est dépénalisé il y a moins de consommateurs."
François Hollande (avril 2012). "Le cannabis doit rester un interdit"
Alain Juppé, maire de Bordeaux (septembre 2015). "Je considère depuis toujours la drogue comme un terrible fléau. Pour ceux qui la consomment. Pour la société tout entière qu’elle mine de ses trafics maffieux. Il faut donc la combattre avec détermination. C’est pourquoi je suis et reste hostile à la dépénalisation du cannabis dont la consommation est hélas! particulièrement répandue en France".
Bruno Le Maire, député LR (janvier 2014). "Il faut maintenir l'interdit sur la consommation du cannabis".
Marine Le Pen, députée européenne et présidente du FN (août 2011). "Cette idée (la dépénalisation) est profondément dangereuse. Là où cela a été fait, cela a été dramatique, cela a été l’explosion de la drogue avec des problèmes de santé publique considérables".
Arnaud Montebourg, ancien ministre (septembre 2011). "Je suis fermement opposé à toute forme de libéralisation de cannabis".
Nicolas Sarkozy (avril 2012). "Alors que tant de familles sont concernés par la montée de la drogue, envoyer le message de la fin de l’interdit pour le cannabis, c’est irresponsable".
Manuel Valls (janvier 2014). "Je suis favorable et je reste toujours favorable à l'interdiction du cannabis"