Présidentielle 2022 : ce qu'il faut retenir du projet d'Emmanuel Macron

Publié le 17 mars 2022 à 19h39, mis à jour le 17 mars 2022 à 23h53

Source : JT 20h Semaine

Le chef de l'État, candidat à sa succession, a dévoilé son programme en vue de l'élection présidentielle, jeudi 17 mars.
Le président sortant s'est livré à une longue présentation devant la presse.
En voici les principaux éléments.

Emmanuel Macron a présenté les grands contours de son projet présidentiel à l'occasion d'une conférence de presse donnée devant près de 200 journalistes, jeudi 17 mars à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Candidat à sa succession, le président sortant a longuement détaillé  ce qui va être les grands thèmes de campagne, avant de répondre aux questions de son auditoire. 

Voici les principaux éléments que l'on peut retenir du projet qu'il portera d'ici au premier tour, le 10 avril prochain, et qu'il conduira s'il est réélu. 

Hausse du budget militaire

Emmanuel Macron s'engage à poursuivre la trajectoire de hausse des investissements dans la défense nationale dans le contexte de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Le budget sera porté de 40,9 à 50 milliards d'euros en 2025. "Il devra être complété au niveau européen" avec "un réinvestissement" dans le fonds de défense de l'UE, a-t-il plaidé. 

En outre, s'il est réélu, il demandera au chef d'état-major des Armées "de réévaluer les besoins au regard de cette guerre", avec la nécessité "d'intensifier nos investissements face à une guerre de haute intensité". Emmanuel Macron veut aussi doubler le nombre de réservistes, dans le cadre d'un "nouveau pacte" autour de la défense nationale et généraliser le service national universel, qui comptera, en 2022, 50.000 nouvelles recrues volontaires. 

Indépendance alimentaire

Toujours dans le contexte de la guerre, qui remet en cause la dépendance européenne à l'égard de la Russie, Emmanuel Macron promet de réinvestir en faveur de la production agricole française. En cas de réélection, une "loi d'orientation agricole" serait votée afin de permettre "la transition démographique", c'est-à-dire l'installation d'une nouvelle génération d'agriculteurs pour assurer la relève dans les exploitations. 

Emmanuel Macron compte remettre en cause la stratégie "Farm to Fork" ("de la ferme à la fourchette"), qui prévoyait une diminution de la production de 13%. "Ces objectifs doivent être revus car, en aucun cas, l'Europe ne peut se permettre de produire moins", a-t-il assuré.

Refonte de la filière énergétique, prime au nucléaire

Emmanuel Macron confirme son intention de relancer le parc nucléaire français, au nom de l'indépendance énergétique, avec la construction de six réacteurs et la mise à l'étude pour huit autres. Envisageant "la reprise du contrôle capitalistique de plusieurs acteurs industriels", il veut rendre les prix de l'énergie moins dépendants du gaz et du pétrole. 

Le candidat s'engage en outre à développer "50 parcs éoliens en mer" d'ici à 2050 et à multiplier par dix l'énergie solaire, au moyen de filières 100% françaises. Il promet aussi de rénover "au moins 700.000 logements par an" au cours du quinquennat et de renforcer les aides à l'acquisition de véhicules électriques. 

Réforme des lycées professionnels, autonomie des écoles

Emmanuel Macron veut que chaque jeune formé dans un lycée professionnel puisse trouver un emploi près de chez lui et répondre aux besoins de son territoire. Il propose que l'État planifie les besoins en les territorialisant et en "adaptant l'offre de formation en conséquence", avec l'objectif d'un million d'emplois d’avenir créés en dix ans.

Pour cela, il mènerait une réforme du lycée professionnel "pour en faire une voie d’excellence en répétant le succès de l’apprentissage", ouvrant la voie à une rémunération des lycéens en alternance.

En outre, Emmanuel Macron a confirmé son intention d'étendre les expérimentations lancées à Marseille, visant à renforcer l'autonomie des chefs d'établissements dans les écoles. Il défend enfin "un pacte nouveau avec les enseignants" consistant en une augmentation "significative" des rémunérations, en échange de "nouvelles missions"

Suppression de Pôle Emploi, réforme du RSA

Sur le front du travail, Emmanuel Macron reprendrait le chantier lancé en 2017, en promettant "la poursuite des réformes du marché du travail en continuant à simplifier et déconcentrer le dialogue"

Il compte supprimer l'agence Pôle Emploi pour la remplacer par "France Travail", un organisme territorialisé où l'on mettrait "toutes les compétences autour de la table", avec un bilan de compétence, des formations et l'accompagnement vers le retour à l'emploi. 

Emmanuel Macron veut aussi réformer le RSA, qu'il transformerait en "un revenu d'activité" assurant "un meilleur équilibre des droits et des devoirs", dans l'esprit du contrat d'engagement jeunes mis en œuvre pour les 18-25 ans. 

La retraite à 65 ans

Le candidat confirme son intention de proposer le report progressif de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans. Une réforme qui tiendra compte des carrières longues, assure-t-il, ainsi que de la "réalité des métiers", et qui fera l'objet de négociations entre les partenaires sociaux. 

Pour les retraités, la pension minimale pour une carrière complète serait portée, en outre, à 1100 euros.

Les déserts médicaux

Après le plan Ségur dans les hôpitaux, Emmanuel Macron se fixe l'objectif de lancer une réforme de la gouvernance des établissements de santé en remettant des praticiens à leur tête. En outre, il compte proposer des mesures pour lutter contre les déserts médicaux : recours aux assistants médicaux, aux pharmaciens et aux infirmiers pour les actes simples (comme le renouvellement d'ordonnance), ou encore installation de permanences dans des territoires sous-dotés. 

Il propose par ailleurs de "déployer la quatrième année d'internat pour les médecins généralistes dans les zones rurales", et de "réguler davantage l'installation" des jeunes médecins tout en les accompagnant, notamment sur le plan du logement. 

Aides sociales

Le candidat entend aussi, en cas de réélection, poursuivre la refonte des aides pour les plus précaires en leur simplifiant l'accès, une idée qu'il avait déjà défendue au début de son quinquennat. Il plaide pour "une solidarité à la source" qui permettrait de mettre fin à la segmentation des aides (RSA, prime d'activité, APL, allocation familiales...) et d'élargir le champ des bénéficiaires. 

Pour les mères célibataires, le complément de mode de garde serait en outre étendu pour les enfants de 6 à 12 ans, s'il est réélu. Dans la même logique, il promet d'augmenter l'allocation de soutien familial pour les mères célibataires, qui passerait de 116 à 174 euros.

Revenus et impôts

Le candidat Macron, comme en 2017, souhaite que les salariés puissent "mieux vivre de leur travail". À ce titre, il propose de faire passer la prime de pouvoir d'achat de 1000 euros à 3000 euros par an, voire à 6000 euros si un accord d'intéressement est signé. Pour les indépendants, les charges seraient diminuées sous certaines conditions. 

Il propose en outre le relèvement de l'abattement sur les droits de succession de 100.000 à 150.000 euros, ainsi qu'un abattement pour les lignes indirectes. Emmanuel Macron confirme aussi son engagement à supprimer la redevance audiovisuelle de 138 euros. 

Durcissement sur l'immigration

Au chapitre régalien, Emmanuel Macron promet enfin, outre la création déjà programmée de 200 brigades de gendarmerie, le recrutement de 8500 magistrats et personnels de justice d'ici à 2027. 

Son projet est surtout marqué par un nouveau durcissement sur l'immigration. Au-delà de la réforme de l'espace Schengen qu'il compte porter au niveau européen, le président sortant veut "refondre l'organisation de l'asile et du droit de séjour", avec "la mise en place de procédures d'éloignement plus rapides et plus effectives". Dans ce cadre, le refus d'octroi de l'asile "vaudra obligation de quitter le territoire français".

Enfin, s'il est réélu, les titres de séjour long ne seraient délivrés "qu'à ceux qui réussissent un examen de français et s'insèrent professionnellement". La mesure s'appliquera aussi aux bénéficiaires du regroupement familial et aux réfugiés. 


Vincent MICHELON

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