Le gouvernement présente ce mercredi son budget pour l'année 2024.Un budget construit dans un contexte économique difficile - inflation, dette, croissance en berne - et en respectant la promesse gouvernementale de ne pas augmenter les impôts.
Le budget 2024 est présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Dans un contexte d'inflation, de croissance moins dynamique qu'espérée et de dette après des années de "quoi qu'il en coûte", il aura pour objectif de réduire l'endettement de la France et de réaliser 16 milliards d'euros d'économies sans augmenter les impôts. Un véritable exercice d'équilibrisme, que le gouvernement a dû bâtir avec les cinq contraintes suivantes.
Une croissance moins importante qu'espéré
Le gouvernement a dû construire son budget après avoir révisé et abaissé sa prévision de croissance pour 2024. Envisagée à 1,6% du produit intérieur brut, il l'a finalement estimée à 1,4%. La Banque de France table elle sur une croissance moins optimiste, de 0,9% du PIB.
Une dette colossale
La dette de la France s'élève à 3000 milliards d'euros. L'objectif du gouvernement est de réduire l'endettement du pays de 111,8% du PIB en 2022 à 108,1% en 2027. Le déficit public devrait passer de 4,8% du PIB en 2022 à 4,4% en 2024 puis 2,7% à la fin du quinquennat, sous l'objectif européen des 3%. Dans ce budget 2024 il s'agit de faire 16 milliards d'économies, 10 proviendront de la fin annoncée du bouclier tarifaire pour l'électricité permettant d'alléger les factures. S'y ajouteront les réductions des aides aux entreprises (4,5 milliards) et à la politique de l'emploi (1 milliard) ainsi que 700 millions issus de la réforme de l'assurance-chômage.
Une inflation toujours forte
L'inflation devrait reculer à 2,6% l'an prochain contre 4,9% en 2023, selon l'exécutif. Il s'agit certes d'une éclaircie, mais celle-ci restera à un niveau élevé.
Faire attention à ne pas augmenter les impôts
Si le gouvernement ne devrait pas créer de nouvel impôt, conformément à ses promesses, il fera le choix de reporter des baisses d'impôts. Depuis 2017, les baisses d'impôts des ménages et des entreprises se chiffrent à quelque 50 milliards d'euros (suppression de la taxe d'habitation, fin de la redevance télé, baisse de l'impôt sur les sociétés...), mais ce n'est plus la tendance. Emmanuel Macron avait évoqué au printemps une nouvelle baisse de 2 milliards d'euros pour les ménages, mais elle aura lieu "quand les conditions seront réunies", avait indiqué le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, et a priori plutôt vers la fin du quinquennat.
Cette politique devrait s'appliquer aussi aux entreprises. Le gouvernement leur avait annoncé qu’un impôt de production, la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises), disparaîtrait totalement l'an prochain. Sa suppression sera finalement étalée jusqu'à 2027.
Financer la transition écologique
Emmanuel Macron a présidé lundi un Conseil de planification écologique et annoncé plusieurs mesures pour diminuer les émissions et la dépendance de la France aux émissions de gaz à effet de serre. Alors pas question, dans ce budget 2024, de financer des mécanismes, aides ou dispositifs contraires à ces ambitions écologiques. Le gouvernement se targue d'un budget teinté de vert : 7 milliards d'euros seront consacrés à la transition énergétique. Des niches fiscales brunes (favorables aux énergies fossiles) seront supprimées, comme celle qui allégeait les taxes sur le gazole non routier. Pour faire rentrer de l'argent dans les caisses, le gouvernement peaufine aussi "une taxation des surprofits" des sociétés concessionnaires d'autoroutes et compte relever l'accise (une taxe) sur le gaz. Il s'interroge aussi sur les marges "élevées" du raffinage, dont TotalEnergies est le numéro un en France, et sur la mise en place d'une taxe sur les billets d'avion.