Présidentielle : de Paris à Nancy, des étudiants protestent contre le duel de l'entre-deux-tours

M.L
Publié le 13 avril 2022 à 20h37

Source : JT 20h Semaine

Plusieurs centaines d'étudiants ont bloqué les locaux de leurs établissements mercredi, à la Sorbonne notamment.
Ils protestent contre les résultats du premier tour, renvoyant dos à dos les deux finalistes.
Les contestataires leur reprochent de ne pas prendre en compte leurs revendications sociales et écologistes.

En 2002, lorsqu'à la surprise générale Jean-Marie Le Pen accédait au second tour, des milliers de jeunes avaient déferlé dans les rues pour protester contre le Front national. Vingt ans plus tard, ce mercredi, plusieurs centaines d'étudiants se sont mobilisés cette fois contre le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, refusant d'adopter une consigne de vote face à deux finalistes qui, selon eux, bafouent l'un et l'autre leurs préoccupations. À Paris et Nancy, ils ont bloqué des bâtiments universitaires pour faire entendre leur voix dans l'entre-deux-tours et alerter sur les questions écologiques ou sociales. 

À Paris, plusieurs centaines d'entre eux ont participé à partir de la mi-journée à une assemblée générale interfacs dans un amphithéâtre à la Sorbonne pour décider de la mobilisation à suivre. "Il y a environ 150 à 200 personnes de facultés différentes qui sont toujours dans l'amphithéâtre à la Sorbonne et qui ont voté l'occupation. Des négociations sont en cours avec la présidence", a expliqué à l'AFP en fin de journée Nathan Kohn, étudiant en droit à Paris 1. 

"Une révolte en réaction à l'affiche de l'entre-deux-tours"

Selon Le Monde, ils étaient même de 500 étudiants mobilisés. "On ne donne pas de consignes de vote mais par contre, on appelle à la mobilisation, au blocus, à l’action", ont scandé ces jeunes qui pour beaucoup ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, rapporte le journal. À la mi-journée, un mouvement de foule pour tenter d'entrer dans la Sorbonne s'est créé à l'entrée de l'université, étudiants et vigiles ayant été bousculés, sans faire de blessés, selon divers témoignages d'étudiants.

"Il y a une mobilisation de jeunesse, une révolte en réaction à l'affiche de l'entre-deux tours", a indiqué à l'AFP Victor Mendez, président de l'Unef Nanterre, présent à la Sorbonne. "C'est un ras-le-bol par rapport à l'aggravation de la précarité, par rapport à l'avenir qui nous est laissé en ce qui concerne l'état de la planète"

Dans un communiqué publié mardi sur ses réseaux sociaux, l'Unef a toutefois demandé de ne donner "aucune voix à l'extrême droite" et appelé "la jeunesse à se mobiliser dans les urnes" le 24 avril. "Le Rassemblement national, tout comme les mouvements politiques d'extrême droite qui émergent, ne sont pas des partis comme les autres", écrit le syndicat, tout en affirmant que le gouvernement est "responsable de l'implantation durable des idées d'extrême droite".

Sur le campus, quelques rares voix disaient craindre les répercussions d'une abstention massive des jeunes sur le vote : "Avec les 32 % de scores cumulés de Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, je pensais qu’il y aurait une réaction énorme, mais c’est comme si la jeunesse ne prenait pas la mesure", témoigne Camille, un étudiant en lettres, auprès du Monde.

"Libéralisme débridé ou nationalisme autoritaire"

Des étudiants bloquent également depuis lundi des locaux de l'École normale supérieure, sur le campus Jourdan dans le 14e arrondissement de Paris. L'objectif : "En faire une vraie scène d'émergence de cette voix des jeunes et qu'elle soit plus représentée dans les débats chez les deux candidats", pour défendre la lutte contre "les violences racistes, islamophobes, sexistes, le climat et l'urgence à agir face au rapport du Giec notamment", a souligné auprès de l'AFP Martin Labat, étudiant en licence de sciences pour un monde durable. Selon lui, quelque 80 étudiants étaient présents lundi, puis 40 mardi.

Des étudiants ont aussi bloqué mercredi les entrées du campus de Sciences Po Paris à Nancy, empêchant les professeurs, les élèves et l'administration d'y avoir accès, a appris l'AFP d'un étudiant en deuxième année, Guénolé. Selon lui, une soixantaine de jeunes participaient dans l'après-midi à ce mouvement, soutenu par le syndicat Solidaires, après une centaine dans la matinée. 

"On bloque parce qu'on est dans une impasse politique. Les candidats qualifiés au second tour de la présidentielle ignorent complètement nos priorités. Ce sont des priorités écologiques, de justice sociale, féministes, antiracistes", a-t-il dit. "C'est à nous d'en parler". Dans un communiqué, les étudiants renvoient les deux candidats dos à dos et estiment que "nous ne pouvons et nous ne voulons pas subir cinq nouvelles années de libéralisme débridé ou de nationalisme autoritaire".


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