Droit de vote des étrangers : l'impossible promesse de François Hollande ?

Publié le 15 juillet 2014 à 16h31
Droit de vote des étrangers : l'impossible promesse de François Hollande ?

POLITIQUE - Le président de la République a affirmé, lors de son intervention télévisée du 14 juillet, qu'il tiendrait son engagement de campagne d'ici à 2016. Mais sa majorité au Sénat risque d'être renversée... et sa promesse de rester lettre morte.

"J'accorderai le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant en France depuis cinq ans". Cette promesse de campagne, François Hollande l'a réaffirmée lors de son interview télévisée du 14 juillet . "Un texte sera présenté avant la fin du quinquennat", a-t-il de nouveau assuré, expliquant ne pas l'avoir fait avant les élections municipales "parce qu'on nous en aurait fait le reproche". "Je ne renoncerai pas", a-t-il martelé.

Pourtant, comme le Président l'a rappelé, il lui faut regrouper une majorité des trois cinquièmes au Parlement - députés et sénateurs réunis - pour adopter cette réforme. Or lui-même en avait pris acte le 6 mai dernier, à l'occasion du deuxième anniversaire de son élection : "Il n'y a pas de majorité aujourd'hui pour voter ce texte".

Le Sénat sur le point de rebasculer à droite

Cette situation est-elle susceptible d'évoluer d'ici à 2016 ? Le parti socialiste semble y croire, qui a proposé la semaine dernière la mise en place d'un comité national pour le droit de vote des étrangers. Mais après la débâcle des élections municipales, la majorité de gauche au Sénat semble avoir fait long feu. Jean-Pierre Bel, président PS de la haute assemblée, l'admettait au lendemain du choc : "Nos réserves (6 sièges d'avance, ndlr) sont largement épuisées (...) la droite part largement favorite aux sénatoriales". Selon ses prévisions rapportées par Le Lab , l'UMP se voit même gagner 21 nouveaux sièges lors des élections sénatoriales en septembre prochain. Demain encore moins qu'hier, François Hollande ne paraît donc en situation de réunir la fameuse majorité requise des 3/5.

Quand bien même le Président voudrait tenter le coup, encore faudrait-il convaincre son propre camp. Et s'il a la faveur des écologistes et de la gauche de la gauche, le droit de vote des étrangers est loin de faire l'unanimité au PS, y compris au sein de l'exécutif. Avant de devenir Premier ministre, Manuel Valls considérait en 2012 qu'il n'était "pas une revendication forte des Français", ni d'ailleurs "un élément puissant d'intégration".

De son côté la droite, vent debout contre cette réforme, fourbit déjà ses armes en cas d'affrontement sur le sujet. Bruno Le Maire, candidat à la présidence de l'UMP a annoncé ce mardi qu'il "s'y opposerait avec la plus grande fermeté", la fustigeant comme "dangereuse pour le pays" et comme un nouveau moyen de "diviser les Français". Après la violence du débat sur le mariage pour tous, François Hollande osera-t-il vraiment prendre le risque d'une nouvelle guerre des tranchées à la veille de la présidentielle ? Rien n'est moins sûr. Après François Mitterrand en 1981, puis Lionel Jospin, il serait alors le troisième dirigeant socialiste à renoncer au droit de vote pour les étrangers aux élections locales.


La rédaction de TF1info

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