Propagande électorale : "Il n'y aura pas 100% de distribution dimanche", prévient Darmanin

V.M
Publié le 23 juin 2021 à 11h27, mis à jour le 23 juin 2021 à 11h37

Source : TF1 Info

PROFESSIONS DE FOI - Interrogé ce mercredi matin par la commission des lois du Sénat, Gérald Darmanin a "assumé toute la responsabilité" des dysfonctionnements avant le premier tour, tout en mettant à nouveau en cause les prestataires, dont Adrexo.

Des professions de foi jetées à la poubelle, bloquées dans les cartons ou même brûlées. La distribution de la propagande électorale en amont du premier tour des élections régionales et départementales a été émaillée "de dysfonctionnements majeurs", a dénoncé, ce mercredi matin, le président LR de la commission des lois au Sénat, François-Noël Buffet (LR), avant l'audition du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à ce sujet. 

Un "dysfonctionnement" dont l'ampleur n'est pas totalement évaluée, trois jours après un premier tour marqué par une abstention historique. "Marlène Schiappa a indiqué que 21.000 électeurs n'auraient pas été destinataires. Depuis dimanche, les remontées de terrain rendent ces estimations peu crédibles", a pointé le sénateur. "Par exemple, en Bourgogne-Franche-Comté, plus de 300 communes ont connu des incidents extrêmement importants." Pour le président de la commission des lois, des centaines de milliers de professions de foi n'auraient pas été reçues sur l'ensemble du territoire. 

9% de non-distribution, selon Darmanin

Interrogé à ce sujet, Gérald Darmanin n'a pas confirmé ces évaluations. En revanche, il a indiqué que "9% des plis n'ont pas été distribués" en amont du premier tour, une proportion communiquée par les deux prestataires du marché public, La Poste et Adrexo, dont les dirigeants ont été convoqués lundi. "Il y a eu de sérieux manquement aux marchés, notamment de la part d'Adrexo, même si La Poste n'est pas dépourvue de toute critique", a jugé le ministre de l'Intérieur, rappelant que le marché mis en cause représentait 200 millions d'euros. 

"La différence" entre les deux prestataires, a poursuivi le ministre, c'est que "La Poste, quand elle ne trouve pas les personnes, elle reprend les plis. Adrexo les a laissés sur place, parfois jetés à la poubelle, parfois brûlés". S'agissant d'Adrexo, Gérald Darmanin a ajouté que "dans les territoires urbains, comme la Seine-Saint-Denis, on est à 13% de non-distribution" de la propagande électorale. 

Tout en mettant en cause ces prestataires, Gérald Darmanin a assuré qu'il en assumait "toutes les responsabilités", en tant que ministre de l'Intérieur. 

Pas de garantie pour le second tour

Parmi les causes de ce grand couac, le ministre a avancé plusieurs pistes devant les sénateurs : les difficultés d'accès à certains logements, notamment dans les zones urbaines, la concomitance des deux élections - régionales et départementales - pour la première fois depuis 1986, mais aussi "la libéralisation de la propagande", régulée par une loi de 2005, qui confie à des prestataires la distribution des professions de foi, ces prestataires s'appuyant eux-mêmes sur d'autres prestataires pour la distribution effective dans les boîtes aux lettres, avec du recours à des emplois précaires. 

Gérald Darmanin a répété que les clauses de ces marchés pourraient être revues - ce sont les mêmes marchés qui doivent régir la présidentielle de 2022 -, mais pas avant le second tour organisé dimanche prochain, compte tenu des délais. À ce titre, il ne faut pas s'attendre à ce que les difficultés disparaissent totalement d'ici au 27 juin, a-t-il prévenu. "Il n'y aura pas 100% de distribution dimanche", a-t-il prévenu. 

En outre, il s'est montré ouvert à la fin de la mise en concurrence. "Si demain le Parlement souhaitait que nous reprenions en régie un certain nombre de choses, notamment pour assurer le service public des élections, personnellement je n'y verrais pas d'inconvénient", a-t-il expliqué aux sénateurs.

Dématérialiser la propagande ?

S'il a reconnu que la distribution des professions de foi était "un élément important" des opérations électorales, garante notamment de "l'égalité" entre les candidats, Gérald Darmanin a toutefois jugé que les dysfonctionnements constatés ne pouvaient expliquer à eux seuls l'ampleur de l'abstention au premier tour du scrutin. 

Parmi les pistes d'amélioration possibles, notamment en direction des électeurs les plus jeunes, le ministre de l'Intérieur a évoqué la possibilité de dématérialiser ces professions de fois - il faudrait pour cela une loi -, ce qui permettrait d'éviter ces écueils dans la distribution. "Ce qui est étonnant, c’est que nous sommes l'un des seuls pays à fonctionner avec ce type de distribution", a-t-il pointé. "La dématérialisation pourrait être proposée pour ceux qui ne voudraient pas la recevoir par courrier. Mais le législateur a toujours refusé."


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