Droits des femmes, violences sexistes et sexuelles : que proposent les candidats à la présidentielle ?

Publié le 7 mars 2022 à 12h00, mis à jour le 7 mars 2022 à 18h00

Source : JT 20h WE

Ce lundi 7 mars, à la veille de la journée internationale des droits des femmes, les candidats à la présidentielle sont invités à exposer leurs mesures lors d'une émission spéciale sur LCI.
Égalité salariale, IVG, lutte contre les violences sexistes et sexuelles : que proposent-ils ?

Ce n’est pas le sujet le plus commenté de la campagne. Pourtant l’égalité femmes-hommes et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles sont des questions sur lesquelles les candidats à l'élection présidentielle doivent obligatoirement avoir des propositions, à l'heure où les inégalités salariales, les féminicides, les violences conjugales et économiques s'imposent comme des sujets de société majeurs. À la veille de journée internationale des droits des femmes, et alors qu'ils exposent ce lundi soir leurs mesures sur LCI, TF1info a donc épluché les programmes des prétendants à l'Élysée, plus ou moins conséquents en la matière.

Sans grande surprise, c'est à gauche que les programmes des candidats sont les plus fournis sur le sujet. Le communiste Fabien Roussel divise son programme en six objectifs, et l'un d'eux est consacré à "l’heure de la révolution féministe". Pour la mettre en œuvre, il propose de créer un ministère des droits des femmes de plein droit et d'affecter un milliard d’euro à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Le député du Nord promet de rendre l’égalité salariale effective dans les six premiers mois de son mandat dans la fonction publique, un an dans le secteur privé, de rendre "l’accès libre et gratuit à la contraception" et d'aligner le délai de recours de l'IVG avec les pays européens les plus progressistes en vertu de la "clause de l’Européenne la plus favorisée". Il se prononce pour l'abolition de la prostitution, la gratuité des protections hygiéniques et l'instauration d'un congé parental de la durée du congé maternité pour les deux parents. Fabien Roussel prône également l'inéligibilité contre les élu(e)s convaincu(e)s de violences sexistes et/ou sexuelles. 

La mesure clé de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon sera d’adopter une loi de lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes et d’allouer un milliard de budget à cette cause, notamment pour la formation et des places d’hébergement. Il souhaite imposer la parité dans les institutions politiques, administratives, économiques, syndicales et associatives, renforcer le planning familial, rendre les congés parentaux identiques pour les deux parents, lutter contre le temps partiel contraint qui touche les femmes à 80%, rembourser le traitement hormonal de la ménopause et abolir la prostitution. Il propose également de remplacer le quotient familial fiscal actuel par un crédit d’impôt par enfant que pourraient toucher toutes les familles et de mettre fin au quotient conjugal. Ce mécanisme de conjugalisation de l'impôt, qui consiste à attribuer une part au conjoint marié ou pacsé, accroît le taux d’imposition du membre du couple qui a les ressources les moins élevées, souvent la femme.

Jadot veut supprimer le quotient conjugal

Supprimer le quotient conjugal est également l'une des mesures phares de l'écologiste Yannick Jadot. L’égalité salariale entre les femmes et les hommes sera obligatoire "à compétence et travail égaux" "dans toutes les entreprises de plus de 20 salarié(e)s et dans les administrations publiques, au risque de recevoir une amende de 330 euros par jour et par employée concernée jusqu’à régularisation", écrit-il également dans son programme. Pour mettre fin à l’impunité des violences sexistes et sexuelles, il veut garantir une aide juridictionnelle adaptée aux victimes, la mise en place de tribunaux et brigades spécialisés, la possibilité de déposer plainte dans les établissements de santé. Il se prononce pour l'imprescriptibilité des viols sur mineurs. Il souhaite imposer un congé parentalité de même durée pour les deux parents, offrant 16 semaines de congé dont 8 obligatoires, réparties avant ou après l’accouchement. Il veut faciliter la pratique de l'IVG en permettant qu’elle soit réalisée par des sage-femmes et en allongeant son délai à 14 semaines. 

La socialiste Anne Hidalgo veut rendre publique la liste des entreprises qui laisseraient perdurer des discriminations salariales et leur imposer des sanctions. Pour lutter contre les violences faites aux femmes, elle rétablira un ministère des Droits des femmes de plein exercice qu’elle dotera d’un budget de 1 milliard d’euros. La maire de Paris estime "que les violences faites aux femmes sont une des principales causes de l’insécurité dans notre société" et souhaite s’appuyer sur l’Espagne, "qui dispose de la législation reconnue comme la plus efficace en Europe" pour mieux former les policiers et les gendarmes, intégrer des assistantes sociales dans les commissariats et les gendarmeries, aggraver les sanctions pénales, éloigner les conjoints violents, accompagner socialement et psychologiquement les victimes et leur laisser un accès prioritaire au parc social. Elle souhaite, elle aussi, allonger le congé paternité à 16 semaines, et en rendre 6 obligatoires.

La candidate LR Valérie Pécresse veut faire de la santé des femmes l’une des trois grandes causes de son quinquennat, en mettant en place des consultations mère/enfant pour les mamans seules, reconnaissant l’endométriose comme affection longue durée, imposant un congé pour les règles de deux jours par mois sur avis médical, abaissant le taux de TVA à 2,1% sur les produits d’hygiène féminine. Pour aider les familles monoparentales, en majorité des mères, elle veut défiscaliser les pensions alimentaires du parent seul. Dans une interview au magazine Elle du 10 février, elle indique également que dans sa réforme des retraites elle fera "passer les pensions de réversion des femmes qui n’ont pas une carrière complète de 54 à 75% de la retraite du conjoint". Comme Anne Hidalgo, elle veut s’inspirer du modèle espagnol et de sa justice spécialisée. 

Le Pen veut faire du harcèlement de rue à connotation sexuelle un délit

Marine Le Pen (Rassemblement national) souhaite doubler le soutien aux mères isolées élevant des enfants tout en renforçant les contrôles pour éviter les fraudes. Elle propose de faire du harcèlement de rue à connotation sexuelle un délit et une circonstance aggravante s’il est commis en réunion et d'inscrire leurs auteurs au fichier des criminels et délinquants sexuels, comme ceux qui en font l’apologie sur les réseaux sociaux.

Eric Zemmour (Reconquête !) a ajouté récemment un volet nommé "françaises" dans son programme, dans lequel il indique vouloir permettre aux deux parents de se répartir le temps de congé parental et donner la priorité aux mères célibataires pour l’obtention de logements sociaux et les places en crèche. Pour la lutte contre les violences sexuelles et conjugales, celui qui est décrié pour ses propos et écrits sur les femmes, réclame l’automatisation du port de bracelets anti-rapprochement pour les personnes condamnées pour violences conjugales, l'augmentation des places dédiées aux victimes de violences conjugales dans les centre d’hébergement, l'expulsion des criminels et délinquants sexuels étrangers et binationaux. Pour encourager la natalité, il propose de mettre en place une bourse naissance de 10.000 euros pour chaque enfant né dans un territoire rural.

Emmanuel Macron, un programme toujours inexistant

Quant à Emmanuel Macron, entré très récemment en campagne, il n'a toujours pas élaboré ou publié de programme. Il n'est donc pas possible de savoir ce qu'il proposera précisément sur ce sujet pour un second quinquennat. Sur le site internet de LaREM, il est possible de voir que selon le mouvement présidentiel, le chef de l'État a rempli la majorité de ses objectifs en matière d'égalité femmes-hommes, à l'exception de l'instauration de la parité au sein de toutes les institutions et agences européennes. Mais selon un rapport publié le 3 mars par plusieurs ONG, le bilan d'Emmanuel Macron en la matière est décevant. "Au regard de l’ambition affichée de faire de l’égalité femmes-hommes la 'grande cause nationale du quinquennat' (...) nous prenons acte des efforts, mais les mesures entreprises ces cinq dernières années n’ont pas permis de transformer un système profondément sexiste. Les moyens ont été trop faibles et de multiples erreurs et ambiguïtés ont questionné la réalité de l’engagement de la France", estiment les organisations Oxfam France, Equipop et Care France.


Justine FAURE

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