TF1 organise lundi 14 mars, à 20h20, "La France face à la guerre", une émission exceptionnelle où huit candidats à l'élection présidentielle partageront leur vision du conflit en Ukraine, de ses conséquences en France et de notre avenir.Pour l'occasion, nous rappelons ici leurs principales prises de position, du rapport avec la Russie à l'explosion des prix de l'énergie.
La guerre en Ukraine ne s'est pas simplement invitée dans la campagne présidentielle française : elle est devenue la colonne vertébrale des débats, à moins d'un mois du premier tour. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février, les candidats ont été contraints de se positionner à propos de ce conflit et de ses conséquences, certains ayant dû, à l'occasion, revoir leurs positions passées au sujet de la Russie.
Le conflit en Ukraine et ses répercussions en France seront au cœur de "La France face à la guerre", émission politique exceptionnelle organisée lundi 14 mars à 20h20 sur TF1, en présence de huit candidats à l'élection présidentielle : Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Fabien Roussel et Eric Zemmour.
Pour éclairer le débat, nous avons synthétisé ici les principales prises de position des candidats en amont du conflit et depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
Le rapport avec Vladimir Poutine et la Russie
L'une des questions récurrentes est celle des relations de la France, et au-delà de l'Europe - dont Emmanuel Macron assure la présidence tournante - avec la Russie de Vladimir Poutine à l'aune de cette guerre.
Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron plaide pour le maintien d'un dialogue avec la Russie. L'objectif premier était d'empêcher la guerre ; il est désormais, selon le président français, de limiter les conséquences dramatiques pour la population ukrainienne. À ce titre, la ligne n'a pas changé. "Je n’ai jamais cessé d’engager la discussion avec Vladimir Poutine", a-t-il fait valoir le 10 mars, en marge du sommet européen de Versailles. Tout en dénonçant la "guerre injuste" menée par le président russe, il a rappelé que l'objectif était "d'abord d'obtenir un cessez-le-feu, la fin de la guerre".
Trois candidats à la présidentielle sont pointés du doigt par leurs concurrents pour leur prises de position antérieures, réputées favorables à Vladimir Poutine. Eric Zemmour, qui "rêvait" en 2018 "d'un Poutine français" et qui jugeait, en juin 2021, qu'il faut "arrêter de faire de Poutine l'agresseur" car "c'est Poutine l'agressé", a largement corrigé son approche à l'aune du conflit. Il estime aujourd'hui que "la Russie est le seul agresseur" en Ukraine, tout en s'inquiétant que les sanctions ne "se retournent contre les Français". Marine Le Pen, visée, elle aussi, pour ses prises de position passées - elle avait rencontré le président russe en 2017 -, jugeait le 7 mars, sur LCI, que "le Vladimir Poutine d'aujourd'hui n'est pas celui d'il y a 5 ans", "condamnant" ses décisions, mais plaidant pour le maintien du dialogue. Jean-Luc Mélenchon, qui avait félicité le président russe pour le rôle de la Russie en Syrie en 2016, se revendique "non-aligné" vis-à-vis de Moscou comme de l'Otan, et plaide pour un renforcement des sanctions contre les oligarques.
Valérie Pécresse, qui prônait un dialogue "réaliste" avec la Russie avant le conflit, a soutenu le 10 mars l'hypothèse "d'un renforcement des sanctions contre le régime de Vladimir Poutine". La candidate LR dénonçait, le 4 mars, "les candidats qui ont prêté allégeance à Vladimir Poutine", "disqualifiés parce qu'ils sont sous influence d'une puissance étrangère qui amène le feu sur le continent européen".
Sur la même ligne de dénonciation et de sanctions, on trouve Yannick Jadot ou Anne Hidalgo. Cette dernière a fustigé, elle aussi, le discours de Jean-Luc Mélenchon "transformant les agresseurs en agressés", l'accusant de "faillite morale". "Je ne suis pas pro-Poutine, ni pro-Américains, je suis pro-paix", clamait de son côté Fabien Roussel sur Europe 1. Le candidat communiste a qualifié le président russe de "dictateur", tout en insistant sur le soutien à apporter à l'opposition russe.
La position à l'égard de l'Otan
Si l'Otan revient au premier rang à l'occasion du conflit ukrainien, la guerre a relancé le vieux débat français sur la participation au commandement intégré de l'organisation transatlantique. Emmanuel Macron, qui la jugeait "en état de mort cérébrale" en novembre 2019, à l'époque des fortes tensions avec la Turquie, a pourtant plaidé, dès les premières heures de l'invasion russe, pour l'organisation d'un sommet exceptionnel de l'Otan pour répondre à la crise. Le président sortant, qui privilégie la mise en œuvre d'une défense européenne, n'a jamais remis en cause la participation de la France au commandement intégré. Plusieurs centaines de soldats français ont d'ailleurs été envoyés dans les pays limitrophes de l'Ukraine, ainsi que des avions.
Idem pour Valérie Pécresse, qui estimait, le 10 mars, que la sécurité européenne repose sur "deux piliers" : l'Otan et la défense européenne. "Avec moi, la France restera dans le commandement intégré de l'Otan", a-t-elle assuré. C'est Nicolas Sarkozy, dont elle était ministre, qui a organisé en 2009 le retour de la France dans le commandement intégré. Ni Anne Hidalgo ni Yannick Jadot n'ont remis en cause, à ce jour, la participation de la France à l'organisation internationale. Le candidat écologiste jugeait toutefois, en novembre 2019, que l'Otan était "une coquille vide" et qu'elle avait vocation à laisser place à "une politique européenne de défense". Il refuse l'entrée de l'Ukraine dans l'Otan.
Fabien Roussel a plaidé à de nombreuses reprises pour la sortie de la France, en 2019 (conflit avec la Turquie), en 2021 (affaire des sous-marins australiens) et en janvier dernier (Ukraine). Pour autant, il a estimé, le 8 mars, que "la sortie de l'Otan n'est pas d'actualité", la priorité étant "d'abord de trouver la paix en Europe".
Jean-Luc Mélenchon a déclaré le 7 mars que l'Otan était "une organisation inutile", plaidant pour la sortie de la France et la construction "d'alliances altermondialistes qui partent de la nécessité de l'intérêt général humain". Marine Le Pen plaide aussi pour la sortie du commandement intégré (mais pas la sortie de l'Otan), jugeant que c'est la condition de "l'autonomie et l'indépendance de la France". Eric Zemmour estime aussi "qu'en sortant du commandement intégré, la France ne sera plus asservie aux États-Unis". Pour lui, la défense européenne est également "une chimère", comme il l'a expliqué le 10 mars sur TF1 et LCI.
La question des réfugiés ukrainiens
Faut-il accueillir les réfugiés ukrainiens sur le sol français ? Sur ce point, la réponse des candidats à la présidentielle est quasi unanime. Alors que 2,5 millions de personnes ont déjà fui le pays et que 50.000 à 100.000 personnes pourraient arriver prochainement sur notre territoire, Emmanuel Macron a promis, le 2 mars, que la France "prendrait sa part".
"Je suis fidèle à la tradition humaniste et chrétienne de la France", a aussi plaidé Valérie Pécresse, lors du débat sur LCI, le 10 mars. "Quand un peuple subit la guerre, il doit y avoir une autorisation temporaire de séjour dans notre pays." Le 3 mars, sur France 2, Marine Le Pen a déclaré qu'il était "parfaitement naturel que nous fassions preuve de solidarité", affirmant que "les réfugiés de guerre dépendent de la convention de Genève".
Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel et Yannick Jadot appellent aussi à accueillir les réfugiés, mettant en garde contre des discriminations en fonction de l'origine des populations cherchant refuge en Europe du fait d'une guerre dans leur pays. Anne Hidalgo, favorable à l'accueil, a mis en place, à Paris, une cellule de crise dédiée à l'arrivée des réfugiés et ouvert des centres d'accueil d'urgence ainsi qu'une école allophone pour les enfants ukrainiens.
À rebours, Eric Zemmour a jugé qu'il ne faudrait pas accueillir massivement des réfugiés en France. S'il admet un accueil "au cas par cas", il affirme que l'essentiel de ces réfugiés veut "aller en Pologne", pour rester proche des hommes restés en Ukraine afin de combattre l'armée russe. Il a également assuré qu'une part de ces populations ne sont pas d'origine ukrainienne, ce que ne confirment pas, dans ces proportions, les chiffres officiels.
Les mesures d'urgence contre la hausse des prix de l'énergie
Les effets de la guerre en France sont également au cœur de cette campagne. Face à l'explosion constatée du prix à la pompe, les candidats ont avancé plusieurs mesures d'urgence pour limiter ses effets.
Emmanuel Macron plaide pour un renforcement des mesures déjà prises à l'automne. En déplacement à Poissy, le 7 mars, il a défendu des aides pour les automobilistes, avec un nouvel effort sur l'indemnité kilométrique et sur l'indemnité inflation. Il veut aussi prolonger le gel des tarifs du gaz. Sur le plan international, il n'exclut pas de nouvelles sanctions contre la Russie remettant en cause l'importation de pétrole et de gaz, mais la décision sera prise à l'échelle européenne.
Sceptique à propos d'un embargo sur le pétrole et le gaz russe, qui pourrait "sanctionner lourdement les Français", Marine Le Pen veut "rendre du pouvoir d'achat en diminuant les taxes". Elle veut baisser la TVA sur l'énergie de 20% à 5,5%. Eric Zemmour propose de son côté un "blocage à la pompe à 1,8 euro le litre", comme il l'a expliqué jeudi sur LCI. "Il faut rembourser la moitié des frais kilométriques des 18 millions de Français qui prennent leur voiture", a-t-il aussi avancé. Valérie Pécresse préconise également, à court terme, "que les taxes puissent être reversées aux Français".
À gauche, Jean-Luc Mélenchon milite pour "le blocage des prix des carburants". "Jusqu'en 1986, tous les prix étaient contrôlés dans ce pays. Sous le général de Gaulle, tous les prix étaient fixés", argue-t-il. Partisan de l'embargo sur le pétrole et le gaz russe, Yannick Jadot propose de relever le montant du chèque-énergie à 400 euros pour les 6 millions de familles les plus en difficulté. Ce chèque permettrait de régler les factures d'électricité, mais aussi le plein d'essence.
Anne Hidalgo, favorable, elle aussi, à l'embargo sur le pétrole et le gaz russe, veut baisser "immédiatement la TVA sur l'essence à 5,5%". Enfin, Fabien Roussel promet de "baisser les taxes sur les carburants pour ne pas assigner les Français à résidence", et de "bloquer" les tarifs de l'électricité.
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