Vote utile, dynamiques inversées... Mi-mars, quand les courbes des sondages de la présidentielle ont basculé

Publié le 8 avril 2022 à 15h35, mis à jour le 8 avril 2022 à 16h33

Source : JT 13h Semaine

À quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote pour le premier tour de l'élection présidentielle, trois candidats se détachent dans les sondages.
Il y a moins d'un mois, la tendance était encore très différente.
Récit de trois semaines qui ont bousculé les dynamiques.

Il y a un mois, Emmanuel Macron, tout juste déclaré candidat, flottait au-dessus de la barre des 30% d'intentions de vote sans faire campagne, Marine Le Pen ne distançait que de quelques longueurs Éric Zemmour et Valérie Pécresse, et Jean-Luc Mélenchon était le cinquième homme. À deux jours du premier tour, la donne est radicalement différente. Certains courbes de notre sondage quotidien Ifop-Fiducial se sont croisées.

Selon les résultats de ce vendredi 8 avril, Emmanuel Macron est toujours donné en tête (26%), mais perd des points, Marine Le Pen ne cesse de s'en rapprocher (24%), et Jean-Luc Mélenchon rêve de déjouer le duel annoncé (17%). De leur côté, Éric Zemmour et Valérie Pécresse sont passés sous la barre des 10%.

Macron, la campagne éclair

Si les sondages ne sont pas prédictifs du résultat final, ils donnent toutefois une indication des rapports de force et des dynamiques. Celle d'Emmanuel Macron est à la baisse. Depuis son entrée en campagne, le président sortant peine à retrouver l'élan qui l'avait propulsé en tête du premier tour en 2017. Son avance semble même être en train de s'éroder.

Durant la première quinzaine de mars, il est monté jusqu'à 31,5% des intentions de vote, porté par "l'effet drapeau" de la guerre en Ukraine. "Il se trouve désormais dans une situation intermédiaire entre son résultat qui précédait l'offensive russe et son meilleur niveau", analyse Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l'Ifop, dans un entretien accordé à TF1info.

La faute, sans doute, à une campagne faible en rassemblements - un seul meeting à La Défense Arena et quelques déplacements - marquée également par la polémique autour de l'utilisation des cabinets de conseil durant son quinquennat. La présentation de son programme, le 17 mars dernier, coïncide aussi avec ce tassement dans les sondages. "Son projet de repousser l'âge de départ à la retraite à 65 ans lui a fait perdre quelques points à gauche", note Frédéric Dabi. "Son refus de participer à des débats a sous doute aussi donné l'image d'un président en surplomb. Or, dans une campagne électorale, les Français attendent une confrontation de programmes."

Le Pen profite de la chute de Pécresse et Zemmour

Les déplacements, Marine Le Pen les a multipliés, dans une campagne où elle a délaissé les thèmes historiques de son parti - identité, immigration, sécurité - pour se concentrer sur le pouvoir d'achat. "Elle s'est emparée du thème principal de la campagne depuis septembre", estime Frédéric Dabi. De 18% mi-mars, elle est désormais créditée de 24% des intentions de vote.

Des voix qu'elle a sans doute grappillé chez son principal adversaire à l'extrême droite de l'échiquier politique : Éric Zemmour. Depuis un mois, la campagne du candidat de Reconquête! slalome entre les polémiques, tantôt sur le ministère de la remigration, que le prétendant à l'Élysée compte mettre en place, que sur les "Macron assassin" scandés à son meeting du Trocadéro. Il y a trois semaines, environ 13% des électeurs comptaient placer un bulletin au nom de l'ancien polémiste dans l'urne. Selon notre sondage, dont Éric Zemmour conteste les estimations, il est dorénavant à 9%.

Valérie Pécresse a, elle aussi, perdu du terrain. Début mars, elle pointait encore à 14% d'intentions de vote, dans la marge d'erreur pour se qualifier au second tour. À quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote, la candidate des Républicains, créditée de 9% des suffrages ce vendredi, reste convaincue qu'elle y sera. Mais elle n'aura jamais bénéficié du soutien du dernier président de la République de sa famille politique, Nicolas Sarkozy, qui a préféré garder le silence aura perdu une semaine de campagne en raison d'une contamination au Covid-19.

Mélenchon, l'argument du vote barrage

Outre Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon est monté en puissance dans la dernière ligne droite, fort des grands rassemblements populaires organisés à Paris, Marseille et Toulouse, puis de son multi-meetings en hologrammes. Il y a un mois, il flirtait avec la barre des 10%, avant de monter à 17,5% jeudi 7 avril, son plus haut niveau. Seul candidat de gauche en mesure de se qualifier au second tour, semble-t-il, Jean-Luc Mélenchon a, ces dernières semaines, sorti la carte du "vote efficace" pour "faire barrage" à l'extrême droite dès le premier tour.

Des membres historiques des autres partis de gauche, comme Ségolène Royal, ou ce vendredi Christiane Taubira, ont appelé à voter pour lui. Une stratégie à laquelle le candidat de l'Union populaire croit. Toujours selon notre enquête quotidienne Ifop-Fiducial, l'électorat des autres candidats de gauche fait partie des plus indécis. Un réservoir que compte bien attirer le député insoumis.


Idèr NABILI

Tout
TF1 Info