Du PS au gouvernement : un parachute en or pour Harlem Désir

Publié le 9 avril 2014 à 17h35
Du PS au gouvernement : un parachute en or pour Harlem Désir

REMANIEMENT - Il n'a jamais véritablement réussi à enfiler le costume de patron du PS, mais il rejoint "l'équipe de combat" de Manuel Valls. Harlem Désir a été nommé mercredi secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes.

Un poste de secrétaire d'Etat aux affaires européennes , il y a pire comme lot de consolation. Mais l'exfiltration d'Harlem Désir, débarqué mercredi du secrétariat général du PS en échange d'un strapontin ministériel, marque bien l'échec de son expérience à la tête du parti.

Trop effacé, trop langue de bois, pas assez légitime après avoir été coopté par l'exécutif... Jamais l'ancien patron de SOS Racisme n'aura véritablement réussi à faire taire les critiques essuyées lors de son élection il y a un an et demi. Au point que "ses camarades" l'ont rapidement affublé du surnom de "SOS charisme". "Si Harlem Désir a réussi à garder un parti discipliné, contribuant notamment à museler son aile gauche, il n'est pas parvenu à trouver un moyen d'en faire un laboratoire d'idées, à l'autonomiser tout en restant fidèle au gouvernement", souligne Frédéric Dabi, de l'Ifop.

"Promotion-sanction"

Après sa mise en porte-à-faux de François Hollande lors de l'affaire Leonarda – Désir avait souhaité que la collégienne rom revienne en France avec toute sa famille -, le vote-sanction des municipales a scellé son sort. Un de ses prédécesseurs, Henri Emmanuelli, avait alors publiquement appelé à sa démission, estimant que le parti était plongé "dans un coma profond". C'est de toute façon une quasi règle au PS : après les défaites aux législatives de 1993 ou aux européennes de 1994, Laurent Fabius et Michel Rocard avaient eux aussi pris la porte.

Dès les premières rumeurs sur son éviction mercredi, des voix se sont élevées au sein du parti pour dénoncer "un déni de démocratie", le chef dont le mandat devait s'achever en octobre de 2015 ayant été élu par les militants. Mais ce sont surtout les commentaires ironisant sur sa nomination au gouvernement, perçue comme une "promotion-sanction", qui se sont multipliés au sein de l'opposition et sur Twitter. Beaucoup ne manquant pas de souligner, au passage, le peu d'assiduité du député européen lors des sessions plénières de vote à Strasbourg. "Il y a tout de même une cohérence à le nommer aux Affaires européennes, note Frédéric Dabi : il a une expertise sur le sujet puisque ses seuls mandats électifs, depuis 1999, ont été européens." A Harlem Désir, désormais, de sortir de ce placard doré.


Gilles DANIEL

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