Présidentielle : que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur la démocratie et les institutions ?

par Maëlane LOAËC
Publié le 13 avril 2022 à 19h28, mis à jour le 14 avril 2022 à 10h52

Source : TF1 Info

À l'heure d'une forte abstention, les deux finalistes confrontent leurs visions pour relancer la vitalité démocratique.
Des référendums au vote à la proportionnelle en passant par une réforme du mandat présidentiel, Emmanuel Macron et Marine Le Pen partagent certaines propositions mais proposent différentes mises en œuvre.

Lors du premier tour du scrutin présidentiel, plus d'un Français sur quatre a boudé les urnes. Même si le record historique de 2002, avec quelque 28% d'abstention, n'a pas été atteint, la désertion des bureaux de vote inquiète les candidats. Ils avaient déjà rivalisé de propositions pour renforcer la démocratie et le lien entre citoyens et élus juste avant le premier tour. Dans l'entre-deux-tours, la réforme des institutions est au cœur de la bataille électorale entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Le référendum : un outil central pour Marine Le Pen, envisageable pour Emmanuel Macron

"Les citoyens doivent participer à la prise de décision dans les cinq prochaines années", lançait début mars le président-candidat. Quelques jours plus tard, il indiquait vouloir lancer "un nouveau grand débat", comme il l'a fait en janvier 2019 à la suite du mouvement des Gilets Jaunes, mais cette fois "permanent", sans avancer plus de détails. 

À l'occasion d'un déplacement à Mulhouse, mardi 12 avril, il a indiqué par ailleurs que les référendums constituaient "un instrument qui peut être utilisé". Lundi, il a affirmé sur BFMTV "ne pas exclure" l'idée d'un référendum, "pour quelque réforme que ce soit".

La candidate RN souhaite de son côté lancer une "révolution référendaire" : elle espère obtenir une révision de la Constitution pour notamment y faire entrer le principe de "priorité nationale" et la primauté du droit national sur le droit international, assurant qu'elle peut se passer du contrôle du Parlement et du Conseil constitutionnel, ce que contestent des juristes

La candidate d'extrême droite souhaite par ailleurs instaurer un référendum d'initiative citoyenne (RIC) : dès que 500.000 électeurs se rassemblent, ils pourront proposer un référendum pour soumettre un projet de loi ou abroger un texte déjà voté. "Le peuple est souverain, c’est lui qui décide", a-t-elle commenté mardi dans le 20H de TF1, y voyant "une manière de réparer la démocratie qui a été abîmée par Emmanuel Macron".

La proportionnelle à l'Assemblée sur la table, mais avec différentes modalités

Les deux finalistes se sont aussi positionnés au sujet de la démocratie représentative, en particulier l'instauration d'une proportionnelle à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire l'attribution de sièges selon le nombre de voix obtenues, contre un scrutin majoritaire aujourd'hui. 

"Je pense qu'on peut aller jusqu'à la proportionnelle intégrale : je n'y suis pas opposé en ce qui me concerne", a avancé le président sortant sur France 2, mercredi. Jusqu'alors, il proposait uniquement une "dose de proportionnelle" qui monterait à "20% des parlementaires". Lors de sa précédente campagne en 2017, il avait déjà promis une part de proportionnelle aux législatives dans le cadre d'une grande réforme constitutionnelle, censée dynamiser la démocratie, mais qui n'avait pas abouti, faute de consensus avec l'opposition puis étouffée par les crises successives. Mais Emmanuel Macron souhaite encore la création d'une "commission transpartisane" pour "faire cheminer cette réforme".

Quant à son adversaire, elle mise sur un vote à la proportionnelle pour "au moins deux tiers des députés", tandis que le tiers restant conserverait une "prime majoritaire" pour éviter une instabilité dans l'Hémicycle. Ce système permettrait, selon Marine Le Pen, une "représentation des sensibilités qui s’expriment dans le pays", a-t-elle affirmé mardi, elle qui regrette un manque de sièges pour son parti au Parlement : seulement "huit parlementaires sur 925"

Le retour au septennat, une proposition commune et quelques divergences

La candidate du RN milite aussi pour l'instauration d'un septennat non renouvelable. Le mandat du président de la République était passé de sept à cinq ans à partir de l'élection présidentielle de 2002, après un "oui" écrasant lors d'un référendum deux ans plus tôt. Selon elle, cette mesure "rendra à la fonction présidentielle son prestige, et au président sa capacité d'une action longue" et permettra de le "débarrasser d'une obligation de campagne électorale permanente".

Emmanuel Macron s'est aussi dit "plutôt favorable" au retour au septennat, "un bon rythme pour la présidentielle", selon lui. Il a affirmé auprès du Point qu'"un septennat avec des midterms (élections de mi-mandat américaines, NDLR) séparerait par exemple mieux l’exécutif gouvernemental de la part d’exécutif présidentiel", précisant qu'il s'agissait de "réflexions libres" et non d'une proposition de campagne. "Le septennat me paraissait être une bonne option, mais il ne vaudra pas pour le mandat qui vient", a-t-il toutefois nuancé sur France 2 ce mardi.

Contrairement à Marine Le Pen, il ne souhaite pas, par ailleurs, que ce mandat soit non renouvelable : "Quand on croit à la souveraineté populaire, je ne vois pas pourquoi on dirait aux gens que c'est impossible de renouveler. On peut le limiter dans le temps, mais le limiter à une fois, c'est étrange", a-t-il justifié. 


Maëlane LOAËC

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