Élection présidentielle 2022

Présidentielle 2022 : partir plus tôt que ses concurrents, stratégie gagnante pour Mélenchon ?

Publié le 30 août 2021 à 18h30
Jean-Luc Mélenchon en meeting en mai 2021

Jean-Luc Mélenchon en meeting en mai 2021

Source : Lionel BONAVENTURE / AFP

CAMPAGNE - Parti bien en avance et déjà en ordre de marche pour 2022, Jean-Luc Mélenchon a pris de l'avance sur ses concurrents de gauche. Sa stratégie peut-elle s'avérer payante sur le long terme ? Analyse.

"Je suis prêt et je propose ma candidature à l'élection présidentielle de 2022." Il y a près de dix mois, sur le plateau du journal de 20H de TF1, Jean-Luc Mélenchon annonçait qu'il serait candidat à la présidence de la République. Depuis à gauche, seuls Fabien Roussel (PCF), Philippe Poutou (NPA) et Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) ont fait de même. Les Verts et le Parti socialiste sont engagés dans un processus de désignation qui n'aboutira pas avant plusieurs semaines, et qui fait naître des dissensions internes. 

Contrairement aux Insoumis, les écologistes et les socialistes ont tenu leurs universités d'été sans pouvoir présenter à leurs militants leur candidat pour 2022, ni même un programme en partie ficelé. Quand ils doivent répondre dans la presse aux polémiques sur leurs mésententes, les lieutenants de Jean-Luc Mélenchon parlent idées et appellent au vote. "Nous on va avancer, pendant que les autres débattent entre eux et ne sont pas sortis de l’ornière", a déclaré le député Eric Coquerel à l'AFP. Samedi depuis Valence où se tenait leur rendez-vous estival, la coordinatrice du programme du parti, Clémence Guetté, a fait un topo informel à la presse sur la stratégie des Insoumis ; elle faisait de même jeudi dernier dans Libération.

Des idées approuvées par les Français

Cette stratégie passe notamment par la validation de leurs idées par les Français. Et selon l'enquête Harris interactive menée au cours de l’été sur 42 mesures, une majorité obtiennent des opinions favorables, se réjouissent les Insoumis ces derniers jours. Ainsi, 76% des sondés se disent favorables à l’augmentation du smic à 1400 euros nets par mois, 69% à la semaine de 32 heures, 68% à la baisse des impôts pour les personnes gagnant moins de 4000 euros par mois, et 63% à la convocation d’une assemblée constituante pour une 6e République.

Aussi, Jean-Luc Mélenchon a pu se féliciter d'un baromètre publié par Harris interactive le 25 août, le plaçant comme le premier candidat à gauche. Le député de Marseille obtiendrait 11% des voix au premier tour de l'élection présidentielle, devant Anne Hidalgo (7%) et Yannick Jadot (6%) dans le cas où Arnaud Montebourg ne serait pas candidat. "Harris pour Challenges : je gagne 1 point dans tous les cas de figure", s’est-il réjoui sur Twitter.

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Une stratégie "cohérente", mais une image "abîmée"

"Ces résultats sont dus au fait que les Insoumis sont relativement en ordre de bataille et avancent de façon assez organisée quand les autres partis à gauche avancent au jour le jour avec des contestations internes fortes", a expliqué à LCI le politologue Olivier Rouquan. "A LFI le style Mélenchon agace, mais son leadership est incontesté. Il est également identifié depuis longtemps." Selon lui, "Jean-Luc Mélenchon était dans une position défavorable, donc partir tôt pour refonder sa base, la coaliser, l’entretenir et la développer était opportun. Mais si sa stratégie est fondée et cohérente, son image est très abîmée par rapport à 2017 et 2012", constate-t-il.

Le risque que tout s'écroule ou en tout cas s'essouffle est bel et bien là. De nouveaux écarts de conduite du leader insoumis pourraient "le refaire passer sous la barre des 10%", estime le politologue. Il pense également que la personnalité de Jean-Luc Mélenchon l'empêchera de s'envoler. "Il y a eu tellement d’incompréhensions cumulées que pour faire revenir vers lui certains citoyens, il faudra beaucoup travailler." Aussi, il aura du mal à apparaître comme le leader incontestable de la gauche et à rassembler autour de lui pour 2022. "Jean-Luc Mélenchon a construit sa stratégie sur la mise à mort du PS. Aujourd'hui, expliquer qu’il voudrait travailler avec dans une coalition, ça me semble difficile", juge Olivier Rouquan.


Justine FAURE

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