Huit candidats à l'élection présidentielle ont participé lundi 7 mars au débat "Face aux Françaises", à la veille de la Journée internationale des droits des femmes.Ils ont pu faire valoir leurs propositions face à un panel de lectrices du magazine "Elle", partenaire de LCI pour cette émission spéciale.En voici une synthèse.
Que proposent les candidats à l'élection présidentielle pour améliorer l'égalité femmes-hommes, lutter contre la précarité des femmes ou contre les violences sexuelles et sexistes ? Huit candidats, Marine Le Pen, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Valérie Pécresse, Emmanuel Macron, Eric Zemmour, Fabien Roussel et Anne Hidalgo ont pu développer leurs projets face à un panel de six lectrices du magazine Elle, partenaire de LCI.
Nous vous proposons ici une synthèse de leurs propositions, candidat par candidat.
Marine Le Pen
Pour améliorer la santé des femmes. "Les femmes ont des problèmes spécifiques, elles ont besoin d'avoir accès à des gynécologues et elles en trouvent de moins en moins. En France, il n'y en a pas dans 13 départements. Il faut qu'il y en ait partout. Je pense aussi que les sages-femmes doivent être plus nombreuses, que leurs salaires doivent être revalorisés".
"La santé des femmes recule dans notre pays. La mortalité infantile augmente en France, c'est peut-être la conséquence de la dégradation de la prise en charge des femmes dans notre pays", juge la candidate. Marine Le Pen propose également de rembourser intégralement la contraception, même au-delà de 25 ans.
Pour lutter contre la précarité. "Je veux augmenter le minimum retraite et le minimum vieillesse à 1000 euros. Par ailleurs, je double l'aide pour les familles monoparentales."
"J'ai fait du pouvoir d'achat la priorité de cette campagne. L'intégralité des mesures que je propose vise à rendre 150 à 200 euros par mois et par Français."
Yannick Jadot
Pour lutter contre le harcèlement de rue. Le candidat écologiste juge que le harcèlement de rue est "insupportable". Il propose notamment que "plus de policiers soient sur le terrain" et soient "formés" sur la question. Yannick Jadot propose également que les plaintes pour viol ou tentative de viol puissent être déposées "dans les hôpitaux ou les centres médicaux".
Pour rendre certains métiers plus accessibles aux femmes. Yannick Jadot regrette que certains métiers soient plus plébiscités par les hommes que par les femmes. "L'imaginaire de l'ingénieur est masculin", déplore-t-il. Il souhaite "faire en sorte que les métiers scientifiques et manuels soient également accessibles aux filles et aux garçons, avec des professionnelles qui viennent raconter leurs métiers" à l'école, avant le lycée.
Pour améliorer le congé parental. Pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes face au travail, Yannick Jadot propose de mettre en place un congé parental de "16 semaines pour les deux parents, dont 8 obligatoires". "C'est indispensable, une mesure d'apaisement dans la société", juge-t-il.
Jean-Luc Mélenchon
Pour lutter contre le cyberharcèlement. Pour Jean-Luc Mélenchon, "le cyberharcèlement est un phénomène nouveau, aucune génération politique n'a eu à s'y interroger jusqu'ici. Il faudra mettre en place une ample police du cyberespace".
"Je crois beaucoup à la place particulière de l'éducation. Il y a un problème dans l'éducation des garçons. Il faut valoriser les bons comportements, stigmatiser les mauvais. Ensuite, il y a la répression, qui doit être graduée."
Contre le harcèlement dans les transports, le candidat insoumis estime en outre que "ce qu'il nous manque partout, c'est la présence humaine. Il faut des référents en uniforme dans les trains".
Pour l'emploi des femmes. Jean-Luc Mélenchon promet que "tous les CDD de toute la fonction publique seront titularisés" dès qu'il sera élu.
Le candidat LFI veut également augmenter les salaires des femmes. "Je veux augmenter les salaires de 10%, puisque l'écart avec les hommes est de neuf points. Il y aura donc une prime de 10%."
Valérie Pécresse
Pour l'égalité des droits. La candidate des Républicains, Valérie Pécresse, prône "l'égalité des droits pour toutes les femmes". "J'ai dû me battre dans un parti un peu moins féministe que celui de Monsieur Mélenchon", admet-elle d'abord.
Pour lutter contre le harcèlement dans les transports. La présidente de la région Île-de-France assure qu'elle a pris en compte la question des "violences faites aux femmes avant l'arrivée de MeToo". Pour améliorer la sécurité des femmes dans les transports, Valérie Pécresse promet "six mois d'interdiction de transport pour les harceleurs". Elle propose en outre de "généraliser les distributeurs de protections périodiques gratuites dans les universités et les Crous", et de les taxer comme des biens de première nécessité, à 2,1%.
Pour l'exemplarité en politique. Si Valérie Pécresse est élue, un ministre suspecté d'agression sexuelle ne devra quitter son poste que s'il est mis en examen. "Aucun ministre mis en examen ne sera maintenu à son poste", assure-t-elle. "Même si c'est injuste, car mise en examen ne vaut pas condamnation, pour un gouvernement, c'est plus sain qu'il n'y ait pas d'interférence avec la justice. Si c'est juste une suspicion, je dis attention, il peut y avoir de fausses dénonciations."
Emmanuel Macron
Pour l'égalité des droits. "Je me suis engagé sur la grande cause du quinquennat, l'égalité femmes-hommes", défend Emmanuel Macron. "Il y a un bilan. Change-t-on une société en cinq ans ? Non. Si les Français me font confiance, la grande cause des cinq prochaines années sera encore l'égalité femmes-hommes".
Pour lutter contre le harcèlement. "Nous triplerons le montant de l'amende pour harcèlement", promet Emmanuel Macron. Qui ajoute : "Nous avons formé 90.000 policiers et gendarmes" sur ces sujets. "Nous allons doubler, à 4000, le nombre d'enquêteurs."
Pour lutter contre les violences conjugales. "Nous allons mettre en place un fichier des auteurs de violences conjugales", annonce le candidat. "Nous allons encore réduire les délais de prise en charge [des plaintes]. Ils sont passés de 32 jours à six jours. Nous mettrons en outre en place un système de plainte en ligne, et hors du commissariat, comme dans les hôpitaux."
Pour lutter contre les déserts médicaux. Emmanuel Macron promet de continuer à ouvrir des postes, via le numerus clausus, "pour former plus de médecins". "Nous allons lutter contre les déserts médicaux en régulant mieux l'installation des médecins et en permettant l'accès à un professionnel de santé quand le médecin n'est plus là."
En outre, le président sortant veut "continuer à développer les bilans de santé préventifs pris en charge à 100%, en particulier pour le dépistage du cancer du sein". Il veut également améliorer l'accès des femmes aux gynécologues, via des plateformes assurant le suivi.
Pour aider les parents isolés. "A 90%, ce sont des femmes qui élèvent seules leurs enfants", estime Emmanuel Macron. "Dans beaucoup trop de cas, on avait des pères qui ne payaient pas leur pension. Maintenant, on va automatiser le paiement par la CAF. La CAF va prendre la médiation et faire le virement."
Il veut en outre "qu'on puisse beaucoup mieux aider la garde des enfants". Pour cela, il compte "mettre en place un droit à la garde : on vous propose un système d'assistante maternelle ou de crèche, ou une alternative." Ce système de garde sera proposé jusqu'à 12 ans pour les familles monoparentales, précise le candidat.
Eric Zemmour
Pour l'emploi des femmes. Interrogé sur son absence de propositions pour les femmes - en dehors de la natalité - dans son programme, Éric Zemmour se défend. "Autour de moi, il y a des femmes de pouvoir qui ne refuseraient pas de travailler avec un misogyne", assure-t-il. "Il faut donner aux femmes le choix de vivre ce qu'elles veulent, concilier le fait de travailler et d'être mères."
Éric Zemmour ne propose, par exemple, pas de mesure pour améliorer l'égalité salariale entre les hommes et les femmes. "Il y a déjà des mesures dans le cadre actuel", affirme-t-il. Selon le candidat, "l'essentiel des différences de salaires, c'est parce qu'elles ne choisissent pas les mêmes métiers".
Pour la scolarité des filles. "Avec mon programme sur l'école, j'estime que les femmes auront encore plus de chances qu'avant", assure Éric Zemmour. "Je propose une école de l'excellence, du mérite, où les filles pourront montrer leurs talents et leurs qualités."
Pour lutter contre les violences conjugales. Eric Zemmour se déclare "favorable à une plus grande fermeté", et propose le "retour des peines planchers" ou encore la "perpétuité réelle". Si est élu, des "permanences d'avocats pour aider les victimes" seront créées dans les commissariats.
Anne Hidalgo
Pour lutter contre les violences conjugales. Anne Hidalgo s'en prend au bilan d'Emmanuel Macron, estimant que "cela fait cinq ans que les associations se battent, réclament des moyens et ne les obtiennent pas". "Je propose", dit-elle, "1 milliard d'euros, une législation calée par exemple sur ce que l'Espagne propose : il faut des lieux d'accueil, et que la justice aille beaucoup plus vite".
Pour l'égalité salariale. La candidate socialiste estime que "les salaires sont trop faibles en France, notamment pour les femmes qui sont dans les emplois les moins bien rémunérés". Elle propose "15% d'augmentation du Smic et d'engager un travail sur l'égalité salariale dans les entreprises", via "une négociation interprofessionnelle et branche par branche".
"L'égalité salariale doit être totale", insiste la candidate. "Je propose que l'on inverse la charge de la preuve. Aujourd'hui, c'est très compliqué pour une femme discriminée sur son salaire de le prouver. Ce sera à l'employeur de justifier qu'il paye à salaire égal un homme et une femme."
Anne Hidalgo veut également augmenter le minimum contributif à 1200 euros et souhaite créer "une carte pour les familles monoparentales, équivalente à celle des familles nombreuses".
Pour améliorer l'accès à l'IVG. "Ce droit fondamental doit pouvoir être constitutionnalisé", estime la candidate socialiste. "Je pense que le droit à l'avortement dans notre pays n'est pas menacé. Mais il faut dire que ce droit est fondamental. Il faut rendre ce droit plus concret".
Fabien Roussel
Pour l'égalité salariale. Le candidat du Parti communiste, Fabien Roussel, veut mettre le paquet pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes. "Si à un moment donné, on ne dit pas qu'il est insupportable que les femmes gagnent moins que les hommes, on en a encore pour dix ans", estime-t-il. "Nous allons y remédier, et pas dans cinq ans. On accompagne les entreprises pour l'augmentation des salaires, mais on le fait. Et cela doit être une obligation."
Pour la féminisation de certains métiers. Fabien Roussel regrette que certains métiers, notamment dans l'industrie, soient peu prisés par les femmes. "Il faut que ces métiers soient beaucoup mieux rémunérés", défend le candidat du PCF. "Ce sont de beaux métiers. S'ils étaient avec des horaires adaptés - c'est pour cela que je parle de la semaine de quatre jours - et mieux rémunérés, on les rendrait plus attractifs."
Pour améliorer la parité. "Si je suis élu président de la République, il y aura un gouvernement à parité", promet Fabien Roussel, qui mettra également en place "un ministère dédié à l'égalité femmes-hommes et à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes". Et pour Matignon ? Il nommera un Premier ou une Première ministre "en fonction de la majorité à l'Assemblée", indique-t-il.
Pour lutter contre la prostitution. Fabien Roussel propose d'abolir la prostitution. "En s'attaquant à cela, on s'attaquera aux réseaux qui font de la pornographie en accès libre", assure-t-il. "Préservons nos enfants. Sur la marchandisation du corps, je suis intransigeant."
Pour lutter contre les violences conjugales. Fabien Roussel entend répondre aux demandes des organisations au sujet de la lutte contre les violences conjugales. "Les associations réclament un milliard d'euros pour investir dans l'hébergement, prendre en charge les hommes violents, mettre en place les tribunaux spéciaux, former des policiers", assure le candidat du PCF. "Il y a un milliard à mettre, dès le premier budget."