Interview

Dynamique de Marine Le Pen : "Eric Zemmour lui a permis de se désextrémiser"

Propos recueillis par Idèr Nabili
Publié le 7 avril 2022 à 17h25, mis à jour le 8 avril 2022 à 8h54

Source : JT 20h WE

À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen est créditée de 24% des intentions de vote, selon notre sondage quotidien Ifop-Fiducial, en date du 7 avril.
Sa courbe ne cesse de grimper depuis la mi-mars.
Comment expliquer cette dynamique ? Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l'Ifop, répond à TF1info.

Jamais l'écart entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron n'avait été aussi serré.  Selon notre sondage quotidien Ifop-Fiducial, Marine Le Pen recueillerait désormais 24% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle, contre 23.5% la veille. Emmanuel Macron, lui, est toujours en tête, mais voit son avance fondre et ne compte plus que 2.5 points. L'écart s'est également réduit au second tour, dans l'hypothèse d'un duel face au président sortant.

Toujours selon notre sondage, Marine Le Pen est aussi celle qui bénéficie d'un socle solide : 79% de ses électeurs se disent sûrs de leur choix. Comment expliquer sa dynamique ? Comment sa campagne est-elle jugée par les Français ? Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l'Ifop, nous éclaire.

Comment expliquer la dynamique favorable de Marine Le Pen au premier tour ?

Malgré la présence d'Éric Zemmour, Marine Le Pen se trouve au-dessus de son score de 2017 (21,3%), et a resserré l'écart avec Emmanuel Macron. Les Français considèrent qu'elle mène la meilleure campagne. Elle a réussi à gagner assez nettement la primaire de droite extrême face à Éric Zemmour. Le candidat de Reconquête! a payé sa position pro-Poutine et cassé son image en déclarant que le président russe n'attaquerait pas l'Ukraine. Au contraire, Marine Le Pen a évité tout effet collatéral de la guerre.

Marine Le Pen apparaît presque "chiraquisée"
Frédéric Dabi

Elle mène essentiellement campagne sur le pouvoir d'achat, est-ce la clé pour convaincre les électeurs ?

Marine Le Pen a en effet plus senti que les autres le thème principal de la campagne : le pouvoir d'achat. Elle s'en est emparée depuis septembre. Traditionnellement, le FN devenu RN parle plutôt des sujets identitaires, migratoires, sécuritaires. Cette fois, elle a réussi à épouser ce qui a structuré la campagne.

Son image auprès des Français s'est-elle améliorée ?

Oui, elle a laissé Éric Zemmour endosser la tunique maudite de l'extrémiste, du personnage repoussoir. Initialement, sa présence avait affaibli électoralement Marine Le Pen, puisqu'elle était tombée à 14 ou 15% dans notre sondage quotidien. Toutefois, cela lui a permis de se recentrer, de se désextrémiser. Elle est apparue authentique, humanisée, presque "chiraquisée".

N'est-ce pas le plus important dans une élection présidentielle ?

L'élection présidentielle est une affaire d'image et d'incarnation. Marine Le Pen a réussi à créer de la proximité identificatoire, notamment auprès des femmes. Avec cette image et son programme plutôt en phase avec le récit de la campagne sur le pouvoir d'achat, elle incarne aujourd'hui le changement. Face à elle, Emmanuel Macron apparaît comme l'expert et le rempart dans un contexte de crise, mais il n'incarne plus le mouvement.


Propos recueillis par Idèr Nabili

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